L'AIEA à Téhéran: la diplomatie plutôt que l'escalade
Cette photo diffusée par l'Organisation iranienne de l'énergie atomique montre son porte-parole Behrouz Kamalvandi (à droite) rencontrant le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Mariano Grossi à son arrivée à Téhéran le 13 novembre 2024. ©Organisation de l'énergie atomique de l'Iran / AFP

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi est arrivé mercredi à Téhéran pour des discussions sur le programme nucléaire de l'Iran, perçues comme une des dernières chances pour la diplomatie avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Le président élu des États-Unis a été durant son premier mandat (2017-2021) artisan d'une politique dite de “pression maximale” à l'encontre de l'Iran et a notamment rétabli de lourdes sanctions contre Téhéran.

Rafael Grossi s'est entretenu mercredi soir à Téhéran avec Behrouz Kamalvandi, le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), selon des images de la télévision d'État iranienne.

M. Grossi doit rencontrer jeudi le chef de l'OIEA, Mohammad Eslami.

Il doit également rencontrer le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qui a été le négociateur en chef des pourparlers sur le nucléaire entre Téhéran et les grandes puissances.

En 2015, l'Iran et plusieurs pays incluant les États-Unis avaient conclu à Vienne un accord, après 21 mois de négociations.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions internationales visant l'Iran, en échange de garanties que le pays ne cherche pas à acquérir l'arme atomique.

Téhéran a toujours farouchement démenti avoir de telles ambitions sur le plan militaire.

Trois ans plus tard, Donald Trump, alors président, avait retiré unilatéralement les États-Unis de l'accord et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran.

Recherche de solutions

Depuis, le pays a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies à 60%, proches des 90% nécessaires pour élaborer une arme atomique, selon l'AIEA.

L'accord sur le nucléaire plafonnait ce taux à 3,65%.

“Ce sont les États-Unis, pas l'Iran qui ont quitté l'accord” sur le nucléaire, a relevé mercredi la porte-parole du gouvernement iranien, Fatemeh Mohajerani.

“M. Trump a essayé la voie de la pression maximale et a vu que cette voie ne fonctionnait pas”, a estimé cette porte-parole.

C'est dans ce contexte que M. Grossi revient en Iran après une première visite cette année au mois de mai.

Ce déplacement intervient après les déclarations du nouveau ministre de la Défense d'Israël - ennemi juré de l'Iran - qui a prévenu que Téhéran était “plus exposé que jamais à des frappes sur ses installations nucléaires”.

“Les marges de manœuvre commencent à rétrécir” pour l'Iran, a prévenu mardi M. Grossi dans un entretien à l'AFP, ajoutant qu'il était “impératif de trouver des moyens pour arriver à des solutions diplomatiques”.

Décret religieux

Les Iraniens “disposent d'un nombre important de matières nucléaires qui pourraient être utilisées pour fabriquer une arme nucléaire”, a par ailleurs déclaré M. Grossi dans une interview à la chaîne américaine CNN.

Mais “ils n'ont pas d'arme nucléaire à ce stade”, a précisé le chef de l'AIEA.

Le président iranien, Massoud Pezeshkian, qui souhaite un allègement des sanctions contre son pays pour relancer l'économie, est favorable à de nouvelles négociations pour ranimer l'accord sur le nucléaire.

Toutes les tentatives ont échoué ces dernières années avec les pays signataires (France, Royaume-Uni, Allemagne, États-Unis, Russie et Chine).

L'Iran a fortement réduit depuis 2021 les inspections de ses sites nucléaires. Des caméras de surveillance ont été débranchées et l'accréditation d'un groupe d'experts a été retirée.

Les bases du programme nucléaire iranien remontent à la fin des années 1950, lorsque les États-Unis ont signé un accord de coopération civile avec le dirigeant iranien d'alors, Mohammad Reza Pahlavi.

En 1970, l'Iran a ratifié le Traité de non-prolifération (TNP), qui fait obligation aux États signataires de déclarer et de placer leurs matières nucléaires sous le contrôle de l'AIEA.

Plusieurs responsables iraniens se sont publiquement interrogés ces dernières années sur la question de posséder la bombe atomique comme outil de dissuasion, dans un contexte de tensions exacerbées avec Israël.

L'ayatollah Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989 et ultime décideur dans les dossiers sensibles du pays, en particulier le nucléaire, a interdit dans un décret religieux (fatwa) tout recours à l'arme atomique.

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