La situation en Syrie connaît une intensification des tensions, marquée par des affrontements majeurs sur plusieurs fronts et l’intervention accrue des puissances internationales. Des frappes américaines à l’arrivée de renforts en provenance d’Irak, en passant par les déclarations de Téhéran, ces interventions prolongent le chaos et dessinent un tableau toujours plus complexe du conflit en cours.
Frappes américaines contre les milices pro-iraniennes
Les États-Unis ont intensifié lundi leurs frappes aériennes sur des positions des groupes pro-iraniens en Syrie, en particulier dans la région stratégique de Deir ez-Zor, riche en ressources énergétiques.
Selon le Pentagone, ces frappes visent à protéger les forces américaines, concentrées notamment au nord-est de la Syrie (où se situe Deir ez-Zor) et dans la garnison d’Al-Tanf, en réponse aux menaces croissantes de ces groupes. Elles visent également à contrer l’influence iranienne dans cette région, utilisée par Téhéran pour transférer des armes vers ses positions dans l’ouest du pays.
L'Irak, un carrefour clé
Des dizaines de combattants des Hachd al-Chaabi, une coalition de groupes paramilitaires majoritairement pro-iranienne, ont traversé la frontière irako-syrienne près d’Al-Boukamal pour renforcer les troupes loyalistes dans le nord de la Syrie. Selon le média Al-Sharq al-Awsat, les Kataeb Hezbollah, membres de cette coalition, feraient partie de ces renforts, bien que le groupe ait réfuté toute action en ce sens.
La brigade Liwa Fatemiyoun, composée de combattants issus de la minorité chiite Hazara en Afghanistan et entraînée par l’Iran et le Hezbollah, a aussi été déployée pour apporter sa pierre à l’édifice. Les sources militaires syriennes jugent ces renforts cruciaux pour contenir l’avancée des insurgés qui ont infligé des pertes importantes aux forces gouvernementales, exacerbant une situation déjà difficile pour une armée syrienne en sous-effectif.
Qui plus est, des sources irakiennes ont confirmé à Sky News que l'Iran a envoyé par avion des dizaines de combattants du Hachd et des membres du Corps des gardiens de la révolution iraniens en Syrie. Par ailleurs, l'un de ces vols a été bloqué par l'armée de l'air israélienne au-dessus de la Syrie dans la nuit de samedi à dimanche, le forçant à retourner en Iran, selon des médias israéliens.
L’Iran maintient ses “conseillers militaires” en Syrie
Lors d’une conférence de presse qu’il a tenue lundi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a affirmé que Téhéran continuera de fournir un soutien militaire à son allié syrien.
“La présence de conseillers iraniens en Syrie n’est pas une nouveauté (...) et se poursuivra à l'avenir avec la volonté du gouvernement syrien”, a-t-il déclaré. Selon l’agence officielle iranienne Irna, cette position reflète l’engagement indéfectible de Téhéran auprès de Damas depuis le début de la guerre civile, en 2011.
Ces dernières années, l’Iran a payé un lourd tribut en Syrie, perdant plusieurs officiers, notamment lors des frappes israéliennes. Jeudi dernier, un général des Gardiens de la révolution a été tué dans des combats avec des groupes rebelles à Alep, confirme Irna.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a réitéré la détermination de son pays à fournir “tout le soutien nécessaire” à son allié syrien. Après une visite à Damas, M. Araghchi s’est rendu en Turquie où il a rencontré son homologue turc, Hakan Fidan, pour discuter du conflit syrien et des moyens de stabiliser la région, rapporte Irna.
Recrudescence des combats à Alep et Idleb
Les forces loyalistes font face à une offensive massive menée par des groupes rebelles, notamment Hayat Tahrir al-Cham, une coalition dominée par l’ex-Front al-Nosra. Ces derniers ont coordonné des attaques dans le nord de la Syrie, infligeant des pertes importantes à l’armée syrienne et s’emparant de plusieurs quartiers à Alep, selon Reuters.
En réponse, l’aviation syrienne et russe a intensifié ses frappes sur des positions rebelles dans la région d’Idleb. Ces raids ont également touché des zones résidentielles, causant d'importantes pertes civiles. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, une frappe russe aurait ciblé dimanche l’hôpital universitaire d’Alep, faisant 12 morts.
Le groupe des Casques blancs a signalé une situation humanitaire critique, avec des milliers de civils déplacés dans des camps déjà surpeuplés, selon la Défense civile syrienne.
L’aggravation des affrontements a conduit à une nouvelle vague de déplacements internes. Les organisations humanitaires peinent à faire face à l’afflux de civils cherchant refuge dans des zones relativement sûres, selon la Défense civile syrienne.
Cette montée des tensions en Syrie reflète les rivalités régionales et internationales qui s’y jouent. Entre les frappes américaines, l’implication croissante de l’Iran et les offensives rebelles, la Syrie redevient un terrain de confrontation où les enjeux locaux s’entrelacent avec des ambitions géopolitiques.
Dans une région où chaque intervention promet de redessiner les lignes de force, la Syrie reste prisonnière d’un conflit devenu le reflet des ambitions internationales. Entre frappes, renforts et offensives, une seule constante demeure: le poids écrasant de cette guerre sur une population à bout de souffle.
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