Nous voilà rassurés, le secrétaire général autoproclamé du Hezbollah a annoncé en ce premier jour de l’année que sa milice avait retrouvé ses capacités et reconstitué ses forces.
Dans la réalité, sentant le sol se dérober sous leurs pieds, voyant la contestation monter au sein même des derniers carrés de fidèles, les responsables du parti pro-iranien tentent de faire bonne figure. Il faut dire que les critiques sont de moins en moins timides. Ceux qui ont cru aux discours de victoire se demandent quand ils vont pouvoir réintégrer leurs villages et reconstruire leurs maisons.
Beaucoup, issus de toutes les communautés, notamment chiite, demandent des comptes. L’étalage de (fausse) puissance militaire sert autant à les rassurer qu’à les museler. Empêcher la remise en cause de la politique suicidaire du parti semble être le mot d’ordre. Il s’agit aussi de faire bonne figure à huit jours d’une séance pour l’élection possible d’un président de la République. En somme, le message se voudrait clair: attention, rien n’a changé, nous sommes toujours là et aussi forts. Donc incontournables.
Mais dans les faits, il en va autrement. Dans le ciel et au sol, ce sont les Israéliens qui donnent le tempo. Et cela, le plus inconditionnel des sectaires ne peut pas ne pas le voir. Mais le plus fascinant dans le communiqué de ce jour, c’est la petite phrase concernant l’État libanais qui est désormais “responsable de démontrer ses capacités à prendre ses responsabilités dans le sud”. Un chef-d'œuvre de mauvaise foi. Autrement dit, peu importe que nos décisions aient été une succession d’erreurs, peu importe que la moitié du pays ait été détruite, peu importent les 4.000 morts officiels, peu importe que les villages du sud soient inaccessibles. C’est à l’État d’assumer. Et que répond l’État face à cette réécriture de la catastrophe? Rien.
Pourtant, des réponses, il y en a. Faut-il rappeler que le Hezbollah n’a jamais consulté l’État avant d’entraîner le pays dans l’abîme? Faut-il rappeler qu’une guerre a été décidée par une milice contre l’avis de tout un peuple? Faut-il rappeler que la chronique d’une défaite annoncée était écrite d’avance? Faut-il rappeler que l’Iran a utilisé les Libanais comme chair à canon au service de ses ambitions propres? Il semble que oui, il faille le rappeler. Alors, non! Responsabiliser l’État, et donc le peuple, ne peut être accepté.
Colin Powell, l’ancien secrétaire d'État américain a dit un jour: “Dans un magasin de porcelaine, ce que vous cassez vous appartient.” Alors, puisque vous avez tout cassé, mais que vous dites aujourd’hui que vous êtes dans une forme splendide, on vous envoie l’addition.
DPRUAE:
Merci Monsieur pour vos lignes toujours aussi justes. C'est un soulagement que la vérité soit dite.