L'Iran a exécuté lundi un membre de la communauté juive du pays à la suite de sa condamnation pour meurtre, selon une ONG, dans un contexte de tensions croissantes entre Israël et la République islamique.
Arvin Ghahremani a été pendu dans une prison de la ville de Kermanshah, dans l'ouest de l'Iran, après avoir été reconnu coupable d'un meurtre commis au cours d'une bagarre de rue, selon Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège.
"Au milieu des menaces de guerre avec Israël, la République islamique a exécuté Arvin Ghahremani, un citoyen juif iranien", a déclaré le directeur de l'IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam, ajoutant que le dossier judiciaire comportait d'"importantes failles".
"Arvin était juif et l'antisémitisme institutionnalisé dans la République islamique a sans aucun doute joué un rôle crucial dans l'exécution de sa peine", a-t-il ajouté.
Selon l'ONG, Arvin Ghahremani était accusé d'avoir tué un homme dans une bagarre de rue il y a deux ans. Sa famille affirme qu'il se défendait contre une attaque au couteau.
Sa mère avait demandé qu'il soit gracié et sa famille avait exhorté celle de la victime à accepter une compensation financière prévue par la loi iranienne (qesas).
Le site web Mizan Online du pouvoir judiciaire iranien a confirmé l'exécution, précisant que la famille de la victime avait "refusé de donner son consentement" à un tel accord.
Le site, qui n'évoque pas la confession du condamné, affirme que le meurtre, survenu en novembre 2022, était lié à une querelle d'argent. Les avocats de Ghahremani ont réclamé à trois reprises un nouveau procès, en vain.
Les différentes sources, contradictoires, le décrivent comme ayant entre 18 et 21 ans au moment des faits.
Les juifs en Iran
La communauté juive, autrefois importante en Iran, pays dominé par l'islam chiite, s'est réduite depuis la révolution islamique de 1979. Mais elle reste la plus importante du Moyen-Orient, hors d'Israël.
Elle était estimée ces dernières années à quelque 20.000 personnes. Mais le dernier rapport du Département d'État américain sur la liberté religieuse a fait état de 9.000 juifs encore présents en Iran, citant les chiffres du Comité juif de Téhéran, organisation officielle.
Téhéran rejette pour autant toute accusation d'antisémitisme, affirmant que la communauté juive est reconnue par la Constitution, jouit de la liberté de culte et dispose d'un député élu au Parlement pour les représenter.
Si des Iraniens juifs ont été exécutés au lendemain de la révolution, l'exécution d'un Iranien juif est sans précédent ces dernières années et intervient au cœur de tensions extrêmes entre l'Iran et Israël ces derniers mois.
Selon IHR, au moins 654 personnes ont été exécutées depuis le début de l'année, dont 166 pendant le mois d'octobre. Des chiffres interprétés par les mouvements d'opposition comme une tentative d'intimidation des adversaires du régime.
Frappes et ripostes
Le 26 octobre, des avions de combat israéliens ont mené des frappes sur des sites militaires en Iran, en représailles aux tirs de missiles iraniens contre Israël le 1ᵉʳ octobre.
L'Iran a fait état de "dégâts limités" et de quatre militaires et un civil tués, mais plusieurs experts contactés par l'AFP avaient évoqué des frappes précises et efficaces sur les capacités défensives et offensives de Téhéran.
L'Iran avait lui-même présenté son attaque du 1ᵉʳ octobre comme une riposte à l'assassinat de dirigeants des mouvements islamistes Hezbollah au Liban et Hamas dans la bande de Gaza ces derniers mois.
Ces deux mouvements sont des alliés de l'Iran, au sein de ce que celui-ci appelle "l'axe de la résistance" contre Israël, avec les rebelles houthis du Yémen et les groupes chiites pro-iraniens basés en Irak et en Syrie.
Les tensions Israël / Iran ont poussé Washington à déployer dans la région des bombardiers stratégiques B-52, manœuvre jugée "déstabilisatrice" lundi par le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï.
L'Iran ne reconnaît pas l'existence d'Israël et des drapeaux israéliens sont régulièrement brûlés lors de manifestations.
Avec Stuart WILLIAMS / AFP
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