La proposition US pour un cessez-le-feu, un accord “à prendre ou à laisser”
©Ici Beyrouth

L’émissaire américain, Amos Hochstein, s’est rendu mercredi en fin d’après-midi à Tel-Aviv où il doit communiquer au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou – jeudi selon Reuters –, les résultats des discussions qu’il a engagées à Beyrouth, autour de la proposition américaine d’un accord pour un cessez-le-feu.

 

Amos Hochstein n’a pas voulu donner de précisions concernant l’évolution de ses pourparlers avec le président de la Chambre, Nabih Berry – chargé par le Hezbollah de “négocier” en son nom –,  au sujet de la mise en œuvre du plan suggéré pour une trêve. Il l’a clairement fait savoir au terme de sa seconde visite, mercredi, à Aïn el-Tiné. Dans l’entourage de M. Berry, on se fait tout aussi discret et on se contente d’évoquer “des progrès”.

 

Mais qu’on le précise d’emblée: Amos Hochstein n’est pas venu négocier le plan proposé par Washington, mais discuter des détails d’exécution et ce sont les observations libanaises sur certains détails qui vont être au cœur de ses discussions avec Benjamin Netanyahou.

 

La nuance est importante parce qu’elle coupe l’herbe sous les pieds de ceux qui estiment encore que la formation pro-iranienne, décapitée et affaiblie après avoir entraîné le pays vers une guerre destructrice, est en position d’imposer ses conditions pour un cessez-le-feu. Certes, le Hezbollah continue de répéter à l’envi qu’il maintient ses capacités militaires sur le terrain, mais celles-ci ont bien montré leurs limites et le prix est devenu excessivement onéreux pour lui, pour sa base et pour le Liban dans son ensemble.

 

La médiation menée actuellement par l’émissaire américain est pratiquement celle de la dernière chance, quelles que soient les mises en garde hezbollahies. Le nouveau chef du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, a beau réaffirmer mercredi qu’Israël “ne pourra pas prendre, par le biais d’un accord, ce qu’il n’a pas pu obtenir sur le terrain”, il reste que sa marge de manœuvre est très limitée. Pour deux raisons: Parce que Israël reste déterminé à vouloir atteindre ses objectifs de guerre, dont la neutralisation du Hezbollah. Et parce que la feuille de route américaine est simplement “à prendre ou à laisser”. Amos Hochstein l’aurait fait subtilement comprendre à ses interlocuteurs, ont confié à Ici Beyrouth des personnalités qui ont suivi de près les réunions que ce dernier a tenues dans la capitale libanaise, notamment ses deux entretiens, de près de deux heures chacun, mardi et mercredi avec Nabih Berry.

 

Selon ces sources, les discussions se seraient articulées autour de détails qui n’altèrent en rien la finalité du plan, puisque celui-ci n’est pas négociable. “La partie libanaise a voulu changer un mot par-ci, un mot par-là, mais sur le fond, sa marge de manœuvre est limitée”, indique-t-on de même source.

 

Les grandes lignes de la feuille de route américaine, qui s’articule autour de la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, sont du reste plus ou moins connues. Celle-ci prévoit essentiellement un retrait du Hezbollah jusqu’au nord du Litani, un contrôle strict des frontières pour barrer la voie à un afflux d’armes qui permettrait à ce groupe de reconstituer son arsenal et la présence d’observateurs internationaux pour surveiller l’application de la 1701, en vertu de laquelle des unités supplémentaires de l’armée seront déployées, aux côtés de la Finul, au sud du Litani.

 

La mission de l’armée, indique-t-on de même source, sera de démanteler ce qui reste de la structure paramilitaire du Hezb, afin que le Liban-Sud soit une zone démilitarisée et la Finul, conformément à son mandat, pourra intervenir là où elle soupçonne la présence de caches d’armes. Cette mission est prévue dans le cadre d’un plan en quatre étapes qui devrait être exécuté une fois un cessez-le-feu proclamé et à laquelle Israël, qui veut en priorité assurer la sécurité de la population des villages à la frontière avec le Liban, attache une importance particulière.

 

Les détails du processus de démilitarisation, apparemment longuement discutés par MM. Berry et Hochstein, ne sont cependant pas tous connus. La réponse du Hezb à ce point non plus, sachant que la formation pro-iranienne a déjà fait savoir qu’elle est prête à se retirer au nord du Litani et à se conformer aux dispositions de la 1701 à condition qu’Israël s’y conforme strictement à son tour et qu’elle rejette catégoriquement le maintien d’une présence israélienne quelconque au sud, une fois un cessez-le-feu proclamé. Or, Tel-Aviv exige d’avoir les coudées franches et la latitude de surveiller à son tour le processus de mise en œuvre de cette résolution, ce que le Liban refusé. Son ministre de la Défense, Israel Katz, l’a répété hier.

 

Il semble, selon la même source, que la solution résiderait dans le fait que des observateurs internationaux assument cette mission. Mais rien n’est sûr à ce niveau, compte-tenu de la rigidité des deux positions israélienne et hezbollahie, laquelle compromet les chances d’un arrêt de la guerre dans un avenir prochain.

Mais de l’avis d’une source politique, la présence d’observateurs internationaux pourrait répondre aux exigences du Liban, qui rejette tout rôle israélien à ce niveau, et à celles de Tel-Aviv, pour la protection de ses frontières nord. “Ce qui est sûr, c’est qu’un retour au statu quo ante, celui qui prévalait avant le 7 octobre 2023, au Liban-Sud, n’est plus possible”, assure la personnalité citée plus haut.

 

Selon des informations non confirmées de sources officielles, l’armée israélienne maintiendrait sa présence dans certains points au Liban-Sud, en attendant la fin, ou du moins, une progression sérieuse du processus de démilitarisation de ce secteur. Un point sur lequel le Liban a exprimé de fortes réserves.

 

Tous ces éléments et les observations libanaises qui s’y rapportent seront donc discutés à Tel-Aviv, alors que le Liban retient son souffle, à l’ombre d’une fausse accalmie.

 

 

 

 

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