Un gouvernement du fait accompli se profile-t-il?

Le Premier ministre désigné, Nawaf Salam, et le président de la République, Joseph Aoun, réussiront-ils à former un gouvernement qui répond à leurs attentes tout en satisfaisant celles des Libanais, sans céder aux pressions politiques, en particulier celles du duopole chiite Amal-Hezbollah?

Bien que cette possibilité ne soit pas à exclure, certains mettent en garde contre les répercussions qu’elle pourrait entraîner, tant sur le plan politique que sur la scène intérieure. En effet, le tandem chiite pourrait percevoir cette démarche comme une intensification de la marginalisation politique et administrative à son encontre, ce qui pourrait l’inciter à mobiliser la rue, voire à aller plus loin, tout en étant conscient que cela ne modifierait pas le changement amorcé, mais en retarderait simplement son avancement.

D’autres s’inquiètent également du risque que le gouvernement ne recueille pas la confiance du Parlement. Toutefois, la pression populaire pourrait placer les députés dans une position délicate, notamment certains blocs qui pourraient être tentés de ne pas assurer le quorum ou d’empêcher l’octroi de la confiance. Cependant, même dans le scénario le plus défavorable, ce gouvernement pourrait obtenir un soutien minimal, générant ainsi une dynamique positive tant attendue par le Liban, à savoir la constitution d’une majorité et d’une opposition clairement définies.

Cette approche pourrait également bénéficier d'un soutien régional et international, d’autant plus que le Quintette, composé de l’Arabie saoudite, des États-Unis, de la France, de l’Égypte et du Qatar, continue de suivre de près les développements au Liban. La réunion qui s’est tenue mercredi s’inscrit d’ailleurs dans ce cadre. Selon des sources au sein du Quintette, l’accent est actuellement mis sur la nécessité d’accélérer la formation du gouvernement, mais sans empressement. En effet, ce gouvernement doit être en mesure de rester en place jusqu’aux élections législatives prévues en mai 2026. Ces mêmes sources insistent sur l’importance de constituer un gouvernement inclusif, c’est-à-dire qui intègre toutes les composantes confessionnelles selon des critères uniformes.

Dans ce contexte, le Premier ministre désigné pour la formation du gouvernement, Nawaf Salam, poursuit ses efforts avec le président de la République, le général Joseph Aoun. Toutefois, ils n'ont pas encore abouti à la présentation d’une équipe gouvernementale avec les portefeuilles et les noms. M. Salam demeure préoccupé par les liens politiques des ministres proposés, craignant que cela n’affecte le bon fonctionnement du gouvernement. Il poursuit donc ses recherches pour trouver des personnalités indépendantes des forces politiques, mais hautement qualifiées. Lors d’une rencontre avec une délégation conjointe du Hezbollah et du mouvement Amal, il a évoqué le nom du défunt Ibrahim Abdel Aal, initiateur du projet du Litani dès 1943, et a suggéré que des profils similaires à ce dernier, en termes de compétences et de vision, soient envisagés.

À en croire ses interlocuteurs, le Premier ministre désigné s’étonne du tapage médiatique autour des portefeuilles ministériels et des ministrables. Il souligne que la majorité des informations sont dénuées de fondement et relèvent davantage de spéculations ou des desiderata de certains.

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