Gaza: entre espoir de trêve et escalade meurtrière, Doha au centre des négociations
Une image montre une vue des destructions dans le quartier de Chajaya, à Gaza, le 7 octobre 2024 ©Omar AL-QATTAA / AFP

Alors que les pourparlers indirects entre Israël et le Hamas se poursuivent à Doha, les violences s’intensifient dans la bande de Gaza, où au moins 31 personnes ont été tuées en vingt-quatre heures. Ces discussions, facilitées par le Qatar et soutenues par les États-Unis et l’Égypte, peinent à déboucher sur une trêve durable, laissant l’enclave palestinienne sombrer davantage dans la tragédie.  

Alors que le conflit entre Israël et le Hamas entre dans son 16ᵉ mois, les négociations indirectes entamées à Doha suscitent à la fois espoir et scepticisme. Au cœur des discussions: la libération des otages israéliens, condition préalable à une éventuelle trêve, ainsi que l’avenir incertain de la bande de Gaza après la guerre.

Dans ce contexte meurtrier, les pourparlers restent tendus, notamment autour de la gouvernance future de Gaza. Israël s’oppose fermement à ce que le Hamas continue de diriger l’enclave palestinienne, un point qui constitue l’un des principaux obstacles à un cessez-le-feu durable.

Blinken optimiste malgré des blocages persistants

L’actuel chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a déclaré ce lundi être "confiant" qu’un accord puisse être trouvé, même si "la ligne d’arrivée" pourrait ne pas être franchie "dans les deux prochaines semaines". Selon des médias israéliens. 

Ori Goldberg, analyste politique basé à Tel Aviv, reste toutefois pessimiste: "À ma connaissance, le Hamas est intéressé par un accord, mais pas de manière excessive, car ses taux de recrutement augmentent à mesure qu'Israël continue son génocide à Gaza", a-t-il déclaré à Al-Jazeera.

Il ajoute que "le public israélien est certes intéressé par un accord. [Mais] le gouvernement israélien? Pas vraiment; la guerre sert ses intérêts".

Gouvernance postguerre

Des représentants du Hamas et du Fatah, parti du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, se sont mis d'accord, en décembre dernier, sur la formation d'un comité chargé d'administrer la bande de Gaza après la guerre.

À l'issue de discussions au Caire sous l'égide des autorités égyptiennes, les deux groupes palestiniens ont approuvé un projet d'accord devant être validé par un décret présidentiel de M. Abbas, selon un membre de l'équipe de négociations du Hamas et un autre du Fatah.

Cependant, ce plan a été vivement critiqué par Israël, qui s'oppose fermement à toute implication du Hamas dans l'administration de Gaza. Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a déclaré mardi souhaiter un "contrôle sécuritaire total" de son pays sur la bande de Gaza à l'issue de la guerre.

"Après avoir éliminé la puissance militaire et gouvernementale du Hamas à Gaza, Israël exercera un contrôle sécuritaire total sur Gaza avec une liberté d'action complète", a-t-il écrit sur X, précisant qu'il s'agissait de "(sa) position" personnelle.

Israël Katz a ajouté que la gouvernance de la bande de Gaza devrait être "exactement comme en Judée et Samarie", nom qu'Israël donne à la Cisjordanie, territoire palestinien qu'il occupe depuis 1967.

La question de la gouvernance future à Gaza fait l'objet de débats intenses. Le prédécesseur d’Israël Katz, Yoav Gallant, s'était opposé à tout contrôle israélien durable dans la bande de Gaza après la guerre. "Je n'accepterai pas l'établissement d'une administration militaire israélienne dans Gaza, Israël ne doit pas avoir de contrôle civil sur la bande de Gaza", avait-il déclaré en mai, tout en appelant le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, à prendre des engagements en ce sens.

De son côté, à Ramallah, le plan proposé au Caire a été rejeté par Jibril Rajoub, secrétaire général du Fatah, qui y voit un facteur de "division" des Palestiniens. Selon lui, "nous voulons un seul gouvernement, un seul appareil de sécurité et une seule politique. Toute discussion ou effort en dehors de ce cadre est une erreur".

Selon le texte du projet, le comité, devant être formé de dix à quinze personnalités non affiliées à l'un ou l'autre mouvement, aurait autorité sur toutes les affaires relatives à l'aide humanitaire, l'éducation, la santé, l'économie et la reconstruction, en coordination avec le gouvernement de l'Autorité palestinienne à Ramallah.

Le comité serait également chargé d'administrer la partie palestinienne du point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et l'Égypte, seule porte du territoire sur un pays autre qu'Israël.

La gouvernance à venir à Gaza reste un point de tension majeur, alors que les positions israéliennes divergent même au sein du gouvernement. La communauté internationale continue de suivre ces développements avec attention, espérant une résolution politique durable pour ce territoire ravagé par la guerre.

Enjeux des pourparlers 

Les négociations actuelles interviennent à quelques jours de l’investiture, le 20 janvier, du président élu Donald Trump, qui a déjà mis la pression sur le Hamas. Parmi les principaux points de blocage figurent le caractère permanent ou temporaire du cessez-le-feu et la gouvernance future de Gaza, Israël rejetant catégoriquement tout rôle pour le Hamas.

Alors que la communauté internationale appelle à une désescalade, les perspectives d’une résolution durable semblent encore incertaines, malgré les efforts en cours à Doha.

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