Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé du palais de Baabda une conférence internationale “pour la reconstruction” du Liban.

C’est un soutien ferme que le président français, Emmanuel Macron, a exprimé à son homologue libanais, Joseph Aoun, et à son engagement à redynamiser l’État sur des bases saines. Il a salué en particulier les engagements qu’il a pris dans son discours d’investiture, notamment pour ce qui a trait au rétablissement de la souveraineté et de l’autorité libanaises sur l’ensemble du territoire national. M. Macron a en outre annoncé la tenue “dans les semaines à venir” d’une conférence internationale sur la reconstruction au Liban.

Journée particulièrement chargée, vendredi, pour le président Macron, à Beyrouth, où il est arrivé tôt le matin, et où il a multiplié les réunions politiques et sécuritaires.

Après une tournée dans le quartier de Gemmayzé, pulvérisé le 4 août 2020 par l’explosion de plusieurs tonnes de nitrate d’ammonium au port de Beyrouth, M. Macron s’est rendu à Baabda pour un entretien en tête-à-tête avec son homologue libanais.

Selon un communiqué de la présidence de la République, la situation au Liban-Sud a été longuement évoquée durant l’entretien. M. Aoun a souligné la nécessité d’un retrait israélien du Liban-Sud et d’une consolidation du cessez-le-feu, ce qui implique, entre autres, une cessation des violations israéliennes des termes de l’accord qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah.

Le chef de l’État a en outre jugé que Tel Aviv doit libérer les prisonniers libanais et a relevé la problématique de la reconstruction des villages détruits du Liban-Sud.

Il a exprimé devant son hôte son “aspiration à rencontrer les chefs de l’Union européenne, une fois le gouvernement formé”, dans la perspective d’une réactivation du partenariat dans divers domaines.

La situation à Gaza et en Syrie a été également passée en revue.

Au terme de l’entretien, MM. Aoun et Macron ont tenu une conférence de presse conjointe, au cours de laquelle le président français a réaffirmé sa détermination à soutenir les efforts de son homologue libanais dans son projet de réédification et de consolidation de l’État libanais.

Le Hezb épinglé par Macron

“Depuis le 9 janvier dernier, en plein milieu de l'hiver, le printemps est apparu”, a déclaré le chef de l'État français à Joseph Aoun, élu le 9 janvier après plus de deux ans de crise politique. “Et vous êtes cet espoir. Et le Premier ministre désigné concrétise cet espoir à vos côtés”, a ajouté le président français.

“Dès que le président viendra à Paris dans quelques semaines, nous organiserons autour de lui une conférence internationale pour la reconstruction, afin de mobiliser les financements à cette fin”, a annoncé Emmanuel Macron.

Il a estimé que “la communauté internationale (devait) anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures” au Liban, qui vit depuis cinq ans une crise économique inédite et qui sort d’une guerre dévastatrice entre Israël et le Hezbollah, que le président Macron a épinglé, sans le nommer, lorsqu’il évoqué “une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui, par l'irresponsabilité de quelques-uns”.

Le président français a appelé aussi à “accélérer” la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu qui a mis fin à cette guerre, avant la date butoir du 26 janvier.

“Des résultats ont été obtenus (...), mais ils doivent s'accélérer, se confirmer dans la durée. Il faut un retrait total des forces israéliennes, un monopole total de l'armée libanaise sur les armes”, a-t-il souligné.

Par ailleurs, il a indiqué qu'il allait rencontrer le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui se trouve également au Liban.

“Le mécanisme de surveillance (de l'accord, ndlr) dont la France fait partie, doit permettre une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus”, a ajouté M. Macron.

“Un nouveau pacte, une nouvelle voie”

Au niveau politique, le président français a rendu un vibrant hommage aux engagements pris par son homologue libanais dans son discours d’investiture. “Nous soutiendrons votre objectif d’un Liban souverain”, a-t-il dit à l’adresse de son homologue libanais, avant d’ajouter: “La France va être davantage à vos côtés pour vous soutenir.” “Ce que vous incarnez est essentiel, c'est, en effet, la possibilité d'un nouveau chemin, d'un nouveau pacte, d'une nouvelle voie. Et je dois dire qu'avec beaucoup d'autres, je l'espérais depuis plus de quatre ans. Je connais votre détermination, je sais que vous ne laisserez pas cet espoir qui se lève se perdre à nouveau dans les sables mouvants des arrangements”, a-t-il encore dit.

Pour M. Macron, le discours présidentiel constitue “une feuille de route pour le redressement du Liban et le rétablissement de la souveraineté libanaise”. C’est dans ce contexte précis qu’il a insisté sur la nécessité pour l’armée d’avoir, seule, le monopole des armes au Liban, et pour l’État libanais, d’étendre son autorité sur l’ensemble du territoire national. M. Macron a ensuite annoncé une aide franco-européenne aux forces régulières, précisant que son pays compte former 500 militaires libanais alors que l’Union européenne envisage de débloquer une enveloppe de 130 millions d’euros à la Troupe, pour renforcer ses capacités.

Le président français a insisté ensuite sur le contrôle des frontières, que ce soit avec Israël ou avec la Syrie. “Vous l'avez rappelé, Monsieur le président, cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban. Vous avez souligné combien le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, constitue aussi un enjeu majeur. Vous avez posé cet objectif du monopole des armes sur tout le territoire et de la définition d'une stratégie de défense nationale. Ce projet est le seul possible, le seul pour éviter que des désordres bien connus ne réapparaissent”, a-t-il avancé.

Aoun: Le Liban se remet à espérer

Le président Aoun s’est pour sa part félicité de ce que la visite de M. Macron à Beyrouth intervient “alors que le Liban se remet à rêver et à espérer”. “Au cours des dernières années, mon peuple a payé de son sang, de sa pierre, de ses fils, de leurs richesses (le prix des crises successives), mais nous sommes tel le Phoenix. Nous renaissons de nos cendres, car nous croyons en la vie, en l’espérance et en la résurrection, et parce qu’il y a en nous quelque chose d’indestructible, la spécificité de notre modèle et cette aptitude unique à réinventer une joie durable”, a-t-il assuré.

Le président Aoun a appelé son homologue français à “témoigner au monde entier que la confiance des Libanais dans leur pays et leur État a été restaurée, et que la confiance du monde dans le Liban doit également être restaurée”.

Au terme du déjeuner organisé en l’honneur du président français et de la délégation officielle qui l’accompagne, MM. Aoun et Macron ont tenu une réunion avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Premier ministre sortant, Najib Mikati.

Le président français s’est ensuite rendu à la Résidence des pins pour un entretien avec le Premier ministre sortant, Najib Mikati.

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