La chute de Bachar el-Assad va permettre à l'armée américaine d'intensifier ses frappes contre l'État islamique dans des zones auparavant protégées par les défenses anti-aériennes syriennes et russes mais les jihadistes vont eux profiter du vide laissé par les troupes syriennes pour manœuvrer plus librement.
L'armée américaine, qui procède régulièrement à des frappes aériennes, a annoncé avoir tué lundi 12 membres de l'EI lors d'opérations "pour empêcher le groupe terroriste de mener des actions extérieures et pour s'assurer que l'EI ne cherche pas à tirer profit de la situation pour se reconstituer dans le centre de la Syrie", selon le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).
Ces frappes ont eu lieu dans les zones anciennement contrôlées par le pouvoir de Bachar el-Assad, renversé le 8 décembre par une coalition de groupes rebelles menée par des islamistes radicaux après 13 ans de guerre civile.
Washington affirme avoir intensifié les frappes depuis la chute de Bachar el-Assad.
Le 8 décembre, le jour où les rebelles syriens ont pris la capitale Damas, Washington a annoncé des frappes sur plus de 75 cibles de l'EI.
"Chaos post-Assad"
"Auparavant, les défenses aériennes du régime syrien et de la Russie (allié de Bachar el-Assad) nous empêchaient, dans de nombreux cas" de frapper dans ces zones, a déclaré le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, à des journalistes cette semaine. Aujourd'hui, "l'environnement est beaucoup plus permissif à cet égard", a-t-il précisé.
Mais, cet "environnement permissif" peut aussi être mis à profit par l'EI.
"Les groupes terroristes comme l'EI aiment les vides de pouvoir et il y a donc un risque que l'EI puisse exploiter le chaos d'une Syrie post-Assad pour refaire surface de manière encore plus importante", estime Raphael Cohen, politologue à la RAND Corporation.
Les alliés kurdes de Washington, qui ont déjà été ciblés par la Turquie, risquent également de devoir se concentrer sur la lutte contre leur voisin du nord plutôt que contre l'EI. "C'est un risque particulièrement aigu car ils ont des détenus de l'EI et s'ils les libèrent, cela aurait évidemment des effets négatifs sur la lutte contre l'EI", ajoute M. Cohen.
Washington compte environ 900 soldats dans l'est de la Syrie et 2.500 en Irak dans le cadre de la coalition internationale montée en 2014 pour combattre l'EI dans les deux pays. Mais, l'arrivée au pouvoir de Donald Trump fin janvier pourrait bouleverser la donne.
"Lors de son premier mandat, Trump avait indiqué qu'il voulait retirer les forces américaines de Syrie. Je peux facilement imaginer que lors de son deuxième mandat, il fasse un nouvel effort en ce sens. D'autant plus qu'Assad n'est plus là", souligne M. Cohen.
M. Trump pourrait également réduire les engagements militaires américains au Moyen-Orient pour se reposer sur ses alliés régionaux, prévient M. Cohen, notant que "si cela se produisait, la stratégie antiterroriste des États-Unis serait alors très différente".
Les nouvelles autorités syriennes sont désormais dominées par des islamistes radicaux dans un pays à majorité sunnite mais multiethnique et multiconfessionnel.
Alors que plusieurs missions étrangères se sont rendus à Damas, les nouveaux dirigeants, s'efforcent de rassurer sur leur capacité à pacifier le pays, morcelé et dévasté par 13 ans de guerre civile.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s'est rendu en Turquie la semaine dernière et s'est entretenu sur la situation en Syrie avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Par W.G. DUNLOP, AFP
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