Missiles pour l'Ukraine: Moscou met en garde contre une escalade et frappe Odessa
Sur cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 18 novembre 2024, des sauveteurs ukrainiens travaillent sur le site d'une attaque au missile à Odessa, dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine. ©Photo by Handout / UKRAINIAN EMERGENCY SERVICE / AFP

Le Kremlin a mis en garde lundi contre une nouvelle escalade après le feu vert donné à Kiev par les États-Unis à l'utilisation de leurs missiles de longue portée contre la Russie, tandis qu'une nouvelle frappe russe a fait au moins huit morts à Odessa.

Réclamée par Kiev depuis des mois la décision de Joe Biden a été confirmée à l'AFP dimanche par un responsable américain, après un nouveau week-end de bombardements russes massifs et meurtriers sur l'Ukraine et à quelques semaines seulement de l'entrée dans ses fonctions à la Maison Blanche de Donald Trump, jugé moins enclin à aider ce pays.

"L'administration sortante à Washington a l'intention de prendre des mesures pour continuer à jeter de l'huile sur le feu et à provoquer une nouvelle montée des tensions", a accusé lundi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Cette autorisation conduirait à "une situation fondamentalement nouvelle en termes d'implication des États-Unis dans ce conflit", a-t-il mis en garde.

Trop tard

Un haut responsable de la présidence ukrainienne s'exprimant sous le couvert de l'anonymat a confirmé à l'AFP que l'accord américain sur les missiles de longue portée n'avait été donné à Kiev qu'après que la Russie eut reçu le renfort de milliers de soldats nord-coréens. Mais il l'a considéré comme étant bien trop tardif, l'Ukraine étant en difficulté sur le front depuis plus d'un an.

"Il est clair que le contingent nord-coréen était une réalité qui rendait l'absence de cette autorisation (...) complètement ubuesque. Mais cette décision était nécessaire il y a un an", a martelé ce responsable.

Il a refusé de prédire l'impact de ce geste sur le champ de bataille : "Nous verrons ce que cela donnera".

Sur le terrain, dans l'est de l'Ukraine, des militaires ukrainiens, contraints de céder du terrain presque tous les jours, étaient dubitatifs.

La décision américaine "vient probablement trop tard", a ainsi confié à l'AFP l'un d'eux, servant dans la zone de Pokrovsk, un noeud logistique de l'est de l'Ukraine dont les Russes se rapprochent de jour en jour.

Moscou a d'ailleurs revendiqué lundi la conquête d'un nouveau village, celui de Novooleksiïvka, situé à 15 kilomètres environ au sud de Pokrovsk.

Une région où le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit lundi s'être rendu.

"Pokrovsk. J'ai visité l'emplacement de la 25e brigade aéroportée (...) qui défend la ville", a-t-il raconté sur Telegram. "C'est une zone tendue. Ce n'est que grâce à la force des soldats que l'Est n'est pas complètement occupé par la Russie", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, selon plusieurs médias, le feu vert américain pourrait se limiter à des frappes contre la région russe de Koursk partiellement contrôlée par l'armée ukrainienne et où les troupes nord-coréennes seraient déployées.

En septembre, Vladimir Poutine avait averti qu'une telle mesure de la part des Occidentaux "ne signifierait rien de moins qu'une implication directe des pays de l'Otan dans la guerre en Ukraine".

"Les coordonnées des cibles ne sont pas fournies par les militaires ukrainiens mais par des spécialistes de ces pays occidentaux", a fait valoir lundi son porte-parole.

Le gouvernement de Joe Biden a été le principal soutien de l'Ukraine, lui permettant de résister aux troupes russes depuis l'invasion déclenchée en février 2022.

Frappe meurtrière à Odessa

La pérennité de ce soutien de Washington a été mise en doute par l'élection à la présidence de Donald Trump dont les déclarations de campagne font craindre à Kiev et à ses soutiens qu'il ne cherche à faire faire à l'Ukraine des concessions inacceptables pour elle.

Moscou, dont les troupes avancent sur de multiples segments du front, a prévenu que toute discussion sur un arrêt des combats ne pourrait s'appuyer que sur les "nouvelles réalités territoriales".

Peu avant les élections américaines  du 5 novembre, la Russie a commencé à intensifier ses frappes meurtrières sur les zones civiles chez son voisin, une tactique considérée par beaucoup à Kiev comme une tentative de briser l'esprit des Ukrainiens, épuisés par bientôt trois ans de guerre, dans l'optique d'éventuelles négociations.

Un tir de missile russe a ainsi causé la mort d'au moins huit civils et fait 39 blessés lundi en plein jour à Odessa, une ville portuaire située sur la mer Noire, loin de la ligne de front, ont déploré les autorités locales.

Sur de premières images prises par des témoins et diffusées par des chaînes d'information sur Telegram, on peut voir des corps sur le sol, des véhicules en feu et un immeuble enveloppé de poussière et de fumée.

"Ces frappes démontrent une chose (...), la Russie n'est intéressée que par la guerre", a réagi sur Telegram le président Zelensky.

Dimanche déjà, 11 Ukrainiens dont deux enfants ont péri dans le bombardement d'un immeuble d'habitation à Soumy, une ville du nord-est de l'Ukraine. Le pays a en outre subi une nouvelle attaque massive russe contre ses installations énergétiques.

Cette dernière ayant infligé des dégâts importants au réseau, les autorités ukrainienne ont annoncé lundi des coupures d'électricité pour la population, une première depuis des mois.

Par Victoria LUKOVENKO, AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire