L'importation de biens essentiels en ces temps de guerre représente un défi logistique et économique majeur pour le Liban. Les entreprises importatrices, confrontées à des coûts exorbitants et à des risques accrus lors du transport, sont affectées, surtout qu’elles sont déjà fragilisées par plusieurs crises successives.
Voilà environ deux mois que le conflit entre Israël et le Hezbollah s’est intensifié, faisant planer une inquiétude constante concernant une éventuelle fermeture de l’aéroport et du port qui pourrait priver les Libanais de l’accès aux produits alimentaires, matières premières, carburants et médicaments. De plus, l'instabilité désormais notoire du Liban dissuade quelque peu les partenaires commerciaux étrangers, ce qui nuit aux importations libanaises. De nombreuses entreprises étrangères ont ainsi interrompu leurs échanges avec le Liban par peur des risques sécuritaires et financiers. Rappelons dans ce cadre que les importateurs sont obligés de payer la totalité de la facture à l’émission de la commande.
Pourtant, le président du syndicat des importateurs de produits alimentaires, véritable baromètre des importations, Hani Bohsali, se veut rassurant. Il persiste et signe: "Le Liban a des stocks de vivres pour trois mois", précisant que les importations se poursuivent normalement et que l’arrivage des produits est régulier. Néanmoins, il avoue que logistiquement, “c’est un cauchemar”. Les bombardements ayant désormais lieu pendant la journée, les voitures de livraison tout comme les employés qui en sont à bord courent des risques en allant à l’aéroport récupérer la marchandise. “Nous faisons face à beaucoup de défis et de problèmes d’organisation”, dit-il.
Il rappelle que tant que l’aéroport et le port sont fonctionnels, les importations ne sont pas en danger. M. Bohsali note que l’aéroport est très important parce que c’est à travers lui que sont délivrés les documents permettant le dédouanement des marchandises. Lors du blocus de 2006, ceci avait été contourné en présentant des copies, mais il affirme que cette procédure n’est pas légale. M. Bohsali indique également que l’aéroport est vital pour l’importation de produits frais.
Pour ce qui est des commandes de Noël, il explique qu’elles dépendent des commerçants. Certains ont joué la carte de la prudence en commandant moins de marchandises, surtout pour les produits typiques des fêtes de fin d’année, mais il affirme que les commandes de produits alimentaires habituels sont stables.
M. Bohsali rappelle que les commandes de produits qui arrivent par navires se font généralement trois mois à l’avance, assurant que dès à présent les commandes pour le Ramadan et le Carême ont débuté, surtout que certaines consommations bondissent comme les boîtes de thon durant ces périodes.
Le président du syndicat des propriétaires de supermarchés, Nabil Fahed, abonde dans le même sens et assure à Ici Beyrouth que la marchandise arrive normalement. Les produits alimentaires habituels, tout comme ceux pour Noël (chocolats, calendriers de l’Avent, décorations), sont en train d’être déchargés régulièrement. Pour ce qui est des produits dits de luxe tels que les dindes, les fromages fins, la charcuterie, M. Fahed assure qu’ils sont déjà exposés dans les rayons. Il indique que les supermarchés préparent les fêtes avec un espoir de retour à la normale. Si la situation reste telle quelle et que quelques expatriés viennent, la saison devrait se passer plus ou moins normalement. “Nous organisons comme si tout devait être normal”, conclut-il.
Le président de l’Association des commerçants de Beyrouth, Nicolas Chammas, indique, de son côté, à Ici Beyrouth, que pour les importations, la tendance générale est quasiment la même, avec de moindres volumes pour l’habillement. Il déplore néanmoins de véritables retards dans les livraisons aériennes, vu qu’il n’y a plus que la MEA qui dessert l’aéroport de Beyrouth, ce qui implique une liste d’attente assez longue.
Du côté de l’ameublement et des objets de décoration, le CEO de Farra Design, Ronald Farra, affirme que la situation des importations est plus ou moins normale, avec évidemment moins de commandes.
Pour ce qui est du carburant, le président du syndicat des importateurs de carburant, Maroun Chammas, assure à Ici Beyrouth que la situation est toujours la même, le stock de carburants étant disponible pour environ 20 jours. Néanmoins, il souligne que les primes d’assurance ont augmenté d’une façon assez importante, de l’ordre d’environ 8 dollars par tonne. Il révèle, dans ce cadre, mener des discussions avec le ministère de l’Énergie afin d’ajuster le prix à la vente en conséquence.
En ce qui concerne la santé, les importations de produits médicaux pourraient être en péril si l’aéroport venait à fermer, or le président du syndicat des importateurs de produits pharmaceutiques, Joe Ghorayeb, rassure: "La situation depuis le début de l’extension du conflit n’a pas changé et les stocks actuels de médicaments sont suffisants pour environ 5 mois.”
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