Il est bienheureux de voir les sommets des montagnes libanaises se vêtir lentement de blanc après tant de noirceur politique et sécuritaire. Comment débute cette saison de ski? Quelles sont les attentes? Quid des prix globaux pour les amateurs de ski, d’évasion ou encore de raclette?
Depuis début janvier, quatre des cinq domaines skiables au Liban avaient déjà accueilli les skieurs (à quelques jours d’intervalle). Les tarifs varient en semaine approximativement entre 30 et 40$ jusqu’à atteindre les 40 à 65$ en week-end dépendamment du domaine (voir l'encart ou les sites Web des stations de ski) avec des prix différents pour les enfants et sans compter les forfaits. Seules les pistes de Faqra Club n'ont pas encore ouvert “en raison du manque d’enneigement”, indique la Société libanaise des projets touristiques (Solipro).
Le Mzaar Ski Resort, à Kfardebian, a ouvert ses portes le 3 janvier. “On a ouvert la station en avance de quinze jours par rapport à l’année dernière”, souligne la responsable marketing et développement du groupe, Nicole Wakim Freiha, qui se dit “fière et heureuse” de cet accomplissement. “Nous avons une équipe exceptionnelle qui travaille sans relâche pour aménager la station en toute sécurité et qui fait tout pour offrir à ses clients une belle expérience”, ajoute-t-elle.
Crédit photo: Mzaar Ski Resort
L’inauguration de la plus grande station de ski du Moyen-Orient qui propose 100 km de pistes balisées – avec de la neige naturelle – a été “très sécurisée et étudiée” explique Mme Wakim Freiha. En effet, le premier jour, le nombre de skieurs a été “limité à 1.000 personnes” mais cette limite a été progressivement augmentée au fur et à mesure, soutient-elle. Cependant, la station n'est actuellement ouverte qu'à “70% de sa capacité en raison du manque de neige en bas des pistes”.
Même son de cloche pour le copropriétaire et directeur du Cedar Ski Resort, Elie Fakhry, qui se dit “très heureux” de la forte affluence enregistrée le 31 décembre dernier lors de l’ouverture du domaine bien que la neige soit timide à présent pour la saison.
Pour que le ski ne soit pas seulement dédié à une niche…
Même si le ski continue d’être considéré comme un sport onéreux surtout au Liban où une conjoncture de crises multiples perdure depuis 2019 avec le pompon – d’une dévaluation de plus de 95% de la monnaie nationale – toutefois, les responsables des domaines skiables, font de multiples efforts pour permettre au plus grand nombre d’ajouter le ski à leurs activités.
Comme l’explique la responsable marketing et développement du Mzaar Ski Resort, “des forfaits à des prix très compétitifs – Early Bird Season Passes – ont été proposés pour la saison aux amateurs de sports d’hiver bien avant l’arrivée de la neige”. Ces avantages ont permis à ces skieurs privilégiés de profiter des pistes avant tout le monde, notamment lors de la journée d'ouverture où ils étaient entre 1.000 et 1.500 personnes, garantissant ainsi un maximum de sécurité et prévenant les accidents, comme l'explique Mme Wakim Freiha. En plus de cela, ces forfaits ont également offert aux skieurs la possibilité d'éviter les files d'attente.
Crédit photo: Cedar Ski Resort
Idem pour le copropriétaire et directeur du Cedar Ski Resort, Elie Fakhry, qui lui aussi, dit vouloir encourager un maximum de monde à skier. Même s’il reconnaît que le ski est le sport “le plus cher”, il souligne que dans cette “conjoncture difficile, il est important d'encourager les skieurs en proposant des tarifs abordables”, tout en prenant en compte la longueur du trajet.
Concernant les tarifs estimés élevés par certains, Nicole Wakim Freiha les justifie en rappelant que l’exploitation du domaine skiable entraîne “beaucoup de frais” notamment liés aux générateurs, en l'absence d'une alimentation électrique fiable de la part d'Électricité du Liban (EDL).
Pour y remédier, de nombreuses offres sont donc régulièrement proposées aux skieurs “en semaine et en week-end” afin que ce sport ne soit pas seulement dédié “à une niche”, assure-t-elle aussi.
Qu’en est-il des forfaits pour une demi-journée de ski? La responsable marketing et développement indique qu’ils seront proposés “lorsque l’enneigement sera total et le domaine entièrement ouvert”.
Janvier, un climat pourtant encore printanier
Bien que le domaine des Cèdres ait ouvert ses portes le 31 décembre dernier, raconte M. Fakhry, avec des hôtels et des chalets qui “ont affiché complet” ainsi que “les pistes de ski et de danse à la Saint-Sylvestre”, cette activité s'est interrompue quelques jours plus tard. En effet, “le climat particulièrement changeant et printanier pour la saison n'a pas facilité les choses”, ajoute-t-il.
Ce climat printanier “c’est presque du jamais vu, avec des températures qui avoisinent les 14°C sans doute en raison du réchauffement climatique”, soutient aussi le propriétaire du domaine des Cèdres.
L’optimisme reste toutefois au rendez-vous. “Même si la saison démarre plus tard cette année, les visiteurs viendront aux Cèdres surtout avec la nouvelle donne politique dans le pays”, assure M. Fakhry, en faisant référence à l’élection d’un président après plus de deux ans de vacance à la tête de l’État et la désignation d’un nouveau Premier ministre”.
Il a également souhaité que ces “bonnes nouvelles” se traduisent sur le terrain en attirant les touristes pour pouvoir rentabiliser la saison.
Une lueur d’espoir que nous partageons tous, pour écrire une nouvelle page blanche pas seulement sur les pistes mais aussi et surtout dans le pays. On en a tous bien besoin.
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