Trêve à Gaza: quatre otages israéliennes libérées en échange de 200 détenus palestiniens
Des combattants du Hamas escortent quatre otages israéliens sur une scène avant de les remettre à une équipe de la Croix-Rouge dans la ville de Gaza, le 25 janvier 2025 ©Omar AL-QATTAA / AFP

Des scènes de liesse et d'émotion ont accueilli samedi en Israël la libération de quatre soldates otages à Gaza depuis le 7-Octobre et en Cisjordanie occupée celle de 200 prisonniers palestiniens, dans un échange prévu par l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Dans la bande de Gaza, un différend de dernière minute bloquait toutefois toujours dans l'après-midi le retour prévu dans le nord du territoire de centaines de milliers d'habitants déplacés par plus de 15 mois de guerre.

Ce deuxième échange d'otages israéliens contre prisonniers palestiniens intervient près d'une semaine après l'entrée en vigueur d'une trêve dans le territoire palestinien dévasté et plongé dans une grave crise humanitaire.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a soigneusement mis en scène dans la ville de Gaza la remise des quatre jeunes femmes à la Croix-Rouge, qui les a ensuite transférées à l'armée israélienne.

À leur arrivée en Israël, Daniella Gilboa, Karina Ariev, Liri Albag et Naama Levy ont retrouvé leurs parents pour de longues étreintes dont l'armée a diffusé des photos. Elles ont ensuite été transférées en hélicoptère dans un hôpital proche de Tel-Aviv, selon l'armée. L'hôpital a indiqué qu'elles étaient dans un "état stable".

Israël a annoncé de son côté avoir libéré 200 Palestiniens de ses prisons, conformément à l'accord de trêve.

Avant leur prise en charge par la Croix-Rouge, les jeunes femmes ont été présentées sur un podium, devant une foule encadrée par des combattants en treillis et cagoulés des branches militaires du Hamas et du Jihad islamique allié.

Souriantes, vêtues d'uniformes kaki et semblant en bonne santé, elles ont salué les habitants rassemblés, avant de gagner des 4X4 blanches.

Agées de 19 à 20 ans, Daniella Gilboa, Karina Ariev, Liri Albag et Naama Levy effectuaient leur service militaire, affectées à la surveillance de la bande de Gaza, lors de leur enlèvement.

 "S'asseoir devant les ruines" 

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a salué un "moment très heureux", la Maison Blanche assurant de son côté que les États-Unis allaient poursuivre leurs efforts avec Israël pour la "libération de tous les otages restants".

Selon Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas basé à Doha, l'accord prévoyait qu'immédiatement après la libération des soldates, "les personnes déplacées dans le sud de la bande de Gaza commencent à retourner vers le nord".

Mais Israël a conditionné ce retour à la remise d'une otage civile, Arbel Yehud, censée être libérée samedi, selon le bureau de M. Netanyahou. Deux dirigeants palestiniens ont assuré à l'AFP qu'elle était "en bonne santé".

À Gaza, àun point de contrôle israélien, Sohail Fahmy attend "avec impatience" de pouvoir rentrer chez elle. "Même si je n'ai plus de maison, je pourrai m'assoir devant les ruines", dit-elle au milieu d'une foule chargée d'affaires.

Cris de joie à Tel-Aviv et Ramallah

À Tel-Aviv, sur la "place des Otages", proches et sympathisants des soldates ont poussé des cris de joie, certains émus aux larmes, en suivant en direct leur libération.

"Ramenez-les à la maison maintenant, tous!", ont lancé certains dans la foule, déclenchant des applaudissements.

"J'ai des critiques à formuler sur beaucoup de choses (au sujet de la question des otages, NDLR), mais là, c'est juste un moment (...) de bonheur", se réjouissait Shlomi Ben Yakar, 54 ans.

À Ramallah, en Cisjordanie occupée, une foule compacte brandissant des drapeaux palestiniens a aussi accueilli dans la jubilation l'arrivée en bus de certains des 200 Palestiniens juste libérés. D'autres devaient être amenés à Gaza.

La liste comprend 120 condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, dont 70 devaient être exilés hors des Territoires palestiniens, selon une source palestinienne.

Al-Qahera News, une télévision égyptienne a rapporté que 70 Palestiniens "expulsés" par Israël étaient arrivés en Egypte.

La télé a montré l'un d'entre eux faire part d'un "sentiment indescriptible", depuis le bus le convoyant.

Parmi ces ex-prisonniers figure Mohammed Tous, 69 ans, le Palestinien détenu le plus longtemps sans interruption par Israël, selon le Club des prisonniers palestiniens. Ce membre du Fatah, parti du président de l'Autorité palestinienne, est emprisonné depuis 1985.

33 otages contre 1.900 détenus 

La première phase de l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier doit durer six semaines et permettre la libération au total de 33 otages contre quelque 1.900 prisonniers palestiniens.

Trois Israéliennes ont déjà été libérées au premier jour de la trêve, en échange de 90 détenus palestiniens, femmes et mineurs en majorité.

L'armée israélienne a indiqué samedi être très inquiète du "sort" des deux derniers enfants otages à Gaza, Kfir et à Ariel Bibas, âgés de 2 et 5 ans, enlevés avec leur mère le 7-Octobre. Le Hamas avait annoncé leur mort il y a plus d'un an, jamais confirmée par Israël.

"Notre monde s'est écroulé" à la nouvelle qu'ils ne seraient pas libérés dans la journée, a confié leur famille sur Instagram.

Pendant la première phase de la trêve seront négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages, avant la dernière étape portant sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des otages morts en captivité.

L'attaque du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur 251 personnes alors enlevées, 87 sont encore à Gaza, dont 34 mortes selon l'armée.

L'offensive lancée en représailles par Israël dans la bande de Gaza assiégée a fait au moins 47.283 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas.

Par Quentin TYBERGHIEN avec Louis BAUDOIN-LAARMAN à Ramallah and Khader AL-ZAANOUN , AFP

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