Le Vatican pour l'unification des dates de Pâques
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“En dehors de l’unité, c'est l'insignifiance absolue”, avertit le représentant du Pape en visite pastorale en Syrie.

À l’occasion de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, célébrée tous les ans entre le 18 et le 25 janvier, le pape François s’est prononcé pour l'unification de la date de Pâques. “L'Église catholique est disposée à accepter la date que tout le monde veut prendre: une date de l’unité”, a-t-il affirmé.

On sait en effet que catholiques et orthodoxes célèbrent Pâques selon deux calendriers différents (julien pour les orthodoxes, grégorien pour les catholiques). Cette année, toutefois, les deux calendriers coïncident et la fête de Pâques est célébrée par toutes les Églises le dimanche 20 avril 2025.

Quelques jours après la déclaration du pape François, s’exprimant depuis la Syrie où il se trouvait en visite pastorale au nom du Pape (23-30 janvier), le cardinal Claudio Gugerotti, président de la Congrégation pontificale des Églises orientales, se rendait à l’évidence, devant l’assemblée des évêques catholiques réunis: “Dans le peuple chrétien, sauf dans certains hauts lieux, les divisions religieuses ne sont pas du tout perçues. Insister et opposer la diversité des Églises catholiques de rite oriental entre elles et la division de ces Églises par rapport aux Églises orthodoxes, dont la plupart sont issues, est une chose que nous ne pouvons pas nous permettre aujourd'hui, alors que nous luttons pour notre survie. Aujourd'hui, nous devons le faire ensemble, en tant que chrétiens, car nous ne savons pas si la vie, en tant que chrétiens, nous sera garantie. Nous ne le savons nulle part. Par conséquent, l'heure n'est pas aux escarmouches théologiques, mais à une solidarité de survie qui devient aussi une prophétie de communion, comme cela s'est produit dans le passé dans les goulags soviétiques.”

L'envoyé du pape François a entamé son séjour en Syrie par une visite de deux jours à Alep, où il a pu rencontrer les fidèles de plusieurs églises catholiques (latins, chaldéens, grecs-catholiques, etc.).  Il n’a pu cacher son émotion en constatant “les difficultés dramatiques de la vie quotidienne du peuple syrien: la pauvreté généralisée, le manque d'eau et d'électricité, le manque de chauffage, l'incertitude quant à l'avenir…”. “Mon mari et moi gagnons environ 20 dollars par mois”, lui a expliqué une Syrienne revenue du Liban avec son mari et ses deux filles, “mais pour une famille comme la nôtre, il en faut au moins 300 pour vivre dignement”.

“Le cœur se serre, devait déclarer le cardinal, lors d'une rencontre avec des membres d'organisations humanitaires et caritatives syriennes, en voyant quelle violence a été exercée partout, même à l'extérieur du pays, pour réduire la Syrie et son peuple à de telles conditions de pauvreté. Le pape François m'a envoyé ici pour remercier tous ceux qui ont reconnu Jésus dans les pauvres et les ont méprisés. Je ne peux pas vous dire comment sera la Syrie à l'avenir, mais je peux vous dire”, a ajouté le cardinal, “que laver les plaies du Christ est la politique et la stratégie de l'Église”.

À la décision de l'Union européenne d'entamer un processus d'allègement progressif des sanctions, Mgr Jaques Mourad, archevêque syrien catholique de Homs, a déclaré: “Cette nouvelle qui vient de l'Union européenne nous permet de reprendre espoir, car nous sommes arrivés à un point où il est devenu impossible pour la population de vivre”.

L'ancien moine de Mar Mousa, détenu par les djihadistes en 2015 et grand ami du prêtre jésuite Paolo Dall'Oglio porté disparu depuis 2013, espère que cette décision donnera une impulsion positive à la transition: “Le pays a besoin de redémarrer et, avec la fin des sanctions, la reconstruction de la Syrie pourra peut-être commencer”.

À toutes les étapes de la visite, l'appel du pape François à une “Église en sortie”, qui sache se salir les mains, a résonné avec force. Ce sont les jeunes Syriens, chrétiens et musulmans, qui sont l'espoir d'un avenir de coexistence pacifique et florissante dans ce pays tourmenté, a-t-il affirmé en substance.

Avec les Orthodoxes

Avant de quitter la Syrie, le cardinal Gugerotti a souhaité rencontrer l'archevêque arménien orthodoxe d'Alep, Mgr Magar Ashkarian. Au cours de l'entretien, Mgr Ashkarian a pu faire part de ses préoccupations et de ses attentes quant à l'évolution politique et sociale du pays, rappelant la nécessité d'une Syrie dans laquelle tous les chrétiens puissent se sentir citoyens à part entière. “L'appel que j'ai lancé aux représentants des Églises syriennes, a confié l'envoyé du Pape, est avant tout de parler d'une seule voix, malgré la diversité de leurs traditions, de leurs institutions et de leurs hiérarchies, car sinon il y a un risque d'insignifiance absolue”.

Selon les dernières évaluations, la population chrétienne d’Alep est passé, entre 2011 et aujourd’hui, de 400.000 habitants à 40.000, voire 30.000, selon certains chiffres. Les chrétiens, qui représentaient environ 8% de la population totale de Syrie, sont évalués désormais à 3 ou même 2%.

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