©Le prince héritier Mohammed Ben Salmane, à l’Expo universelle 2020 à Dubaï, en présence de Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, le 8 décembre 2021. (Photo : AFP)
Cette tournée d’une importance capitale vise à asseoir sa légitimité auprès de ses partenaires et alliés arabes, à l’approche du prochain Conseil de Coopération du Golfe.
En entreprenant une tournée dans les pays du Golfe, celui qui dirige de facto l’Arabie Saoudite entend peser davantage sur la scène régionale. Mohammed ben Salmane, dit « MBS », se trouve au Qatar depuis mercredi soir, après une visite à Oman et aux Emirats Arabes Unis, dans le cadre d'une tournée régionale en vue du sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) mi-décembre. Il a visité l'Exposition universelle 2020 à Dubaï, au lendemain d'une rencontre avec le prince héritier d'Abou Dhabi et homme fort des Emirats, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dit MBZ. « Les relations excellentes entre nos deux pays ne font que se renforcer », a affirmé mardi soir le prince héritier d'Abou Dhabi, selon l'agence officielle des Emirats WAM.
Pour Firas Maksad, politologue et professeur à l’université George Washington, « Mohammed Ben Salmane a l’ambition de réaffirmer son autorité au sein du prochain Conseil de Coopération du Golfe qui se tiendra fin décembre, en Arabie Saoudite. Cela explique sa tournée actuelle, au moment où le leadership du CCG est défié, par exemple par des États membres qui prennent des initiatives unilatérales, que ce soit avec la Turquie, l’Iran ou même Israël, initiatives qui ne sont pas nécessairement coordonnées avec le royaume ».
« Les récents pourparlers sur le nucléaire iranien à Vienne, qui ne semblent pas aller dans la bonne direction, inquiètent les puissances du Golfe. En cas de non accord, la région pourrait basculer dans une dangereuse escalade. C’est une donnée fondamentale pour les intérêts et la sécurité des États membres du CCG », selon Firas Maksad.
Lors de la visite d’Emmanuel Macron à Djeddah, l’absence du roi Salmane, resté dans la capitale, a alimenté les doutes. En réalité, cela confirme la lente transition au sein de la monarchie saoudienne, selon un analyste contacté par Ici Beyrouth. « Macron est venu pour voir MBS et non pas le roi. C’est un message de la France pour confirmer la légitimité de MBS. C’est dans cette conjoncture que s’amorce sa tournée générale dans les pays du Golfe qui est d’une importance capitale », selon cette source. Le président français est le premier chef d’État occidental à avoir renoué le contact avec Mohammed Ben Salmane, trois ans après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi qui a durablement entaché son image.
Concernant la récente visite d’un haut responsable émirati à Téhéran, le lundi 6 décembre, celle-ci ne semble pas avoir été coordonnée avec son allié saoudien. « C’est une décision tout à faire indépendante prise par MBZ. Les Émirats veulent montrer qu’il n’ont de problème avec personne, dans la région et partout ailleurs, en développant leur propre politique indépendante », selon la source précitée.
Contrecarrer l’influence iranienne
Sur le long terme, l’Arabie saoudite peut-elle faire face aux Houthis financés et armés par l’Iran ? Le Wall Street Journal rappelle dans son édition du 7 décembre que pas moins de 375 missiles balistiques ont été tirés vers le royaume saoudien, pour l’année en cours. Équipé d’un bouclier anti-missile Patriot pour intercepter les attaques, le pays se trouverait néanmoins en difficulté d’approvisionnement, selon le WSJ qui s’appuie sur des sources diplomatiques.
A titre de comparaison, un drone d’attaque des Houthis coûterait 10 000$ selon le journal, tandis qu’un missile Patriot coûterait 1 million de dollars au royaume saoudien.
« C’est un conflit en cours qui tourne à l’avantage du royaume. Cette semaine, le Congrès américain n’a pas réussi à faire passer une loi qui interdit la vente de munitions à l’Arabie saoudite. Des sénateurs comme Chris Murphy, qui s’est longtemps opposé à la guerre menée au Yémen, est maintenant en faveur de la vente de munitions au royaume pour contrecarrer l’influence iranienne », souligne Firas Maksad.
Pour le politologue, « les Houthis et l’Iran ne souhaitent tout simplement pas négocier sérieusement une fin du conflit au Yémen. Par conséquent, je dirai que les lignes bougent en faveur de l’Arabie. La récente offensive des Houthis a vu une réplique du royaume contre des positions houthies et des Gardiens de la révolution (IRGC) à Sanaa. Les Etats-Unis ont donné leur feu vert à cette réplique d’ampleur. Cela reflète le changement d’appréciation en cours à Washington au regard du conflit yéménite ».
Au regard des derniers développements, l’issue de la bataille de la ville de Maareb sera décisive pour sanctuariser – ou non – le sud de l’Arabie. Une déstabilisation des provinces du sud pourrait survenir, le cas échéant, selon une source bien informée. « C’est une guerre d’usure. Le missile lancé en direction de Riyad ce mardi témoigne de la nervosité actuelle des Houthis, affaiblis sur la scène régionale ». La Coalition arabe a annoncé mercredi la mort de 96 combattants Houthis dans les dernières frappes.
En entreprenant une tournée dans les pays du Golfe, celui qui dirige de facto l’Arabie Saoudite entend peser davantage sur la scène régionale. Mohammed ben Salmane, dit « MBS », se trouve au Qatar depuis mercredi soir, après une visite à Oman et aux Emirats Arabes Unis, dans le cadre d'une tournée régionale en vue du sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG) mi-décembre. Il a visité l'Exposition universelle 2020 à Dubaï, au lendemain d'une rencontre avec le prince héritier d'Abou Dhabi et homme fort des Emirats, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dit MBZ. « Les relations excellentes entre nos deux pays ne font que se renforcer », a affirmé mardi soir le prince héritier d'Abou Dhabi, selon l'agence officielle des Emirats WAM.
Pour Firas Maksad, politologue et professeur à l’université George Washington, « Mohammed Ben Salmane a l’ambition de réaffirmer son autorité au sein du prochain Conseil de Coopération du Golfe qui se tiendra fin décembre, en Arabie Saoudite. Cela explique sa tournée actuelle, au moment où le leadership du CCG est défié, par exemple par des États membres qui prennent des initiatives unilatérales, que ce soit avec la Turquie, l’Iran ou même Israël, initiatives qui ne sont pas nécessairement coordonnées avec le royaume ».
« Les récents pourparlers sur le nucléaire iranien à Vienne, qui ne semblent pas aller dans la bonne direction, inquiètent les puissances du Golfe. En cas de non accord, la région pourrait basculer dans une dangereuse escalade. C’est une donnée fondamentale pour les intérêts et la sécurité des États membres du CCG », selon Firas Maksad.
Lors de la visite d’Emmanuel Macron à Djeddah, l’absence du roi Salmane, resté dans la capitale, a alimenté les doutes. En réalité, cela confirme la lente transition au sein de la monarchie saoudienne, selon un analyste contacté par Ici Beyrouth. « Macron est venu pour voir MBS et non pas le roi. C’est un message de la France pour confirmer la légitimité de MBS. C’est dans cette conjoncture que s’amorce sa tournée générale dans les pays du Golfe qui est d’une importance capitale », selon cette source. Le président français est le premier chef d’État occidental à avoir renoué le contact avec Mohammed Ben Salmane, trois ans après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi qui a durablement entaché son image.
Concernant la récente visite d’un haut responsable émirati à Téhéran, le lundi 6 décembre, celle-ci ne semble pas avoir été coordonnée avec son allié saoudien. « C’est une décision tout à faire indépendante prise par MBZ. Les Émirats veulent montrer qu’il n’ont de problème avec personne, dans la région et partout ailleurs, en développant leur propre politique indépendante », selon la source précitée.
Contrecarrer l’influence iranienne
Sur le long terme, l’Arabie saoudite peut-elle faire face aux Houthis financés et armés par l’Iran ? Le Wall Street Journal rappelle dans son édition du 7 décembre que pas moins de 375 missiles balistiques ont été tirés vers le royaume saoudien, pour l’année en cours. Équipé d’un bouclier anti-missile Patriot pour intercepter les attaques, le pays se trouverait néanmoins en difficulté d’approvisionnement, selon le WSJ qui s’appuie sur des sources diplomatiques.
A titre de comparaison, un drone d’attaque des Houthis coûterait 10 000$ selon le journal, tandis qu’un missile Patriot coûterait 1 million de dollars au royaume saoudien.
« C’est un conflit en cours qui tourne à l’avantage du royaume. Cette semaine, le Congrès américain n’a pas réussi à faire passer une loi qui interdit la vente de munitions à l’Arabie saoudite. Des sénateurs comme Chris Murphy, qui s’est longtemps opposé à la guerre menée au Yémen, est maintenant en faveur de la vente de munitions au royaume pour contrecarrer l’influence iranienne », souligne Firas Maksad.
Pour le politologue, « les Houthis et l’Iran ne souhaitent tout simplement pas négocier sérieusement une fin du conflit au Yémen. Par conséquent, je dirai que les lignes bougent en faveur de l’Arabie. La récente offensive des Houthis a vu une réplique du royaume contre des positions houthies et des Gardiens de la révolution (IRGC) à Sanaa. Les Etats-Unis ont donné leur feu vert à cette réplique d’ampleur. Cela reflète le changement d’appréciation en cours à Washington au regard du conflit yéménite ».
Au regard des derniers développements, l’issue de la bataille de la ville de Maareb sera décisive pour sanctuariser – ou non – le sud de l’Arabie. Une déstabilisation des provinces du sud pourrait survenir, le cas échéant, selon une source bien informée. « C’est une guerre d’usure. Le missile lancé en direction de Riyad ce mardi témoigne de la nervosité actuelle des Houthis, affaiblis sur la scène régionale ». La Coalition arabe a annoncé mercredi la mort de 96 combattants Houthis dans les dernières frappes.
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