Entre séries et podcasts, la fiction explore les répercussions des tensions géopolitiques actuelles. Productions récentes comme Conflict ou Hexagone Balard reflètent les enjeux contemporains, mêlant intrigues militaires et enjeux d'information au cœur de l'actualité mondiale.
Série en Ukraine au moment de l’invasion russe, podcast au cœur d’une cellule de crise de l’armée française confrontée aux fake news : galons et uniformes militaires envahissent la fiction, en écho aux secousses géopolitiques actuelles.
Jusqu’à récemment, le genre explorait principalement le passé, notamment la Seconde Guerre mondiale, avec des séries comme Les Têtes brûlées dans les années 1970, Band of Brothers produite par Steven Spielberg dans les années 2000, ou encore Rogue Heroes plus récemment. Mais ces dernières années, des œuvres en résonance avec les conflits contemporains et le bruit des bombardements se sont multipliées, une tendance mise en lumière lors du dernier Mipcom, rendez-vous mondial de l’audiovisuel à Cannes en octobre dernier.
Une montée en puissance des récits militaires
"On a vu sur cette saison 2023-2024 une augmentation d’un tiers des séries qui évoluent sur un terrain militaire", notait Candice Alessandra, directrice d’études chez Glance, le département international de Médiamétrie, institut français spécialisé dans la mesure d’audience audiovisuelle.
Parmi ces productions, Canal+ diffusera prochainement Conflict. Dans cette série, une paisible péninsule finlandaise, non loin de la Russie, est attaquée par une force armée non identifiée qui prend des otages. Les États-Unis, inquiets, surveillent la situation, tandis que l’escalade menace.
Fictions inspirées de l’actualité récente
Sentinelles - Ukraine, lancée à la rentrée sur Ciné+ OCS après une première saison au Mali, revient sur les premiers jours de l’invasion russe en Ukraine, vus à travers le prisme des civils et des soldats de l’Otan stationnés en Roumanie.
Quant à la Russie, elle est également au cœur de Hexagone Balard, une fiction audio récemment mise en ligne. Elle suit une cellule de crise du haut commandement militaire français, confrontée à des opérations de désinformation et à des tensions internationales. "Vivons-nous une tendance ? Je dirais que nous traversons une époque où les démocraties sont menacées, et les producteurs s’en emparent pour verbaliser ce contexte", analyse pour l’AFP David Gonner, créateur de Hexagone Balard avec Alexis Kebbas.
Le poids de l’information dans la fiction
Le point de départ de cette fiction ? "Cette affaire de charnier au Mali il y a deux ans, qui nous a poussés à nous demander : mais qui est derrière ?", explique Gonner. En 2022, après le retrait des troupes françaises de la base de Gossi, l’armée malienne avait annoncé avoir découvert un charnier. L’armée française avait dénoncé une manipulation, soutenant que des mercenaires russes avaient enterré les corps, preuves vidéo à l’appui.
C’est ce mécanisme de guerre de l’information que Hexagone Balard explore. L’intrigue démarre avec un message audio diffusé sur les réseaux sociaux, accusant le ministre français des Armées de collusion avec un marchand d’armes. Les soupçons de deepfake émergent, tandis que l’histoire s’entrelace avec des éléments comme un missile tiré au-dessus des côtes libyennes ou le siège de l’ambassade française à Tripoli. Cette série audio, disponible sur Spotify, Deezer, Amazon Music et Podcast Story, se distingue par ses six épisodes riches en rebondissements.
Une écriture soignée et documentée
Claire Nebout, qui incarne une haute gradée dans Hexagone Balard, souligne la qualité de l’écriture. "J’ai été séduite par la précision et la richesse des dialogues, alimentés par la collaboration avec des experts du ministère de la Défense", confie l’actrice. Certaines scènes ont même bénéficié de sons fournis par le ministère, ajoutant une authenticité palpable, notamment dans l’épisode final, qui reste volontairement gardé secret.
Entre réalisme et résonances contemporaines, ces œuvres montrent que la fiction militaire n’est plus seulement un regard sur le passé, mais aussi un miroir des tensions actuelles.
Avec AFP
Commentaires