La série animée Les Simpson, phénomène mondial depuis trente-cinq ans, continue de marquer l’histoire. Philippe Peythieu et Véronique Augereau, voix françaises iconiques d’Homer et Marge, partagent leur parcours, leurs défis face à l’intelligence artificielle et leur passion intacte.
Depuis son lancement sur la chaîne Fox le 17 décembre 1989, Les Simpson est devenue une série culte, comptant près de 800 épisodes. Diffusée en France depuis 1990, elle est aujourd’hui la série d’animation la plus longue de l’histoire de la télévision. Bien plus qu’une simple comédie, elle explore les réalités sociales et culturelles avec un humour satirique percutant. Parmi ses piliers, les voix françaises d’Homer et Marge Simpson, interprétées par Philippe Peythieu et Véronique Augereau, forment un duo incontournable. À l’occasion des trente-cinq ans de la série, ils reviennent sur leur aventure, l’évolution du programme et les enjeux posés par l’intelligence artificielle dans leur métier.
Vous avez découvert Les Simpson lors de castings fin 1989. Imaginiez-vous un tel succès?
Véronique Augereau (VA): Non, pas du tout. D’ailleurs, la première saison ne comptait que 13 épisodes. Les Américains voulaient tester une série qui allait à l’encontre des programmes habituels. Les dessins étaient bien plus grossiers qu’aujourd’hui et ce n’était pas vraiment joli.
Philippe Peythieu (PP): Nous avons pris conscience de l’intérêt suscité par la série vers la troisième ou quatrième saison.
VA: Le succès a pris une ampleur incroyable avec la sortie du film en 2007. La Fox a eu l’intelligence de nous mettre en avant sur tous les médias, partout.
La particularité, c’est que vous êtes aussi mari et femme dans la vraie vie.
PP: Oui, cela a beaucoup plu comme argument marketing. Le créateur Matt Groening nous a dit: “Nous, on n’a pas arrêté de divorcer dans nos équipes, et vous, vous êtes le deuxième couple le plus célèbre de l’animation, après les voix américaines de Mickey et Minnie (Wayne Allwine et Russi Taylor).”
Q: Aimeriez-vous poursuivre cette aventure encore trente-cinq ans?
VA: Nous avons la chance d’enregistrer actuellement la 36ᵉ saison, qui devrait sortir en France sur Disney+ en 2025. À ce stade, on sait généralement s’il y aura une suite, mais pour l’instant, ce n’est pas confirmé.
PP: Tant qu’aucune fin n’est annoncée, on considère que ça continue. Aux États-Unis, c’est une période de négociation pour savoir s’il y aura une ou deux saisons supplémentaires. On reste fébriles.
Votre métier est-il menacé par l’intelligence artificielle (IA)?
PP: Oui, c’est un danger réel. L’IA pourrait nous remplacer. On pourrait habituer le jeune public à des voix artificielles, mais c’est un véritable vol de nos voix.
VA: L’IA possède un quotient intellectuel immense, elle est nourrie de données en continu. Mais elle n’a pas notre quotient émotionnel. Nos émotions peuvent encore nous sauver, et j’espère que ce sera le cas pendant longtemps.
Les syndicats, sociétés de doublage et commanditaires négocient actuellement. Que réclamez-vous?
PP: La priorité est d’interdire l’IA dans nos métiers. Ensuite, il sera possible de réfléchir à son utilisation, dans des conditions précises et avec notre consentement. Il est urgent de nous protéger par des contrats solides et des lois, y compris au niveau européen.
La société a évolué en trente-cinq ans. Quelle est votre position sur la polémique autour du personnage d’Apu?
VA: Dans notre culture, on ne réagit pas aussi violemment. Cela nous a semblé un peu exagéré.
PP: C’était excessif. L’humour permet de se moquer de tout. Dans la version française, Patrick Guillemin avait donné à Apu un accent portugais, et cela nous faisait rire. Aux États-Unis, l’accent indien a heurté la communauté, et le personnage a été retiré. C’est dommage, car Les Simpson ont toujours abordé tous les sujets de société avec beaucoup d’intelligence.
Avec AFP
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