Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, a demandé des explications à l’armée libanaise concernant l’opération israélienne de débarquement sur la côte de Batroun et l’enlèvement d’Imad Amhaz, présumé par Israël être un cadre important du Hezbollah. Cheikh Qassem précise qu’il ne souhaite, pour l’instant, lancer aucune accusation formelle.
Dans un échange de bons procédés, l’armée libanaise pourrait également demander, à son tour, au Hezbollah les raisons qui ont poussé ce dernier à entraîner le Liban dans cette guerre contre Israël, impliquant ainsi l’ensemble des Libanais. Une guerre dont le début est connu, mais dont on ignore quelle en sera l’issue. Chaque Libanais a donc le droit de demander des comptes au Hezbollah sur les motivations de son engagement, en espérant que ni l’armée ni les citoyens n’auront à subir des accusations de trahison pour avoir osé poser de telles questions.
En comparant les conséquences de l’opération de Batroun avec celles de l’implication dans cette guerre, on se rend compte que cet incident n’est qu’un détail insignifiant face aux désastres qui ont frappé le Liban à la suite de cette guerre de soutien. L’opération de Batroun n’est qu’une conséquence directe de cette guerre dans laquelle le Hezbollah a choisi de s’engager. Sans ce conflit, Imad Amhaz serait probablement encore au Liban, poursuivant sa carrière de capitaine maritime, comme il a été rapporté.
Nul ne peut comparer l’incident de Batroun aux nombreuses opérations militaires et de renseignement menées par Israël contre le Hezbollah et la République islamique. Il suffit de rappeler les assassinats menés par le Mossad en Iran, les récentes frappes sur les défenses aériennes et usines de production de missiles balistiques, les assassinats de dirigeants du Hezbollah, ou encore le sabotage des dispositifs de communication (pagers) pour mesurer l’ampleur de cette infiltration.
Partant, les Libanais ont parfaitement le droit de se demander pourquoi Israël occupe davantage notre territoire alors que nous étions sur le point de récupérer ce qui nous appartient. Pourquoi les villages et villes du sud, de la Békaa, ainsi que la banlieue sud de Beyrouth, prospères et développés, où leurs habitants avaient investi dans la reconstruction, ont-ils été réduits en ruines? Pourquoi les habitants de ces régions, qui vivaient dignement dans leurs maisons, ont-ils été déplacés et vivent-ils aujourd'hui dans l'incertitude? Pourquoi tous ces gens ont-ils perdu la vie, eux qui nourrissaient des projets pour leur avenir et celui de leurs enfants, et aspiraient à une vie qui leur a été brutalement arrachée? Pourquoi ces blessés doivent-ils porter les stigmates de cette guerre pour le restant de leurs jours, devenant des témoins vivants de cette tragédie? Pourquoi les élèves ont-ils été privés de leur année scolaire alors qu’ils devraient, comme tous les jeunes du monde, pouvoir étudier et s’épanouir? Pourquoi le Liban tout entier est-il plongé dans un véritable enfer, sans savoir d’où viennent les flammes qui consument le peu qu’il reste de l’économie, des ressources et des talents? Pourquoi chaque Libanais capable de fuir ce champ de bataille cherche-t-il à partir, souvent sans espoir de retour?
Notre devoir national nous impose de poser ces questions, tout en sachant que nous n’obtiendrons aucune réponse. Aucune justification logique ou rationnelle ne peut expliquer ce qui s’est passé, ni ce qui nous attend. Et pourtant, nous entendrons encore et toujours la même rengaine: “Cette guerre est un complot, et si nous ne l’avions pas affrontée, elle serait quand même venue jusqu’à nous.”
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