Simone Veil, Maurice Genevoix, Joséphine Baker et Missak Manouchian ont rejoint le Panthéon sous Emmanuel Macron, honorant les résistances, mémoires et combats universels. Le président a également ouvert la voie à Robert Badinter, abolitionniste de la peine de mort.
Avant la prochaine entrée au Panthéon de l'historien et résistant Marc Bloch, annoncée samedi par Emmanuel Macron, le président de la République a fait accueillir quatre autres grandes figures dans ce temple républicain : Simone Veil, Maurice Genevoix, Joséphine Baker et Missak Manouchian.
Par ailleurs, le 14 février 2024, lors de l'hommage à l'ancien garde des Sceaux socialiste Robert Badinter, qui a porté l'abolition de la peine de mort en France en 1981, le chef de l'État a ouvert la voie à son entrée au Panthéon. Son nom "devra s'inscrire au côté de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France", a-t-il dit.
Sous la Ve République, le chef de l'État est seul décisionnaire en matière de panthéonisation.
Simone Veil (1er juillet 2018)
Les droits des femmes avec la légalisation de l'avortement, l'Europe et la Shoah… L'entrée de cette figure de la vie politique française et européenne, rescapée d'Auschwitz, est une évidence pour tous. L'annonce est d'ailleurs faite en un temps record : cinq jours seulement après sa mort, survenue le 30 juin 2017…
La famille ne voulant pas qu'elle soit séparée de son mari Antoine, Emmanuel Macron accepte que les époux Veil soient ensemble au Panthéon.
Cela a déjà été le cas en 1907, avec la première femme inhumée au Panthéon, Sophie Berthelot, simple conjointe de son illustre époux, Marcelin.
"Nous avons voulu que Simone Veil entre au Panthéon sans attendre le passage des générations pour que ses combats, sa dignité, son espérance restent une boussole dans les temps troublés que nous traversons", déclare M. Macron dans son discours d'accueil le 1er juillet 2018.
Avec elle, insiste-t-il, "c'est la mémoire de 78.500 juifs et tziganes déportés de France qui entre et vivra en ces lieux".
Maurice Genevoix (11 novembre 2020)
Avec l'ancien Poilu et écrivain mort en 1980, chroniqueur de l'horreur des tranchées de la Première Guerre mondiale, ce sont "tous ceux de 14", ces "héros ordinaires", qu'Emmanuel Macron entend honorer.
La cérémonie a lieu 102 ans jour pour jour après l'Armistice du 11 novembre 1918, en plein nouveau confinement lié à l'épidémie de Covid-19.
"Ils sont là, ceux de 14", qui "arrivent par millions pour entrer sous le dôme" de ce "temple des héros de notre patrie", lance le chef de l'État en saluant "un destin républicain" et "une existence française".
Joséphine Baker (30 novembre 2021)
"Me revoilà Paris !" La star du music-hall, résistante et militante antiraciste franco-américaine Joséphine Baker est la première personnalité noire et la première artiste à rejoindre le Panthéon. Et la 6e femme seulement, sur 81 sépultures !
Émancipation, droits des femmes, droits civiques, elle est l'incarnation des combats du XXe siècle.
"Ma France, c'est Joséphine", salue Emmanuel Macron. "Sa cause était l'universalisme, l'unité du genre humain. L'égalité de tous avec l'identité de chacun. L'hospitalité pour toutes les différences réunies par une même volonté, une même dignité. L'émancipation contre l'assignation".
C'est un cercueil vide qui pénètre sous la coupole du Panthéon, sa dépouille étant restée dans le caveau familial à Monaco.
Missak Manouchian (21 février 2024)
Le poète et ouvrier arménien immigré en France fait son entrée au Panthéon 80 ans jour pour jour après son exécution par les Allemands au Mont-Valérien.
Il est accompagné de sa femme, Mélinée Manouchian, également résistante d'origine arménienne, qui lui a survécu 45 ans (elle n'est pas elle-même "panthéonisée"). Entrent aussi au Panthéon de façon symbolique, avec l'inscription de leur nom, 23 de ses compagnons d'armes fusillés pour la plupart à ses côtés.
"Étrangers et nos frères pourtant, Français de préférence", lance Emmanuel Macron, reprenant le poème d'Aragon mis en musique par Léo Ferré qui a fait entrer le groupe Manouchian dans les mémoires après-guerre.
Avec AFP
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