Lors de la récente signature de son livre JML NYC 02-23 au Grand Palais à Paris, dans le cadre de Paris Photo, le photographe Joseph Michael Lopez a partagé avec Ici Beyrouth la philosophie de son œuvre.
Les images du photographe Joseph Michael Lopez, qui vient de signer son ouvrage JML NYC 02-23 au Grand Palais à Paris, dans le cadre de Paris Photo, capturent l’essence intemporelle des liens humains, comblant les espaces vides de sens et saisissant une beauté éphémère. Avec son Leica, il encadre des moments qui évoquent des souvenirs et stimulent l’imagination, insufflant aux photographies un langage qui dépasse les mots. Chargée d’émotion, son œuvre parle un langage universel, reliant l’intérieur du photographe et l’extérieur du monde, comme une ode à la vie.
Pour Joseph Michael Lopez, la photographie est une expression profondément personnelle, empreinte d’émotion. En évoquant son processus artistique, il explique: "La photographie est mon véritable langage, celui en lequel j’ai confiance. Grâce à elle, j’ai trouvé la clarté et un moyen de communiquer. C’est l’intersection entre ce que j’ai en moi et le monde extérieur; l’appareil devient mon médiateur." Son art est, en essence, un dialogue continu entre son monde intérieur et ses expériences. Décrivant son approche, il poursuit: "J’impose un cadre, je pointe, je questionne, je célèbre la vie, je cherche des réponses. À travers 25 ans d’engagement, la photographie m’a rendu meilleur."
Le parcours de Joseph Michael Lopez vers la photographie s’est fait progressivement, comme une évidence. Mais comment tout cela a-t-il commencé? "Tout a commencé comme une obsession. À l’école de cinéma, j’ai réalisé que pour communiquer à travers le film, je devais d’abord maîtriser techniquement l’appareil pour comprendre le langage du cadre." Il a consacré deux ans à étudier l’enregistrement sonore, la mécanique de l’image en mouvement, et surtout l’art du cadrage. Sa passion pour l’image l’a rapidement amené à photographier sa propre vie, immortalisant son frère à travers son objectif. Sa percée s’est produite lorsqu’il est devenu assistant d’un photographe renommé à New York, où il a commencé à absorber la culture visuelle de la ville tout en développant son propre style artistique.
En décrivant son approche de la photographie, Joseph Michael Lopez la considère à la fois comme une expression de soi et un reflet du monde, façonnée par ses intentions et le moment. Il explique: "La photographie, c’est comme un théâtre. C’est une impulsion, une obsession, parfois un mécanisme de survie, voire une forme de psychanalyse. Elle peut être un miroir de moi-même ou une fenêtre ouverte sur le monde." Son œuvre tire son inspiration de nombreuses sources: "la vie, la beauté, le mouvement, la gentillesse, l’empathie, les enfants, les pères, les familles." Son nouveau livre reflète ces thèmes, capturant des portraits de rue, la vie urbaine et les traces mystérieuses laissées par l’intervention humaine. "Le livre est en soi un geste qui dit: 'J’étais là. J’ai aimé, j’ai perdu, j’ai appris’."
Le langage visuel de Joseph Michael Lopez possède une qualité cinématographique, influencée par ses premières études en cinéma et ses années comme assistant photographique. Son appareil Leica, qui l’accompagne depuis des décennies, est au cœur de son processus créatif. "Je me fixe des limites avec imagination et cohérence, en me liant à un seul outil", explique-t-il. "Quand on joue de l’harmonica depuis longtemps, on est en harmonie avec l’instrument, il fait partie de soi." En se consacrant à cet unique outil, il permet à sa créativité de s’épanouir dans des limites définies, produisant des images à la fois spontanées et minutieusement travaillées.
L’une des images principales de Joseph Michael Lopez, prise en 2002, représente un jeune homme soufflant de la fumée vers son amie. Elle saisit un instant d’intimité poétique qui en est venu à définir son style. "Je ne savais pas alors que cela deviendrait l’un de mes travaux les plus renommés", se souvient-il. Cette capacité à trouver l’extraordinaire dans le quotidien définit son approche, construisant un corpus qui célèbre la subtilité et la profondeur émotionnelle.
Joseph Michael Lopez souligne également que son travail ne vise pas à défendre des causes précises. Son objectif est d’observer et de documenter l’humanité telle qu’elle est. "Je n’ai pas de grande mission comme sauver les enfants ou m’engager pour le changement climatique." Pour lui, la photographie consiste parfois à "voler des instants" et d’autres fois à "créer la confiance" avec ses sujets, avant de les "mettre en scène". Son travail s’enrichit de recherches sociales sur des thèmes comme la justice et la santé reproductive des femmes, ajoutant des couches de sens qui dépassent la surface.
Dans son livre récemment publié, JML NYC 02-23, Joseph Michael Lopez explore divers thèmes, des portraits spontanés aux images qui dévoilent des histoires invisibles nichées dans les structures urbaines. Son objectif est de laisser une empreinte, de susciter la curiosité et, peut-être, d’inspirer les autres à se découvrir. Interrogé sur le sujet qu’il choisirait s’il devait capturer la seule et ultime photo de sa vie, il désigne la femme discrètement assise auprès de lui et répond: "Cette femme. Ma femme, la belle Simona."
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