Les équations pleines d'inconnues de Macron pour nommer un nouveau Premier ministre
Le président français Emmanuel Macron à Strasbourg, dans l'est de la France, le 23 novembre 2024. ©SARAH MEYSSONNIER / AFP

La balle est à nouveau à l'Elysée: Emmanuel Macron, qui veut nommer "rapidement" un nouveau Premier ministre et doit s'adresser aux Français jeudi à 20H00, est confronté à une équation ultracomplexe après la chute du gouvernement de Michel Barnier.

Tous ceux qui ont échangé avec le président l'affirment, il veut aller "vite" pour désigner un successeur, comme l'y invitent plusieurs responsables politiques.

Un proche assure qu'il "n'a pas le choix": il doit arriver à son allocution de jeudi soir avec un nom, pour ne pas laisser s'installer l'incertitude, néfaste sur les marchés et propice à la montée des appels à sa démission.

Un autre estime "possible" que le nouveau locataire de Matignon soit connu à temps pour la réouverture de Notre-Dame.

Repli sur la macronie

Le problème du chef de l'Etat est le même qu'à l'été: aucun des trois blocs parlementaires issus des législatives (gauche, centre/droite, extrême droite) n'a la majorité absolue.

Les deux noms qui circulent avec le plus d'insistance pour le poste de Premier ministre émanent du premier cercle présidentiel.

L'un d'eux est François Bayrou, le président du MoDem, allié historique d'Emmanuel Macron. Maintes fois candidat malheureux à Matignon, le dirigeant centriste, souvent présent dans les médias, se fait silencieux.

Mais ses proches vantent les vertus de ce "poids lourd" politique. Certains estiment que l'équation "n'a jamais été aussi bonne" pour le maire de Pau, assurant qu'il s'est rabiboché dernièrement avec l'influent secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler.

A l'inverse, un autre successeur putatif, le ministre des Armées Sébastien Lecornu, d'ordinaire taiseux, est omniprésent dans les médias.

Mais lui aussi est un fidèle d’Emmanuel Macron, seul à avoir été ministre sans discontinuer depuis 2017.

Le chef des députés de droite Laurent Wauquiez a prévenu que la participation du parti Les Républicains au gouvernement ne valait que pour Michel Barnier, même s'il ne fera "pas tomber" le futur exécutif. Et la gauche ne devrait pas accepter, a priori, la nomination d’un macroniste.

La survie d'un Bayrou ou d'un Lecornu dépendrait donc aussi du Rassemblement national, qui serait, selon plusieurs sources du camp présidentiel, disposé à faire preuve de bienveillance à leur égard.

Même socle

Si la seule option était de reconduire à l'identique le "socle commun", cet attelage fragile entre les macronistes et la droite qui soutenait Michel Barnier, quelle autre figure de LR pour l'incarner?

Un gouvernement Barnier 2 est exclu par tous.

Le patron des Hauts-de-France Xavier Bertrand, pressenti en septembre, a lui-même semblé s'écarter du jeu en rappelant jeudi matin sur BFMTV/RMC qu'il avait fait l'objet d'un veto de l'extrême droite en raison de son "combat contre le RN".

Le nom de l'ex-ministre chiraquien François Baroin, longtemps à la tête des maires de France et toujours édile de Troyes, a refait son apparition. Lui aussi discret, il "fait savoir" son intérêt par le poste, rapporte Le Parisien.

Mais toutes ces solutions risquent d'aboutir au même résultat qui a vu chuter les gouvernement.

Pacte de non censure

Les appels se multiplient donc pour élargir l'équation à une partie de la gauche, avec un "pacte de non censure" entre les socialistes, la macronie et LR.

Mais l'incarnation varie selon le camp où l'on se place.

Autour du président, les mêmes noms de Sébastien Lecornu et François Bayrou reviennent.

Tout en martelant qu'il n'était "candidat à rien", le ministre des Armées a plaidé jeudi sur RTL qu'il fallait "tout faire pour que les socialistes se détachent de La France insoumise" pour participer à une solution gouvernementale. "Je ne viens pas de la gauche, mais je suis un républicain", a-t-il souligné, précisant qu'il travaillait "avec la gauche républicaine" dans son département de l'Eure.

Les proches du patron du MoDem assurent aussi que ce dernier "n'est pas le plus mal placé" pour tendre la main à la gauche non-mélenchoniste.

D'autres noms macronistes sont cités, comme l'ex-ministre Roland Lescure voire la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet.

Emmanuel Macron pourrait également être tenté de rappeler l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve - mais il n'est pas en odeur de sainteté au PS.

Vu de la gauche, le Premier ministre doit être une émanation de l'alliance du Nouveau Front populaire arrivée en tête des législatives. Mais, à l'inverse des Insoumis, les socialistes se disent prêts à des compromis avec le bloc central, qui s'engagerait en retour à ne pas censurer un gouvernement de gauche.

 

Francesco Fontemaggi, avec AFP

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