Pour l'Iran, le 7-Octobre a \
Le vice-président iranien chargé des affaires stratégiques, Mohammad Javad Zarif, gesticule en s'adressant au public lors de la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, le 22 janvier 2025. ©Fabrice Coffrini / AFP

Le vice-président iranien, Mohammad Javad Zarif, a déclaré mercredi que l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023 avait "sapé" les négociations sur le nucléaire entre l'Iran et les Etats-Unis.

Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené une attaque d'une ampleur sans précédent dans le sud d'Israël qui a lancé en représailles une campagne militaire meurtrière dans le territoire palestinien.

Ces violences se sont propagées au Moyen-Orient, l'Iran, qui soutient financièrement et militairement le Hamas, ayant lancé plusieurs attaques contre son ennemi juré, Israël, qui a riposté.

L'Iran a cependant toujours nié son implication dans l'attaque du 7-Octobre.

"Nous n'étions pas au courant du 7-Octobre", a dit M. Zarif, vice-président chargé des affaires stratégiques, lors du Forum économique mondial de Davos.

"Nous devions avoir une réunion avec les Américains sur le renouvellement du JCPOA le 9 octobre, réunion qui a été sapée et détruite par cette opération", a-t-il dit, en référence à l'accord sur le nucléaire, conclu en 2015 entre Téhéran et des grandes puissances dont les Etats-Unis.

Les alliés de Téhéran dans la région, y compris le Hamas, "ont toujours travaillé pour leur propre cause, même à nos dépens", a ajouté M. Zarif, ancien ministre des Affaires étrangères et architecte côté iranien de cet accord.

Le JCPOA offrait à l'Iran un allègement des sanctions internationales en échange de garanties permettant d'assurer que Téhéran ne se dotera pas de l'arme atomique, un objectif que la République islamique a toujours nié poursuivre.

Mais le pacte a été torpillé trois ans plus tard, lorsque le président d'alors Donald Trump en a retiré son pays et a réimposé de lourdes sanctions dans le cadre d'une politique de "pression maximale" contre l'Iran.

Mi-janvier, avant le retour officiel de M. Trump à la Maison Blanche, des responsables iraniens ont tenu des pourparlers sur le nucléaire avec leurs homologues britanniques, français et allemands.

Ces discussions ont été "constructives", avait affirmé le vice-ministre iranien des Affaires étrangères chargé des Affaires internationales, Kazem Gharibabadi.

M. Zarif a répété mercredi que son pays ne cherchait pas à acquérir la bombe atomique.

"Si nous avions voulu construire une arme nucléaire, nous aurions pu le faire il y a longtemps", a-t-il affirmé.

Il a également exprimé l'espoir que M. Trump sera "plus sérieux" et "plus réaliste" dans ses relations avec l'Iran.

Dialogue "absolument indispensable"

En parallèle, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a appelé mercredi l'administration du président américain Donald Trump et l'Iran à parler ensemble, à un moment où Téhéran accélère sa production d'uranium enrichi.

Un dialogue est "absolument indispensable" pour faire avancer des négociations sur le nucléaire iranien, a déclaré Rafael Grossi, le directeur général de l'AIEA.

"Sans ce dialogue, il n'y aura aucun progrès", a dit M. Grossi à la presse, en marge du Forum économique mondial de Davos, en Suisse.

Des déclarations du président Donald Trump, entré en fonction lundi, et de membres de la nouvelle administration américaine montrent qu'"il y a une disposition" à avoir une "discussion et peut-être à s'acheminer vers un accord", a encore dit le directeur général de l'AIEA.

Les responsables iraniens reconnaissent aussi la nécessité d'un dialogue, a-t-il ajouté.

Le programme nucléaire iranien "s'est beaucoup développé" en termes de capacités, de sites et de stock de combustible depuis la fin du premier mandat de Trump en 2021, a ajouté M. Grossi.

Après le retrait unilatéral de Washington en 2018, l'Iran a commencé à revenir sur ses engagements. Toutes les tentatives pour raviver l'accord ont échoué ces dernières années.

Téhéran a annoncé début décembre commencer à alimenter de nouvelles centrifugeuses sur le site de Fordo, l'un des plus importants du pays, dans le centre de l'Iran, "avec notamment pour effet à terme d'accroître significativement le rythme de fabrication d'uranium enrichi de jusqu'à 60%", selon l'AIEA.

La production va être multipliée par sept à plus de 34 kg d'uranium enrichi par mois, selon l'agence. "Cela implique une accélération. Ils mettent les gaz", a dit M. Grossi.

L'Iran insiste sur son droit à produire de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, et dément toute volonté de devenir une puissance atomique.

Depuis la prise de fonction en août du nouveau président réformiste Massoud Pezeshkian, Téhéran a exprimé son souhait de relancer des négociations pour remettre l'accord sur les rails.

 

Avec AFP

 

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