Le Liban se trouve face à une période de 60 jours déterminante, alors que toutes les parties œuvrent pour maintenir la stabilité et mettre en œuvre la relance de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies. Avec les efforts de renforcement en cours, l’enjeu est désormais de transformer cette opportunité en actions concrètes.
Les jours à venir seront caractérisés par une vigilance accrue, alors que la Finul et l’armée libanaise restent en alerte maximale. Ici Beyrouth a révélé que des hauts commandants du Commandement central des États-Unis (Centcom) travailleront aux côtés de l'armée libanaise, fournissant une assistance essentielle pour désarmer le Hezbollah.
Mais comment la Finul s’adapte-t-elle à cette situation en évolution constante? Quels obstacles se dressent sur son chemin alors qu’elle lutte pour mener à bien sa mission?
Tenenti à Ici Beyrouth
Dans un entretien accordé à Ici Beyrouth, le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti, a mis en lumière les efforts continus de la mission de maintien de la paix à la suite du cessez-le-feu du 27 novembre 2024 entre Israël et le Hezbollah. “La Finul ajuste actuellement ses actions en réponse à la situation qui a évolué. Les Casques bleus sont demeurés en poste, prêts à intervenir si la situation l'exigeait”, a-t-il expliqué.
Il a précisé que la structure et le mandat de la Finul demeuraient inchangés, les Casques bleus ayant pour mission de soutenir le Liban et Israël dans la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies. “L'accord de cessez-le-feu reconnaît l'importance d'une mise en œuvre complète de la résolution 1701 et se félicite de l'annonce de la cessation des hostilités ainsi que du réengagement à l'égard de cette résolution comme voie vers la paix”, a-t-il déclaré.
M. Tenenti a souligné l'importance d'une coopération entre toutes les parties pour assurer le succès du cessez-le-feu. “Les civils des deux côtés de la Ligne bleue ont lourdement souffert de ce conflit. Pour leur bien-être, nous appelons tous les acteurs à appliquer la résolution 1701 dans sa totalité, tant dans ses aspects pratiques que dans l'esprit de paix qu'elle vise à instaurer”, a-t-il déclaré. Les Casques bleus de la Finul, représentant 48 pays, se tiennent prêts à soutenir cette nouvelle phase cruciale de désescalade.
Les défis de la Finul
Le journaliste et analyste politique Ali Hamadé a expliqué à Ici Beyrouth que la Finul se trouve confrontée à de nombreux défis qui nécessitent une réponse adaptée.
“Le premier défi réside dans la nécessité d’un renforcement”, a expliqué M. Hamadé. “Il y a un manque de personnel, et les contingents des pays clés, comme la France et l’Italie, qui figurent parmi les contributeurs les plus importants, doivent être renforcés”.
M. Hamadé a également souligné l'importance de redéfinir la mission de la Finul. “Il s'agit d'identifier, de surveiller et de démanteler toutes les infrastructures du Hezbollah et de s'attaquer à tous les éléments déstabilisateurs dans la région. Ces efforts doivent être étroitement coordonnés avec l'armée libanaise, qui détient l'autorité et la responsabilité de traiter ces questions complexes”, a-t-il déclaré.
Il a reconnu qu'il était irréaliste d'attendre du Hezbollah qu'il change de nature du jour au lendemain ou qu'il disparaisse complètement militairement de la région, mais qu'un effort rigoureux et coordonné est essentiel. “Cette mission, menée par la Finul en collaboration avec l'armée libanaise et sous la stricte supervision des États-Unis, doit veiller à ce que la présence militaire du Hezbollah au sud du fleuve Litani ne refasse pas surface. Faute de quoi, une nouvelle guerre pourrait éclater dans les années à venir, a-t-il averti.
M. Hamadé a enfin souligné l'importance pour la Finul de remplir efficacement sa mission. “La résolution 1701 manquait de clarté par le passé. Toutefois, aujourd'hui, la feuille de route franco-américaine en a précisé les dispositions et présenté des mesures détaillées pour orienter la mission à l'avenir”, a-t-il déclaré.
Déploiements de l’armée libanaise et de la Finul
L’armée libanaise a entamé son déploiement dans le sud du Liban mercredi soir, quelques heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Des milliers de soldats libanais, en collaboration avec les forces de maintien de la paix de la Finul, ont pour mission de faire respecter les termes de l’accord. Celui-ci prévoit le retrait des armes lourdes et des infrastructures du Hezbollah dans la zone comprise entre le fleuve Litani et la frontière israélienne.
Les États-Unis et la France superviseront l’application de cet accord via une mission de vérification mise en place après la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah. Ces déploiements ont pour objectif de restaurer la stabilité dans la région et de garantir le respect des conditions du cessez-le-feu.
Mercredi, l’armée libanaise a publié un communiqué affirmant que “le cessez-le-feu étant désormais en vigueur, l’armée libanaise se déploie dans le Liban-Sud, en coordination avec la Finul, conformément à la résolution 1701”. Les troupes renforcent leur présence au sud du Litani afin d’étendre l’autorité de l’État, conformément à l’engagement du gouvernement libanais à mettre pleinement en œuvre la résolution 1701. Des unités militaires sont ainsi déployées depuis diverses régions pour occuper les positions désignées.
Mettre fin à 14 mois de combat
Israël et le Liban ont conclu un accord de cessez-le-feu mardi 26 novembre, mettant ainsi fin à 14 mois de conflit intense entre Israël et le Hezbollah, le parti pro-iranien.
Cette avancée a suivi des négociations menées par l'envoyé spécial américain, Amos Hochstein, qui a rencontré les responsables libanais et israéliens la semaine dernière. Avant l'accord, M. Hochstein avait exprimé son optimisme, affirmant que des progrès étaient réalisés en vue de mettre fin au conflit.
La résolution 1701 et ses défis
Adoptée en 2006 à la suite d'une guerre d'un mois entre Israël et le Hezbollah, la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies visait à instaurer une sécurité durable le long de la frontière israélo-libanaise. Bien qu'elle ait permis un calme relatif pendant près de vingt ans, ses dispositions n'ont jamais été pleinement mises en œuvre.
Le Hezbollah devait se retirer au-delà du fleuve Litani et démanteler sa présence armée dans le sud du Liban. Cependant, le groupe a choisi d’élargir ses capacités militaires en enrichissant son arsenal et en creusant des tunnels souterrains. Ces activités, menées au mépris du gouvernement et de la Constitution du Liban, ont créé les conditions qui ont conduit au récent conflit, que le Hezbollah a qualifié de “soutien à Gaza”.
L’escalade des deux derniers mois
La guerre récente a éclaté à la fin du mois de septembre, après presque une année marquée par des affrontements sporadiques dans le sud du Liban. Le conflit s’est rapidement intensifié, se transformant en une guerre à grande échelle, avec une invasion terrestre israélienne et des frappes aériennes touchant plusieurs zones du Liban, y compris Beyrouth.
Face à l’intensification de la violence, les responsables de l’ONU et les diplomates ont ressuscité la résolution de 2006 dans une tentative désespérée de stopper les hostilités. Le cessez-le-feu actuel offre une opportunité fragile mais cruciale pour appliquer pleinement la résolution 1701 et rétablir la paix dans la région.
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