Le leader des Kataëb, Samy Gemayel, a affirmé que le Liban se trouvait à un nouveau tournant de son histoire et que le cessez-le-feu représentait une opportunité de bâtir un avenir prometteur. “Notre objectif est de placer l'intérêt du Liban au premier plan, même si le cessez-le-feu n'a pas été négocié par l'État, mais par Israël et le Hezbollah” a-t-il déclaré. En effet, a-t-il ajouté, “les négociations ont eu lieu entre l'Iran et Israël, en l’absence de la partie libanaise; les factions libanaises servaient de médiateurs entre le Hezbollah et Israël, et le gouvernement n'était pas impliqué en tant que un partenaire”.
M. Gemayel a insisté sur le fait que seules les armes détenues par l'armée libanaise devraient être autorisées. “Nous ne ferons pas marche arrière. Il n'y aura pas de coexistence avec des armes. La balle est dans le camp du Hezbollah; s'il ne se conforme pas, nous nous dirigerons vers un divorce", a-t-il déclaré.
Deux scénarios
Dans une intervirew accordée jeudi soir à l’émission “Sar el-Wa’et” sur la chaîne locale MTV, le député Kataëb a jugé que dans le contexte actuel, deux options s'offrent au Liban.
La première consiste à ce que le Hezbollah accepte de remettre ses armes à l'armée libanaise dans le cadre d'un accord interlibanais. “Le Hezbollah doit faire le choix de réintégrer pleinement le giron libanais et de permettre une transition en douceur, sans chercher à contourner cette démarche", a-t-il affirmé.
La seconde option, plus risquée, serait celle d'une confrontation que le Hezbollah pourrait mener, que ce soit contre Israël ou contre l'armée libanaise, si le groupe ne respectait pas les termes de l’accord de cessez-le-feu. Cette voie conduirait le pays à la guerre.
M. Gemayel a longuement insisté sur l'importance cruciale de revenir aux institutions étatiques comme seul moyen de garantir une issue positive. “Le fait que les députés du Hezbollah se soient réfugiés au Parlement pendant les bombardements montre que seules les institutions étatiques peuvent protéger l'ensemble des Libanais”, a-t-il poursuivi. “En sacrifiant le Liban pour les intérêts de l’Iran, tout le monde en a payé le prix”, a-t-il ajouté.
Une commission de réconciliation
Tout au long de son entretien télévisé, M. Gemayel a plaidé pour l’élaboration d’un véritable “chantier” de réconciliation, à l’instar de ceux menés en Afrique du Sud après la fin de l’apartheid, ou en Irlande. Selon lui, la seule solution durable au problème libanais réside dans l’organisation d’un congrès où les Libanais mettraient toutes les cartes sur la table, en toute transparence. Il a également insisté sur la nécessité d’appliquer pleinement les dispositions de l’accord de Taëf pour éviter tout retour en arrière.
Le Hezb est-il divisé?
Quant à l'éventualité de divisions au sein du Hezbollah, Samy Gemayel a suggéré l’existence d’opinions divergentes au sein du groupe. Il a distingué le discours du secrétaire général du Hezbollah, Naïm Qassem, qui semble contourner les résolutions 1559 et 1701 (alors qu'il a accepté le cessez-le-feu), des positions d’autres membres du groupe pro-iranien. “Il y a deux tendances au sein du Hezbollah: celle qui veut persister dans la même approche et celle qui aspire à une ‘libanisation’”, a-t-il expliqué.
M. Gemayel a également affirmé que, dès lors que le Hezbollah est intervenu en Syrie, il a perdu la légitimité de se présenter comme un mouvement de "résistance". Il a ajouté que les Libanais ne sont plus disposés à coexister avec les armes du groupe pro-iranien, déclarant que le triptyque “armée, peuple, résistance” n’a plus lieu d’être.
Qui sera élu président?
Le chef des Kataëb a précisé qu'il ne fallait pas abandonner le candidat Jihad Azour, soutenu par l'opposition lors de la tentative précédente d'élection en juin 2023. Selon le député du Metn, “il est inutile de changer de candidat, sachant que ce n'est pas tous les jours qu'on peut trouver un candidat sur lequel Gebran Bassil et Samir Geagea sont d'accord”.
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