Bilan de la tournée de Hochstein: de nombreux points restent à régler
©Ici Beyrouth

L’envoyé spécial du président américain, Amos Hochstein, en tournée dans la région pour discuter de la proposition américaine pour un cessez-le-feu au Liban, a quitté vendredi Tel Aviv sans faire de déclarations à l’issue de ses rencontres. Silence radio également de la part des responsables israéliens alors que l’armée israélienne intensifiait ses raids et avançait en profondeur en territoire libanais.

De manière générale, il semble qu’un accord n’est pas pour sitôt, les Israéliens, tout comme les Libanais, ayant formulé une série d’observations sur certains points proposés dans la feuille de route américaine. Du moins, c’est ce qui est relevé dans plusieurs médias.

De sources citées par Al-Arabiya et Al-Hadath (panarabes), on indique que l’émissaire américain aurait été informé, par Tel Aviv de son refus que la France soit associée à l'accord ou qu’elle fasse partie du comité international qui devrait superviser sa mise en œuvre.

Selon les mêmes sources, les responsables israéliens refuseraient aussi de lier la question du règlement des six (sur treize) points litigieux le long de la frontière libano-israélo-syrienne à l'accord de cessez-le-feu au Liban.

Un autre média, Axios, (américain) a rapporté vendredi qu'aucun cessez-le-feu sur le front libanais ne devrait être annoncé avant la semaine prochaine, alors que le Haaretz, citant des sources israéliennes, soulignait qu’un éventuel règlement interviendrait dans les semaines à venir.

“Nous sommes face à une réelle opportunité de solution,” avait pourtant affirmé mercredi M. Hochstein à l’issue de sa réunion avec le président du Parlement libanais, Nabih Berry, qualifiant celle-ci de “constructive”. Il avait aussi annoncé qu'il poursuivrait ses discussions afin de “réduire les différences”, soulignant la nécessité de "colmater les brèches".

M. Hochstein avait néanmoins précisé que la décision demeurait entre les mains des parties concernées, avant d’ajouter que la solution était "à portée de main”.

Arrivé mardi à Beyrouth, l’émissaire américain y était resté deux jours au cours desquels il s’était entretenu avec M. Berry, le Premier ministre sortant, Najib Mikati, le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, et l’ancien leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt.

Selon des sources de sécurité libanaises, la proposition américaine prévoit, après la cessation des hostilités, une période de 60 jours, au cours de laquelle l'armée israélienne maintiendrait une présence au Liban-Sud, le temps que l’armée libanaise démantèle ce qui reste de l’infrastructure militaire du Hezbollah.

Si le cessez-le-feu aboutit, le Liban et l’État hébreu devraient alors entamer des négociations sur l'application intégrale de la résolution 1701 des Nations unies. Celle-ci confère à l'armée libanaise et aux forces de maintien de la paix des Nations unies l'autorité exclusive sur les zones situées au sud du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière actuelle avec Israël.

Dans le fond, le plan américain ne fait pas l’unanimité, certains éléments qu’il comporte demeurant largement contestés par les belligérants.

Pour Israël, un des enjeux majeurs au lendemain de la guerre consiste à vouloir contrôler des zones “sensibles” au Liban et à empêcher le Hezbollah de se réarmer ou de mener des attaques. Cette exigence est contestée par la partie libanaise qui y dénonce une atteinte à la souveraineté du pays. Contestant l’exigence israélienne, le secrétaire général du Hezbollah, Naïm Kassem, avait affirmé mercredi qu'il "n'accepterait aucun accord de cessez-le-feu violant la souveraineté" du Liban.

Par ailleurs, un haut fonctionnaire libanais a révélé jeudi que le Liban avait demandé des amendements de la proposition (américaine) afin d'assurer un retrait plus rapide des forces israéliennes du Sud et d'accorder aux deux parties le droit à l'autodéfense. Il a ajouté que la partie libanaise avait insisté sur la nécessité d'un retrait immédiat dès qu'un cessez-le-feu serait instauré, afin que l'armée libanaise puisse se déployer dans toutes les zones. Cela permettrait aux personnes déplacées de retourner rapidement dans leurs foyers, a rapporté l'agence Reuters.

Hélas, l’issue de ces efforts diplomatiques demeure incertaine. Le Liban célèbre le 81ᵉ anniversaire de son indépendance sous les frappes israéliennes et au son du bourdonnement incessant des drones qui survolent le pays, notamment la capitale.

 

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