![Face à l'envolée du prix des œufs, des Américains se lancent dans l'élevage de poules](/images/bibli/1920/1280/2/afp2025021136xj2n6v1highresushealthvirusbirdflueggs.jpg)
Avec l'envolée du prix des œufs aux États-Unis, des négociants en animaux de ferme ont constaté une augmentation de leurs ventes de poules, certains Américains accueillant des volailles chez eux pour produire leurs œufs eux-mêmes.
"Les gens veulent les acheter parce que le prix des œufs a augmenté ou simplement parce qu'il n'y en a plus", explique à l'AFP John Berry, gérant de l'entreprise Wabash, qui évoque une "augmentation dramatique de la demande" ces dernières semaines.
Basé à Houston, au Texas (sud), le négociant a récemment écoulé 100 poules en quatre jours, un nombre atteint habituellement en trois semaines.
"Nos ventes de volailles ont doublé, voire triplé".
Les exploitations avicoles ont été durement frappées par le rebond de l'épidémie de grippe aviaire, qui sévit depuis 2022 aux États-Unis.
Plus de 21 millions de poules pondeuses ont été euthanasiées depuis début janvier à cause de l'épizootie, selon le ministère américain de l'Agriculture (USDA). Plus de 13 millions sont mortes en décembre.
Conséquence: le prix des œufs s'est envolé, déboussolant des consommateurs habitués à débourser peu pour cet aliment de base.
Dans certains supermarchés, la douzaine a dépassé les dix dollars (9,65 euros) pour les œufs de qualité supérieure, et six dollars (5,79 euros) pour les plus basiques - plus du double de leur prix habituel.
Et, dans d'autres magasins, les rayons sont vides.
"Moins cher"
M. Berry explique que la plupart de ses nouveaux clients sont novices en matière de poules pondeuses.
C'est le cas d'Arturo Becerra, qui a récemment acheté dix volatiles pour 400 dollars.
Avec l'augmentation du prix des œufs, "je pense qu'il serait peut-être moins cher d'acheter des poules et de les élever", explique ce Mexicain de 57 ans, qui vit à Houston. "Avec un œuf par poule et par jour, je serai bien", estime-t-il.
Ses poules sont encore jeunes et ne pourront commencer à pondre que dans quelques semaines.
Lundi, il en a acheté cinq de plus, et prévoit d'en acquérir encore dix, "parce que j'ai une grande famille".
"J'ai de la place pour les mettre", assure M. Becerra.
Plusieurs villes du Texas autorisent leurs habitants à élever des poules chez eux, à condition de respecter certaines normes sanitaires.
Bill Underhill, entrepreneur dans le bâtiment âgé de 62 ans, a également acheté deux nouvelles poules pour son élevage.
Il prévoyait déjà d'en faire l'acquisition lorsqu'il a "entendu quelqu'un dire que les œufs coûtaient une dizaine de dollars la douzaine".
"Je vais donc faire en sorte de maintenir le flot d'œufs qui alimentent ma famille", ajoute-t-il.
Nouvelle génération
Aux États-Unis, le virus de la grippe aviaire circule dans des élevages de volailles, chez les oiseaux sauvages mais aussi les vaches laitières.
Prendre des poules n'est pas anodin, avertissent les autorités sanitaires.
Si le risque de transmission du virus au grand public est "faible", il est "plus élevé" pour les personnes "exposées" aux oiseaux sauvages, volailles ou vaches, selon les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).
Un premier décès humain lié à la grippe aviaire, un homme âgé souffrant d'autres pathologies, a été annoncé en janvier par les autorités sanitaires de Louisiane. Il aurait été infecté à la suite de contacts avec des oiseaux de basse-cour et sauvages.
Au total, près de 70 cas ont été détectés chez des humains depuis début 2024, en grande majorité bénins.
Selon John Berry, il n'y a pas assez de volailles pour remplacer les millions qui ont été tuées à cause de la maladie.
"Il aurait fallu l'anticiper et élever des milliers voire des millions de poules supplémentaires", juge-t-il.
Une nouvelle génération prendra la place de celles qui ont été perdues, mais cela prendra du temps.
"Deux ou trois mois, voire plus, avant que les choses ne rentrent dans l'ordre", anticipe M. Berry, qui recommande aux consommateurs de faire des réserves d'ici là.
Par Moisés ÁVILA, AFP
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