EDL: retour en arrière à Beyrouth, les Libanais toujours otages des générateurs
La crise énergétique: les Libanais, otages des générateurs. ©Ici beyrouth

Un mois à peine après la formation du gouvernement de Nawaf Salam, les Libanais constatent avec stupeur un recul inattendu dans la fourniture d’électricité publique. Dans certains secteurs de Beyrouth et ses environs, les heures d’alimentation assurées par Électricité du Liban (EDL) sont passées de neuf heures à six heures par jour.

Ce recul brusque, survenu à contre-courant des attentes, ravive l’exaspération d’une population épuisée par des années de rationnement énergétique. Dans un pays où l'on rêve encore de payer une seule facture d'électricité, comme c’est le cas partout ailleurs dans le monde, les ménages libanais doivent continuer à jongler entre EDL et les générateurs privés, véritables maîtres du jeu dans le quotidien énergétique national.

Et cette dépendance ne fait que s'aggraver: les propriétaires de générateurs de quartier, auxquels les familles restent désespérément attachées, profitent de la situation pour ajuster, et souvent augmenter, leurs tarifs, quel que soit le cours du baril de Brent, auquel ces prix sont supposément liés. Hausse ou baisse des prix du pétrole, tout devient prétexte à surfacturation, dans un secteur où l’opacité règne en maître et où aucune régulation sérieuse ne vient protéger les consommateurs.

Production limitée, vision à long terme

Le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Joe Saddi, l’a affirmé sans détour: pas question de colmater les brèches ou de recourir à des solutions provisoires. Il plaide au contraire pour des réformes structurelles et durables, capables de remettre le secteur de l’énergie sur les rails et de lui offrir une véritable perspective de redressement à long terme.

Un positionnement qui a du sens, à condition toutefois de ne pas négliger la nécessité de gérer l’urgence, sous peine de compromettre la survie quotidienne de millions de foyers. Car si l’ambition de transformation est salutaire, l’absence de réponse aux besoins immédiats pourrait aggraver la fracture énergétique.

Les données sont désormais claires: la capacité de production actuelle plafonne à 1.200 mégawatts, alors que la demande réelle dépasse les 3.800 mégawatts. Autrement dit, même avec un financement suffisant pour importer le carburant requis, l’alimentation électrique ne dépasserait pas huit à dix heures par jour. Parallèlement, il faut compter les pertes, qui se chiffrent à 10% sur le plan technique et à 30% sur le plan non technique (essentiellement vols ou branchements illégaux), tandis que le taux de recouvrement des factures stagne à 60%.

Dans cette équation déséquilibrée, les régions qui s’acquittent de leurs factures dans les délais devraient être naturellement mieux servies que celles qui négligent leurs obligations – un principe de justice énergétique, légitime, par ailleurs.

Joe Saddi semble aujourd’hui avoir misé sur le plan national de redressement durable, reléguant au second rang le plan d’urgence national. Pourtant, une articulation intelligente des deux approches – l’urgence d’un côté, la réforme en profondeur de l’autre – serait sans doute plus bénéfique pour les citoyens qui continuent, bon gré mal gré, à remplir leurs obligations dans un système encore largement défaillant.

Deux vitesses pour une même crise énergétique

Entre-temps, la Syrie a signé un protocole d’accord pour la construction de cinq centrales électriques d’une capacité totale de 5.000 mégawatts (soit plus de 60% de la capacité installée en Syrie en 2010, estimée à environ 8.500 mégawatts), avec un investissement étranger évalué à quelque 7 milliards de dollars. Cet accord n’est pas seulement un événement majeur au niveau socio-économique, mais aussi sur le plan politique, puisque des entreprises qataries, américaines et turques participeront conjointement au projet.

Ce projet d’investissement est porté par un consortium de quatre entreprises (l’investisseur), dirigé par Urbacon Holding à travers sa filiale UCC Concessions Investments, une société qatarie spécialisée dans les concessions en énergie et en construction.
Le consortium comprend également:

  • Power International USA, LLC, entreprise américaine spécialisée dans les investissements stratégiques dans le secteur de l’énergie;
  • Kalyon GES Enerji Yatırımları, société turque investissant et développant des projets dans les énergies renouvelables;
  • Cengiz Enerji San. ve Tic., entreprise turque spécialisée dans le développement et l’exploitation de projets énergétiques.

 

 

 

 

 

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