Prise d'Alep: Abbas Araghchi assure à Bachar el-Assad le soutien total de l'Iran
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi (à gauche), rencontre le président syrien Bachar al-Assad (à droite) à Damas, le 1er décembre 2024. ©Ministère des Affaires étrangères iranien / AFP

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, est arrivé à Damas dimanche pour transmettre un message de soutien au gouvernement et aux forces armées syriennes, quelques jours après une offensive éclair des rebelles ayant conduit à la capture d'Alep, la deuxième plus grande ville du pays, ainsi que d'autres localités.

Araghchi aurait assuré au président syrien Bachar al-Assad, lors de leur rencontre, que Téhéran est prêt à fournir tout type de soutien à la Syrie.

Assad a souligné « l'importance du soutien des alliés et des amis pour faire face aux attaques terroristes soutenues par des forces étrangères », selon un communiqué de la présidence publié après la rencontre.

Araghchi a une nouvelle fois qualifié l'offensive rebelle de complot américain et israélien, promettant que « l'armée syrienne remportera à nouveau la victoire ».

Assad a juré de vaincre les « terroristes », quelles que soient l’ampleur de leurs attaques.

« Le terrorisme ne comprend que le langage de la force, et c’est ce langage que nous utiliserons pour le briser et l’éliminer, quels que soient ses soutiens et ses sponsors », a-t-il déclaré.

Les forces gouvernementales ont perdu le contrôle de la ville d'Alep dimanche pour la première fois depuis le début du conflit civil dans le pays, a déclaré un observatoire de guerre, après une offensive éclair qui a porté un coup sévère au président Bachar al-Assad.

Une alliance rebelle a lancé son assaut contre les forces du gouvernement, soutenu par l'Iran et la Russie, mercredi, le jour même où un cessez-le-feu fragile est entré en vigueur au Liban voisin entre Israël et le Hezbollah soutenu par l'Iran, après deux mois de guerre totale.

Le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) et des factions alliées contrôlent désormais « la ville d'Alep, à l'exception des quartiers contrôlés par les forces kurdes », a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahman, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme basé en Grande-Bretagne.

Pour la première fois depuis le début de la guerre civile, il y a plus de dix ans, « la ville d'Alep échappe au contrôle des forces du régime syrien », a-t-il ajouté.

L’Observatoire a indiqué que des avions russes ont mené dimanche des frappes meurtrières en soutien au gouvernement.

Il a précisé qu'au moins cinq personnes avaient été tuées lorsque « quatre frappes aériennes russes ont visé la place près de l’université d’Alep ».

Des frappes russes ont également tué huit civils, dont deux enfants et une femme, dans le bastion rebelle d'Idlib, a rapporté l'Observatoire.

À Idlib, une résidente, Umm Mohamed, a raconté avoir perdu sa belle-fille, laissant derrière elle cinq enfants, dont une petite fille blessée.

« Nous étions assis dans la pièce quand soudain nous avons entendu une explosion, les murs se sont effondrés sur nous », a-t-elle déclaré à l'AFP depuis l’hôpital.

« Avec la poussière, personne ne pouvait voir les autres... J'étais avec les cinq enfants de mon fils. Dieu merci, leurs blessures sont légères. »

En 2016, l'armée syrienne, soutenue par la puissance aérienne russe, avait repris les zones d'Alep contrôlées par les rebelles, une ville dominée par sa citadelle emblématique.

Damas s'était également appuyé sur les combattants du Hezbollah pour reconquérir de larges portions de la Syrie perdues au profit des rebelles au début de la guerre, commencée en 2011 après la répression des manifestations. Cependant, le Hezbollah a subi de lourdes pertes dans ses combats avec Israël.

Prises de chars

Plusieurs districts du nord d'Alep sont majoritairement habités par des Kurdes syriens sous l'autorité des Unités de protection du peuple (YPG), composante principale des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.

Avant cette offensive, le HTS, dirigé par l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, contrôlait déjà de larges portions de la région d’Idlib, dernier bastion majeur des rebelles dans le nord-ouest.

Le HTS détenait également des parties des provinces voisines d'Alep, de Hama et de Lattaquié.

Les récents combats ont fait plus de 370 morts, principalement des combattants mais aussi au moins 48 civils, selon l'Observatoire, qui dispose d’un réseau de sources en Syrie.

Selon l’Observatoire, les avancées rebelles ont rencontré peu de résistance.

Des images de l’AFP montrent des combattants posant avec des chars capturés.

Les rebelles ont affirmé avoir fait une trentaine de prisonniers parmi les forces gouvernementales, tandis qu’une trentaine d’autres auraient fait défection, selon leur chaîne Telegram.

Dimanche, l’Observatoire a rapporté que l’armée renforçait ses positions autour de Hama, la quatrième plus grande ville de Syrie, située à environ 230 kilomètres au sud d’Alep, et envoyait des renforts au nord de la province environnante.

Le ministère syrien de la Défense a déclaré que les unités de l’armée dans la province de Hama « ont renforcé leurs lignes défensives avec divers moyens de tir, équipements et personnel ».

Les rebelles ont pris des dizaines de villes dans le nord, dont Khan Sheikhoun et Maarat al-Numan, situées à mi-chemin entre Alep et Hama, selon l’Observatoire.

Un gouvernement affaibli

À Idlib dimanche, des corps jonchaient un hôpital et des véhicules étaient incendiés dans la rue, selon des images de l'AFP, après ce que l'Observatoire a décrit comme des frappes aériennes russes.

À Alep, un photographe de l'AFP a vu des véhicules carbonisés. Dans l'une des voitures, le corps d'une femme gisait affalé sur le siège arrière, un sac à main à ses côtés.

Les frappes russes sur certaines parties d'Alep sont les premières depuis 2016.

Aaron Stein, président de l’Institut de recherche en politique étrangère basé aux États-Unis, a déclaré que « la présence de la Russie s’est considérablement réduite et que les frappes aériennes rapides ont une utilité limitée ».

Il a qualifié l’avancée des rebelles de « rappel de la faiblesse du régime ».

Aron Lund, du think tank Century International, a affirmé que « Alep semble être perdue pour le régime... et un gouvernement sans Alep n’est pas vraiment un gouvernement fonctionnel de la Syrie ».

La « dépendance de la Syrie à la Russie et à l’Iran », combinée à son refus d’avancer dans le processus de paix de 2015 proposé par le Conseil de sécurité de l’ONU, « a créé les conditions actuelles », a déclaré le porte-parole du Conseil national de sécurité américain, Sean Savett.

Les États-Unis maintiennent des centaines de troupes dans le nord-est de la Syrie dans le cadre d’une coalition anti-jihadiste.

Avec Layal ABOU RAHAL / AFP

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