L'ombre de Trump plane sur un sommet à Ryad consacré à la crise au Moyen-Orient
Une photo fournie par l'Agence de presse saoudienne SPA le 10 novembre 2024, montre le vice-gouverneur saoudien de la région de Ryad, le prince Mohammed bin Abdulrahman bin Abdulaziz (R) accueillant le Premier ministre libanais sortant Najib Mikati (C) à son arrivée à Ryad, un jour avant le sommet extraordinaire conjoint des dirigeants de l'Organisation de la coopération islamique et de la Ligue des États arabes. ©Photo by SPA / AFP

Des dirigeants de pays arabes et musulmans participent lundi à un sommet en Arabie saoudite consacré à la situation au Moyen-Orient, une occasion de présenter au président élu Donald Trump une position commune susceptible d'influencer la politique américaine dans la région, estiment des experts.

Ce sommet réunit des membres de la Ligue arabe, organisation panarabe réunissant 22 pays, et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), organisation panislamique regroupant plus de cinquante États musulmans.Les participants discuteront "de l'agression israélienne continue dans les territoires palestiniens et au Liban" et des développements régionaux, a déclaré dimanche l'agence officielle saoudienne SPA.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal bin Farhan, avait appelé à la tenue de ce sommet fin octobre durant une réunion à Ryad sur la création d'une nouvelle "alliance internationale" visant à encourager l'établissement d'un État palestinien.

La réunion de lundi survient un an après un sommet similaire à Ryad de la Ligue arabe, basée au Caire, et de l'OCI, basée à Jeddah, lors duquel les dirigeants arabes et musulmans avaient qualifié de "barbares" les actions d'Israël à Gaza.

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait cette fois-ci occuper une place centrale dans les discussions, affirme Anna Jacobs du groupe de réflexion International Crisis Group.

"Ce sommet représente une occasion importante pour les dirigeants de la région de montrer à la future administration Trump ce qu'ils attendent des États-Unis", dit la chercheuse à l'AFP.

"Le message sera probablement axé sur le dialogue, la désescalade et la dénonciation des campagnes militaires israéliennes dans la région", a-t-elle ajouté.

"Compter sur les Saoudiens"

Sous le mandat du président américain sortant Joe Biden, Washington est resté le principal soutien militaire d'Israël.

Lors de son premier mandat, Donald Trump avait multiplié les gestes en faveur d'Israël en soutenant les colonies israéliennes en Cisjordanie, illégales au regard du droit international.

Il avait également transféré l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, brisant ainsi la neutralité historique de la communauté internationale sur le statut de cette ville et compromettant les espoirs de l'établissement d'un État palestinien.

Il avait aussi contribué à la normalisation des liens entre Israël et plusieurs pays arabes, dont Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Maroc, avec les accords d'Abraham.

L'Arabie saoudite ne leur a pas emboîté le pas, ce qui n'a pas empêché M. Trump de continuer à renforcer ses liens économiques avec la riche monarchie du Golfe sous la présidence Biden, notamment via son conglomérat, la Trump Organization.

Ryad a mis en suspens des négociations pour renforcer ses liens sécuritaires et économiques avec Washington en échange de sa reconnaissance d'Israël, insistant qu'il n'y aurait pas de liens diplomatiques sans la "création d'un État palestinien".

Selon Umer Karim, expert en politique saoudienne de l'université de Birmingham, au Royaume-Uni, Ryad veut dire à M. Trump qu'il "peut compter sur les Saoudiens en tant que représentants du monde musulman".

"S'il veut étendre les intérêts américains dans la région, c'est sur l'Arabie saoudite qu'il faut miser", assure-t-il à l'AFP.

L'OCI et la Ligue arabe incluent des pays qui reconnaissent Israël et d'autres fermement opposés à son intégration régionale.

Le sommet de l'année dernière a été marqué par des divergences sur des mesures telles que la rupture des liens économiques et diplomatiques avec l'État israélien.

M. Karim a également souligné que la participation du président iranien Ebrahim Raïssi à la réunion de novembre 2023 illustrait l'évolution de la diplomatie régionale depuis le dernier mandat de M. Trump.

En mars 2023, Ryad et Téhéran, ont mis fin à sept ans de brouille diplomatique grâce à un rapprochement négocié sous l'égide de la Chine.

Dimanche, la presse d'État iranienne a annoncé que le chef d'état-major de l'armée saoudienne avait rencontré des responsables iraniens à Téhéran, à l'occasion d'une rare visite d'un militaire de haut rang saoudien en Iran.

Par Robbie COREY-BOULET, AFP

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