Syrie : la diaspora célèbre la chute d'Assad lors de manifestations en Europe
Un manifestant tient un drapeau de l'opposition syrienne tandis que des membres de la communauté syrienne scandent des slogans sur la place Syntagma d'Athènes pour célébrer la fin du régime du dictateur syrien Bachar el-Assad ©Angelos TZORTZINIS / AFP

"Enfin nous sommes libres !", lance Bassam Al Hamada, 39 ans, sourire aux lèvres. En Allemagne, où vit la plus grande diaspora syrienne de l'UE, ainsi que dans de nombreuses villes d'Europe, des milliers de manifestants ont fait éclater leur joie dimanche après la chute d'Assad.

L'Allemagne compte environ un million de Syriens, arrivés pour la plupart après le déclenchement de la guerre civile en 2011, notamment lors de la "crise migratoire" de 2015, avec une importante communauté installée à Berlin.

De la Grèce --qui fut la porte d'entrée de l'Union de centaines de milliers de Syriens fuyant la guerre civile en 2015 et 2016-- à la Suède, deuxième pays à avoir accueilli le plus grand nombre de Syriens après l'Allemagne dans l'UE, en passant par le Royaume-Uni, des rassemblements ont eu lieu, réunissant à chaque fois des centaines ou milliers de personnes.

À Berlin, sur une grande place du quartier populaire de Kreuzberg, quelque 5.000 manifestants, selon la police, ont agité des drapeaux vert, blanc, noir et rouge, où l'on pouvait parfois lire "Syrie libre" ou "liberté".

Même liesse sur l’esplanade en face du Parlement dans le centre d’Athènes, où la foule a scandé "Allah, Syrie, liberté !" et "ensemble, ensemble, ensemble". À Stockholm, où la télévision TV4 a rapporté le déploiement du drapeau de l’opposition syrienne sur le mât de l’ambassade de Syrie et à Vienne, où il était écrit "liberté" sur les drapeaux.

Sur Trafalgar Square au centre de Londres, des centaines de manifestants ont chanté: "La Syrie est à nous, pas à la famille Assad".

À Berlin, beaucoup étaient venus en famille, avec femmes et enfants, aux visages peints aux couleurs nationales de la Syrie, dans une ambiance relativement calme, malgré le lancement de quelques fumigènes. La police locale avait mobilisé plusieurs centaines d'agents pour assurer la sécurité.

Malgré la pluie fine, le temps gris et froid, l'ambiance était à l'allégresse dans la capitale allemande, beaucoup faisaient le "V" de la victoire en chantant. Des cris "Allah akbar !" ("Dieu est le plus grand !"), ont aussi retenti dans la foule.

Aider à la reconstruction du pays

À la lumière des bouleversements en Syrie, l'extrême droite allemande, qui a beaucoup prospéré sur les craintes générées dans une partie de l'opinion par l'arrivée des migrants, rejette par avance tout nouveau "flux migratoire". "Les frontières sont fermées, nous n'acceptons plus personne!", a lancé dimanche sa principale dirigeante Alice Weidel, sur X.

"Comme beaucoup de Syriens, je voudrais retourner dans mon pays pour aider à le reconstruire", affirme pour sa part Bassam Al Hamada, qui est travailleur social après avoir fui Raqqa (centre) et être arrivé en Allemagne début 2016.

Sa compatriote Sabreen, 36 ans, venue également au grand rassemblement berlinois pour exprimer son soulagement après le départ de Bachar al-Assad, compte pour le moment "aider depuis l'Allemagne".

"Si nous retournons maintenant en Syrie, nous ne leur apportons pas grand chose. Il y a déjà sur place des ingénieurs, des médecins et des travailleurs spécialisés", explique à l'AFP cette architecte arrivée il y a huit ans de Tartous, grande ville côtière du pays.

Juger Assad

Beaucoup de manifestants demandent que Bachar al-Assad soit jugé devant un tribunal international.

"Assad est le plus grand terroriste que l'on puisse imaginer", lance Ahmad al-Hallabi, qui a fui la Syrie en passant par la Turquie et la Grèce en 2015.

Accompagné de ses deux enfants, cet homme de 27 ans est venu exprimer son soulagement dans le quartier voisin de Neukölln.

"Il y a dix ans, j'étais en Syrie et j'ai vu des choses que personne ne devrait voir, des choses que l'on oublie pas", dit ce mécanicien, originaire d'Alep. "J'espère la paix et que tout ce qu'Assad et ses gens ont détruit soit reconstruit", veut-il croire.

 

 Céline Le Prioux, avec AFP

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