Encore des mots, toujours des maux, les mêmes chaos…
©KAWNAT HAJU / AFP

Ainsi donc la “Résistance” a infligé une cuisante défaite à Israël. Les députés et représentants du Hezbollah le martèlent depuis le début du cessez-le-feu. Encore ce jeudi au parlement. Ils ont été rejoints dans leurs discours par le vaillant et bien nommé Hossein Salami, le chef des non moins vaillants Gardiens de la révolution iraniens. 

On attend toujours, pour donner encore plus d’éclat aux “victoires” revendiquées, la réponse de monsieur Salami à l’attaque israélienne qui a été une véritable humiliation. 100 avions qui partent d’Israël, bombardent une liste de cibles en Iran et reviennent tranquillement à 100. À moins que ce soit comme la guerre au Liban pour lui, une “victoire” digne de pays imaginaires de Peter Pan adultes.
La grande question est de savoir si quelqu’un dans le monde croit encore à ces paroles. Y croient-ils eux-mêmes ou est-ce un moyen de rassurer leurs bases et sécuriser leur survie politique? 
On a parfois l’impression de ne pas avoir vécu les mêmes événements.
Comment pouvons-nous réussir à annoncer des victoires après tout ce qui s’est passé? Les 4.000 morts et 15.000 blessés seraient-ils d’accord avec ces proclamations? Certainement pas. 


La bonne nouvelle, c’est la prorogation du mandat du général Joseph Aoun à la tête de l’armée Libanaise. Au moins, il n’y aura pas de vide à la tête de cette institution appelée à une mission de sauvetage du pays. Ni plus, ni moins. Encore faut-il que tout le monde tienne parole et que les occidentaux équipent les forces régulières des moyens qui lui manquent cruellement. Pour le moment, les soldats sont priés de bien vouloir régler la guerre au Proche-Orient avec… leur sourire. 
Pour être certain qu’il n’y aura pas de peaux de bananes de dernière minute, l’émissaire spécial français pour le Liban, Jean-Yves le Drian, était présent dans les tribunes du Parlement. Pour ne rien rater non plus de l’annonce de la convocation des députés pour une élection “fructueuse”, selon les termes du chef du Parlement, d’un président de la République. Ce sera le 9 janvier. On n’est plus à quelques semaines de vacance près. Monsieur Le Drian a dû avoir une bouffée d’émotion devant tant d’unanimité. Mais qu’il se rassure, et il n’est certainement pas dupe. Le 9 janvier, c’est loin. D’ici là, il va y avoir des concertations qui s’annoncent déconcertantes! Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, nous pourrions, sans trop nous tromper, supposer que la classe politique va renouer avec sa tradition de non-assistance à peuple en danger en se lançant dans ce qu’elle sait faire le mieux: tergiverser et se diviser. 
Si un président est élu. Il devra encore réussir à composer un gouvernement. Ce ne sera pas une promenade de santé. Si un gouvernement est trouvé, il faudra qu’il réunisse l’argent nécessaire pour reconstruire un pays détruit par les “victoires”. La méfiance de la communauté internationale reste à lever. La confiance a été ébréchée, c’est le moins qu’on puisse dire, par le blanchiment d’argent, la contrebande, les trafics d’armes et de drogue. 
Si toutes ces conditions sont réunies et que la “Résistance” se contente de savourer discrètement ses innombrables réussites, sans chercher de nouvelles gloires au front, on pourra dire que le Liban entrevoit le bout d’un tunnel qu’il traverse depuis 50 ans, sans lumière. Avec des Si, on mettrait Paris en bouteille, dit le dicton. Quitte à tenter l’impossible, essayons avec Beyrouth.

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