Nucléaire: l'Iran avertit Paris, Berlin et Londres qu'une résolution de l'AIEA \
Nucléaire - Iran ©Organisation de l'énergie atomique de l'Iran / AFP

Le plus haut diplomate iranien, Abbas Araghchi, a mis en garde mercredi contre une réponse « proportionnée » de Téhéran en cas d'adoption par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'une résolution critique à l'égard de l'Iran soutenue par l'Occident.

M. Araghchi a déclaré lors d'une conversation téléphonique avec le chef de l'AIEA, M. Rafel Grossi, que si les parties « ignorent la bonne volonté et l'approche interactive de l'Iran et mettent des mesures non constructives à l'ordre du jour de la réunion du Conseil des gouverneurs par le biais d'une résolution, l'Iran réagira de manière proportionnée et appropriée ».

L'Iran a mis en garde la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni contre toute résolution critique concernant son programme nucléaire, au moment où européens et États-Unis ont choisi d'accentuer la pression sur Téhéran lors d'un Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Paris, Berlin et Londres prévoient de déposer formellement une résolution critique dans les prochaines heures. "Cette initiative (...) ne fera que compliquer le problème" du dossier nucléaire, a averti le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, lors d'un appel téléphonique avec son homologue français, Jean-Noël Barrot, d'après un communiqué publié mercredi par Téhéran.

L'Iran a engagé mardi des mesures pour stopper l'expansion de son stock d'uranium hautement enrichi, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), consulté mardi par l'AFP.

Au cours de la visite de son chef, Rafael Grossi, la semaine dernière, "l'agence a vérifié" sur les sites nucléaires de Natanz et Fordo "que l'Iran avait commencé à mettre en œuvre des préparatifs visant à arrêter l'augmentation de son stock d'uranium enrichi à 60%", écrit l'instance onusienne.

Ce seuil est proche des 90% nécessaires pour élaborer une bombe atomique. Téhéran conteste avoir de telles ambitions sur le plan militaire et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.

Ce rapport est publié à la veille de l'ouverture à Vienne d'une réunion du Conseil des gouverneurs de l'instance onusienne, qui s'annonce tendue.

Les pays européens rejoints par Washington prévoient de soumettre une résolution condamnant le manque de coopération de Téhéran, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

Si ce texte à portée symbolique est voté, l'Iran a d'ores et déjà averti qu'il prendrait des "contre-mesures immédiates" qui "ne plairont certainement pas" aux pays occidentaux.

"L'expérience nous a appris que l'engagement de l'Iran" sur l'arrêt de l'enrichissement d'uranium "ne tiendra probablement pas, car l'Iran réagit toujours" aux résolutions, a souligné un diplomate.

M. Grossi a par ailleurs salué la décision de l'Iran "d'envisager de désigner quatre inspecteurs expérimentés supplémentaires", après le retrait décrié de l'accréditation de plusieurs experts.

Au cours des derniers mois, l'Iran a fortement augmenté son stock d'uranium enrichi, d'après ce même rapport.

Le total s'élevait à 6.604,4 kg à la date du 26 octobre (contre 5.751,8 kg mi-août), soit plus de 32 fois la limite autorisée par l'accord international de 2015 encadrant les activités atomiques de Téhéran en échange d'une levée des sanctions internationales.

En représailles au retrait des États-Unis en 2018, la République islamique s'est nettement affranchie de ses engagements.

Au-delà des réserves accumulées, elle enrichit à des taux bien supérieurs au plafond fixé à 3,65%.

Les réserves de matière enrichie à 60 % se situent désormais à 182,3 kg (contre 164,7 kilos trois mois auparavant). Soit suffisamment pour produire plus de trois bombes d'après la définition de l'instance onusienne.

Les stocks enrichis à 20 % ont aussi progressé, passant à 839,2 kg (contre 813,9 kg précédemment).

Avec AFP

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