Le yen a repris sa forte ascension vendredi par rapport au dollar, dopé par les attentes d'une hausse des taux de la Banque du Japon, tandis que les Bourses asiatiques se repliaient, se montrant atones au lendemain de la pause de Thanksgiving à Wall Street.
Le yen brille toujours, la BoJ dans le radar du marché
La monnaie japonaise a de nouveau grimpé fortement par raport au billet vert vendredi, se hissant au-dessus de la barre symbolique des 150 yens pour un dollar pour la première fois depuis mi-octobre.
Vers 06H30 GMT, elle s'échangeait à 150,05 yens pour un dollar (+0,98%), contre plus de 155 yens en fin de semaine dernière.
La devise nippone avait fortement grimpé en début de semaine, profitant de son statut de valeur refuge sur fond de regain des incertitudes économiques après l'annonce par le président élu américain Donald Trump de taxes douanières prohibitives visant Chine, Mexique et Canada.
Mais surtout, le yen profite des attentes de plus en plus grandes de voir la banque centrale japonaise (BoJ) remonter à nouveaux ses taux mi-décembre, après les avoir déjà relevés à deux reprises cette année, mettant fin à de longues années de taux quasi-nuls voire négatifs.
Des attentes encore renforcées vendredi après la publication de chiffres de l'inflation plus forts qu'attendu pour la région de la capitale Tokyo.
Ce mouvement de politique monétaire est à rebours des grandes banques centrales mondiales, à commencer par la Réserve fédérale américaine (Fed) qui au contraire ont commencé une baisse graduelle de leurs taux. Ce contraste et la promesse d'actifs en yens mieux rémunérés attirent les cambistes vers la monnaie japonaise.
Certes, les taux nippons restent très en-deçà des taux de la Fed, "un différentiel important qui ne joue pas en faveur du yen", observe Daniela Sabin Hathorn, analyste de Capital.com.
Mais le retournement de dynamique change la donne, explique-t-elle: alors que l'envolée de l'inflation avait incité ces dernières années la Fed et la Banque centrale européenne à remonter vigoureusement leurs taux pour l'endiguer, "la BoJ avait laissé ses taux inchangés à -0,1%, ce qui a entraîné une dépréciation continue du yen".
Aujourd'hui la tendance s'inverse, "la BoJ commençant à admettre que l'économie japonaise connaît une inflation due à des facteurs internes, et à augmenter progressivement son taux de base en conséquence", ajoute Mme Hathorn.
Recul boursier à Tokyo, le yen fort pèse, Toyota dégringole encore
L'indice vedette Nikkei a terminé en baisse de 0,37% à 38.208,03 points, et l'indice élargi Topix en repli de 0,24% à 2.680,71 points.
Les échanges étaient sans tonus, faute de signal de la part de Wall Street, fermé la veille pour cause de jour férié de Thanksgiving, et toujours hantés par la perspective de tensions commerciales accrues.
Le renchérissement du yen a pesé sur les titres des groupes exportateurs, dont les ventes pourraient être pénalisées, à l'image de Nikkon (-1,20%), Hitachi (-1,00) ou Sharp (-2,31%).
Le constructeur automobile Toyota (-2,12%) pourrait par ailleurs pâtir des futures mesures douanières du gouvernement Trump. Il exporte vers les Etats-Unis et produit au Mexique.
Les places chinoises divergent
Les places chinoises divergeaient en fin d'échanges, tiraillées entre la perspectives du bras de fer douanier sino-américain, la possibilité de restrictions américaines sur les puces moins sévères que craint, selon Bloomberg, et l'incertitude sur la réponse de Pékin.
Vers 06H30 GMT à Hong Kong, l'indice Hang Seng restait stable (+0,05% à 19.376,35 points). A l'inverse, l'indice composite de Shanghai gagnait 0,86% à 3.324,19 points, et celui de Shenzhen progressait de 1,58% à 2.015,18 points.
Les Bourses restent suspendues à toute annonce du président élu américain: "Les préoccupations sur les mesures protectionnistes des Etats-Unis demeurent très vives, et il est possible de voir les investisseurs de court terme acheter et vendre des titres à la moindre annonce, amplifiant la volatilité du marché", observent les experts du média financier Nikkei.
Sur le marché du pétrole, le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) progressait de 0,60% à 69,13 dollars, tandis que celui de Brent de la mer du Nord faisait du surplace (+0,03% à 73,30 dollars).
AFP
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