Les agents publics se mobilisent en France jeudi pour une journée d'action et de grève à l'appel des syndicats de la fonction publique afin d'ouvrir un front social en pleine crise politique, au lendemain de la chute du gouvernement de Michel Barnier sur une motion de censure adoptée par la gauche et le Rassemblement national.
Après les cheminots et les agriculteurs, l'exécutif se prépare à un nouvel avis de tempête sociale. En face, les syndicats doivent relever le défi de la mobilisation et réunir leurs troupes face à un gouvernement désormais démissionnaire, et face à l'abandon tacite des mesures qu'ils dénoncent.
En dépit de l'inconnue politique, cette journée doit permettre de lancer une "alerte sur la dégradation des conditions de travail et de rémunération en direction du futur gouvernement et des parlementaires qui auront à construire les prochaines lois de finances pour 2025", déclare Mylène Jacquot à l'AFP, secrétaire générale de la CFDT Fonction publique.
Des dizaines de rassemblements sont prévus en France à l'appel d'une intersyndicale large, notamment à Paris, près du ministère de l'Économie et des Finances. Un point presse de l'intersyndicale (CGT, CFDT, UNSA, FSU, CFE-CGC, Solidaires et FA-FP) est prévu sur place à 13H00, en présence notamment de la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Un cortège doit ensuite s'élancer vers la place d'Italie.
Le secteur de l'éducation devrait être particulièrement mobilisé, avec des perturbations à prévoir dans les écoles, mais il y en aura aussi dans les transports.
Rupture
La FSU-Snuipp, syndicat majoritaire dans le primaire, prévoit notamment "65% de grévistes" dans les écoles et jusqu'à "78% de grévistes et plus de 300 écoles fermées en Seine-Saint-Denis", tandis que le Snes-FSU, principal syndicat du secondaire, table sur "au moins 50% de grévistes dans les collèges et lycées".
Côté ciel, l'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes de réduire leurs programmes de vols pour la journée, et à Lille, l'aéroport restera fermé de jeudi soir 20H00 à vendredi 07H00, a indiqué la direction de l'aéroport.
L'annonce fin octobre par le gouvernement démissionnaire d'un plan de lutte contre l'"absentéisme" des fonctionnaires pour dégager 1,2 milliard d'euros d'économies a progressivement tendu les relations entre les syndicats d'agents et le ministre démissionnaire de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, avant d'aboutir à une rupture du dialogue social.
Le gouvernement justifiait ces dispositions par la nécessité de faire des "économies" pour relever des finances publiques en berne et ramener le déficit de 6,1% attendus en 2024 à 5% du PIB en 2025.
Les syndicats exigeaient notamment qu'il renonce à trois mesures qui ont cristallisé la colère des agents: le passage d'un à trois jours de carence pour les fonctionnaires malades, la réduction de 100% à 90% de la rémunération en cas d'arrêt maladie, et la non-reconduction du versement d'une prime en soutien au pouvoir d'achat.
Plus de sept mois après le dernier mouvement social -peu suivi- des fonctionnaires, "on est parti sur quelque chose de bien plus gros jeudi", selon Luc Farré, secrétaire général de l'UNSA fonction publique. Son organisation a décidé mi-novembre de ne plus siéger dans les "instances de dialogue social présidées par le ministre".
Par Thomas GROPALLO, AFP
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