La Russie juge inadmissible une Syrie sous contrôle \
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, s'exprime lors du Forum de Doha dans la capitale qatarie, le 7 décembre 2024. ©Mahmud HAMS / AFP

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé samedi que la Syrie ne pouvait tomber sous le contrôle de "terroristes" à la suite de l'offensive fulgurante de rebelles qui ont pris des pans entiers du pays.

M. Lavrov a discuté de la Syrie avec ses homologues de Turquie et d'Iran en marge du Forum de Doha, une conférence internationale qui se tient annuellement au Qatar.

Ces trois pays sont partenaires depuis 2017 du processus dit d'Astana initié pour faire taire les armes en Syrie, théâtre d'une guerre civile depuis 2011, sans être pour autant alignés du même côté du champ de bataille.

"Il est inadmissible de permettre à un groupe terroriste de prendre le contrôle de territoires en violation des accords existants, à commencer par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU qui réaffirme fermement la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'unité de la République arabe syrienne", a déclaré M. Lavrov, faisant référence à une résolution de 2015 pour un règlement politique en Syrie.

Après la réunion, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a affirmé que les trois États étaient d'accord sur "un dialogue entre le gouvernement syrien et les groupes d'opposition légitimes".

L'Iran et la Russie sont de longue date des soutiens inconditionnels du président syrien, Bachar al-Assad. Quant à la Turquie, elle a soutenu des rebelles syriens lors du soulèvement de 2011 et observe avec bienveillance les progrès des mouvements des insurgés.

"Aucune initiative"

Cependant, la situation a changé de manière drastique ces derniers jours dans le pays où les rebelles disent vouloir renverser le régime.

Les groupes rebelles mènent depuis le 27 novembre une offensive fulgurante à travers la Syrie et ont affirmé samedi avoir commencé la "phase finale de l'encerclement" de Damas, alors que les forces gouvernementales ont nié s'être retirées de zones proches de la capitale.

Le Qatar, qui a aussi soutenu les rebelles lors du soulèvement de 2011, reste très critique à l'égard de M. Assad, mais appelle à une fin négociée des combats.

S'exprimant devant le Forum de Doha, son Premier ministre, cheikh Mohammad ben Abdelrahmane Al-Thani, a accusé le président syrien de ne pas avoir "saisi l'occasion de dialoguer et de rétablir (la confiance) avec son peuple," disant n'avoir constaté "aucune initiative sérieuse sur le retour des réfugiés ou la réconciliation" nationale.

Le conflit en Syrie a été déclenché après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile en 2011. Il a fait plus d'un demi-million de morts, des millions de réfugiés et morcelé le pays.

Avant la réunion tripartie, M. Araghchi s'est entretenu avec son homologue turc, Hakan Fidan, et l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. "J'ai eu une conversation très franche et directe avec le ministre des Affaires étrangères de la Turquie et l'émir du Qatar", a déclaré M. Araghchi à la presse.

"Danger général"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit samedi "souhaiter" que la Syrie "trouve la paix dont elle rêve depuis treize ans" et le début du soulèvement écrasé dans le sang. 

Depuis le 27 novembre, une coalition de rebelles, menée par le groupe islamiste radical Hay’at Tahrir al-Sham (HTS), s'est emparée de dizaines de localités et des villes stratégiques d'Alep, deuxième ville du pays (nord), et de Hama (centre). Il s'agit de l'avancée la plus spectaculaire en 13 ans de guerre en Syrie.

Vendredi, les ministres des Affaires étrangères d'Irak, d'Iran et de Syrie avaient mis en garde contre le danger auquel s'expose la région en raison du conflit en Syrie.

"Menacer la sécurité de la Syrie représente un danger général pour la stabilité de toute la région", ont souligné les ministres dans une déclaration commune publiée à l'issue d'une réunion à Bagdad.

Avec AFP

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