BDL: le jeu de l’équilibrisme
©Ici Beyrouth

La Banque du Liban (BDL) jette du lest pour apaiser les acteurs du marché des changes, dans un climat de “ni guerre, ni paix, qui ne fait qu'accroître leur fébrilité.

La décision du Conseil central de la BDL, datée du 26 novembre 2024, traduit une volonté claire de mettre en œuvre “une politique de souplesse monétaire”, même si celle-ci pourrait être plus coûteuse pour l’ensemble de l’économie. Cette approche repose sur une injection supplémentaire de dollars, visant à accroître la quantité de devises américaines en circulation sur le marché. Une telle stratégie permettrait à la BDL de faire d’une pierre deux coups. D’une part, aider les déposants éligibles à profiter davantage de leur épargne dans un contexte de “circonstances d’urgence”, comme mentionné dans le texte de la décision. D’autre part, continuer à maintenir la stabilité du marché des changes, en évitant des fluctuations brusques, tout en gardant la masse monétaire en livres libanaises sous contrôle.

Circulaires 158 et 166

La dernière décision de la BDL apporte deux modifications au bénéfice des déposants concernés par les circulaires 158 et 166:

  1. Un paiement anticipé en décembre: les déposants éligibles pourront encaisser deux mensualités durant le mois de décembre, comme ce fut le cas en novembre, alors qu’ils avaient même eu droit à trois mensualités en octobre.

  2. Une transition facilitée entre les circulaires 158 et 166: les bénéficiaires ayant épuisé les montants prévus dans le cadre de la circulaire 158, dont le cycle annuel s’étend de juillet à juin, pourront désormais souscrire à la circulaire 166 dès la fin de leur quota, par exemple, en février, sans attendre la clôture du cycle en juillet. De plus, ils n’auront plus besoin d’une approbation spécifique de la BDL, ce qui simplifie les démarches administratives.

La BDL et les défis

La Banque du Liban (BDL) a dû faire face à des défis majeurs engendrés par la guerre déclenchée par le Hezbollah contre Israël. Fin septembre, les Libanais, pris au dépourvu, ont suspendu le paiement de leurs impôts et taxes, attendant que la situation se clarifie. Parallèlement, ils ont préféré échanger les livres libanaises destinées à ces charges contre des dollars, entraînant une légère hausse de la demande pour la devise américaine.

Dans ce contexte, la BDL s'engage dans un véritable jeu d’équilibrisme, tout en évitant d’intervenir directement sur le marché des changes. Elle mise sur la récupération des dollars injectés indirectement par le biais des circulaires 158 et 166, ainsi que par les salaires des employés du secteur public.

Le volume de ces dollars a atteint environ 340 millions de dollars, répartis comme suit: 200 millions de dollars correspondant aux deux mensualités des déposants (100 millions par mois); 140 millions de dollars représentant les salaires des fonctionnaires.

Ces paiements, effectués au début de chaque mois, injectent une importante quantité de dollars sur le marché. Cela est significatif, car la masse monétaire en livres libanaises en circulation est estimée à environ 600 millions de dollars. Une telle injection contribue directement à stabiliser le taux de change.

 

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