Quelques jours après la chute du régime de Bachar el-Assad, la livre syrienne a enregistré une nette amélioration face au dollar américain sur les marchés locaux, avec un taux oscillant entre 13.000 et 15.000 livres pour un dollar. Ce redressement marque une reprise significative après l'effondrement récent de la monnaie, qui avait atteint près de 60.000 livres pour un dollar sur le marché noir. Depuis 2011, année du début du soulèvement réprimé par le régime et transformé en guerre civile, les Syriens ont traversé des épreuves économiques et sociales considérables, avec une flambée des prix, un effondrement de la livre syrienne et une pénurie alimentaire sévère.
Le 7 décembre 2024, les factions de l’opposition syrienne ont pris le contrôle de Damas après le retrait des forces du régime des institutions publiques et des rues, suivi de l’annonce de la fuite de Bachar el-Assad. Après la chute du régime, la Banque centrale syrienne a suspendu ses activités avant de rouvrir ses agences à travers les provinces en milieu de semaine. Elle reste actuellement sous la direction de son gouverneur, Mohammed Issam Hazima, en poste depuis 2021, et de sa vice-gouverneure, Mayssa Sabreen.
Des sources ont indiqué à l'agence Reuters que, malgré les perturbations qui ont brièvement secoué Damas après la chute du régime, les coffres principaux de la Banque centrale n'ont pas été pillés. Le président de la Chambre de commerce de Damas, Bassel Hamawi, a confirmé que certaines sommes avaient été volées dans le bâtiment de la Banque centrale, mais que les coffres principaux étaient restés intacts. Cependant, la Banque centrale n'a pas publié de données sur ses réserves monétaires disponibles depuis plus de dix ans, dont le montant exact demeure inconnu.
Dans une récente déclaration au journal italien Corriere della Sera, le Premier ministre chargé de gouvernement de transition, Mohammad el-Bachir, a révélé que les coffres de l'État ne contiennent que des billets en livres syriennes. Il a également confirmé que la Syrie manque actuellement de liquidités en devises étrangères et que le gouvernement poursuit la collecte des données concernant les prêts et les obligations.
En outre, les sanctions internationales restent un sujet central, puisque la Syrie fait face à des mesures restrictives imposées par les États-Unis et l'Union européenne, ainsi qu'à la désignation de Hay'at Tahrir al-Cham (HTC) comme groupe terroriste. Malgré les efforts de l'organisation pour apaiser les inquiétudes liées à son passé, elle reste inscrite sur les listes terroristes des États-Unis, de l'Union européenne, de la Turquie et d'autres pays.
Dans ce contexte, le ministère suisse de l'Économie a révélé que les actifs syriens gelés dans les banques suisses, en raison des sanctions, sont évalués à 112 millions de dollars. Il a précisé que ces fonds ne sont pas associés à l'ex-président Bachar el-Assad. En effet, ces fonds ont été gelés en vertu des sanctions adoptées par la Suisse en 2011, en coordination avec l'Union européenne, et en réponse aux violations des droits de l'homme commises par Assad et ses alliés. Aujourd'hui, la liste des sanctions suisses comprend 318 personnes et 87 entités liées à la Syrie et à son ancien président.
Le régime de Bachar el-Assad a laissé la Syrie dans une situation économique exsangue, marquée par l'effondrement des infrastructures à cause des politiques menées, en particulier après le déclenchement de la guerre civile en 2011. La reconstruction du pays s'annonce comme un défi colossal, après treize années de guerre ayant causé la mort de centaines de milliers de personnes et la destruction de villes entières. Des millions de réfugiés vivent encore dans des camps, après l'une des plus grandes vagues de déplacement humain de l'ère moderne.
Selon les données de la Banque mondiale, des Nations unies et du Fonds monétaire international (FMI), le PIB de la Syrie a diminué de plus de 85% entre 2011 et 2023, ne s'élevant plus qu'à 9 milliards de dollars. Il est prévu que l'économie syrienne continue de se contracter en 2024.
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