La Banque centrale européenne baissera de nouveau ses taux d'intérêt si la désinflation se confirme, a déclaré lundi sa présidente, Christine Lagarde, qui a mis en exergue le risque de protectionnisme aux États-Unis, lequel peut nuire à la croissance en zone euro.
"Si les données qui arrivent continuent de confirmer notre scénario de base", qui prévoit un retour de l'inflation à la cible de 2%, courant 2025, alors "la direction est claire: nous prévoyons de baisser davantage les taux d'intérêt", a déclaré Mme Lagarde lors d'un discours prononcé à Vilnius, en Lituanie.
La BCE peut se permettre d'emprunter ce chemin, car l'environnement en zone euro a radicalement changé depuis le pic d'inflation à plus de 10%, observé à l'automne 2022.
Deux ans plus tard, l'inquiétude porte davantage sur des "perspectives de croissance plus faibles que prévu et une incertitude accrue, liée aux événements géopolitiques", a déclaré Mme Lagarde.
"L'incertitude géopolitique croissante pourrait créer de nouveaux chocs dans le sentiment des ménages", ce qui freinerait la consommation, selon la dirigeante.
En particulier, "si les États-Unis – notre plus grand marché d'exportation – adoptent une politique protectionniste, la croissance de la zone euro risque d'en pâtir", a-t-elle ajouté.
À ce jour, la politique monétaire "reste restrictive", ce qui signifie que le loyer de l'argent encore élevé pénalise l'économie, a-t-elle dit au préalable.
Et ce, bien que la BCE ait abaissé jeudi dernier son taux de référence pour la quatrième fois depuis juin, le portant à 3%, après qu'il a atteint son plus haut historique à 4% en 2023.
Les taux directeurs de la BCE impactent directement les taux d'emprunt appliqués par les banques aux entreprises et aux ménages.
En les baissant progressivement, l'institut monétaire peut stimuler la croissance tout en surveillant que cela ne relance pas l'inflation.
Les marchés anticipent que la BCE procèdera encore à plusieurs baisses de taux en 2025 pour porter le taux de référence autour de 2%, soit un niveau dit neutre qui ne pénalise ni ne soutient l'économie.
La BCE a mis sa communication au diapason des marchés: elle dit désormais que les taux n'ont plus besoin de rester "suffisamment restrictifs aussi longtemps que nécessaire", une formule utilisée depuis 2022 dans un contexte de forte inflation et d'incertitude sur sa trajectoire future.
Selon la nouvelle formule inaugurée lors de sa réunion de jeudi, l'institution est confiante quant à un retour "durable" de l'inflation dans les clous de son mandat et prévoit une politique "appropriée" sur les taux, en fonction des données économiques.
Il est de nouveau possible d'"ajuster l'horizon de la politique" monétaire en fonction de la nature, de l'ampleur et de la persistance des chocs, selon les besoins", a conclu la première gardienne de l'euro à Vilnius
Avec AFP
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