Conflit dans l'est de la RDC: une poudrière dans la région des Grands Lacs
Des membres de la Croix-Rouge congolaise et de la Protection civile enterrent des dizaines de victimes des récents affrontements dans un cimetière de Goma, le 4 février 2025. ©ALEXIS HUGUET / AFP

L'intensification du conflit dans l'est de la République démocratique du Congo fait planer le spectre d'une guerre régionale, plusieurs des neuf pays voisins de la RDC mais aussi l'Afrique du Sud ayant déjà une présence militaire sur le sol congolais.

Depuis trente ans, les conflits successifs dans l'Est congolais en font une poudrière au coeur de la région des Grands Lacs. Au cours des deux grandes guerres survenues entre 1996 et 2003, une dizaine d'Etats africains avaient déjà envoyé des troupes en appui à Kinshasa ou en soutien à des groupes armés.

Le M23 et les forces rwandaises

Le groupe antigouvernemental M23 ("Mouvement du 23 mars"), qui a opéré une spectaculaire résurgence depuis fin 2021, compterait entre 3.000 et 4.000 combattants, selon des sources diplomatiques. La formation et l'équipement de ces miliciens n'est pas comparable à celle des forces rwandaises, réputées pour leur expérience du combat et qui leur offrent un appui essentiel sur le terrain, selon des sources sécuritaires.

Les militaires rwandais sont environ 4.000 à intervenir dans l'est de la RDC, selon l'ONU. Ils disposent d'équipements modernes, comme des brouilleurs de signal GPS et des drones, des missiles sol-air contre les aéronefs, ou encore des mortiers à guidage laser.

En plus des opérations dans l'est de la RDC, le Rwanda est l'un des premiers fournisseurs de contingents de maintien de la paix sur le continent africain et a déployé des troupes dans le nord du Mozambique contre un groupe jihadiste.

L'armée congolaise et des milices

Les FARDC (Forces armées de la République Démocratique du Congo) sont réputées pour la corruption qui les mine et leur faible niveau de formation. Ses effectifs, souvent surévalués par des généraux cherchant à détourner la solde de soldats fantômes, sont difficiles à estimer. Le haut commandement est également miné par des dissensions entre fidèles du président Félix Tshisekedi et ceux de son prédécesseur Joseph Kabila.

L'armée congolaise a subi un sérieux revers après la prise par le M23 et les soldats rwandais fin janvier de Goma, capitale du Nord-Kivu, où Kinshasa avait concentré ses meilleures troupes et d'importantes quantités de matériel lourd.

Dans la province voisine du Sud-Kivu, où le conflit s'est déplacé ces dernières semaines, le moral des troupes est jugé bas par les observateurs. Certaines unités se sont livrées à des exactions contre les populations civiles. D'autres ont refusé de monter au front, réclamant le paiement de leurs soldes.

Kinshasa a également misé sur le recrutement de miliciens locaux, surnommés "wazalendo" ("patriotes" en Swahili). Mal équipés et indisciplinés, ils ont été incapables d'endiguer la progression du M23.

Des troupes burundaises

Le Burundi a déployé une dizaine de millier de soldats dans le Sud-Kivu, ainsi qu'environ 2.500 miliciens, en appui aux forces de Kinshasa, selon des sources sécuritaires. Ces troupes sont réputées peu efficaces au combat, mais supérieures aux FARDC.

Elles combattent le M23 aux côtés des forces congolaises depuis plusieurs semaines, exacerbant la fracture diplomatique entre Kigali et Bujumbura qui s'accusent mutuellement d'alimenter les tensions communautaires dans une région marquée par le génocide de 1994.

L'armée ougandaise

Les forces armées ougandaises (UPDF) sont déployées depuis 2021 dans les zones septentrionales de la province du Nord-Kivu et la province de l'Ituri, à la limite de la zone d'activité du M23. Entre 2.000 et 4.000 soldats ougandais sont engagés au côté des FARDC dans une opération conjointe baptisée "Shujaa" contre le groupe armé ADF.

Mais les experts de l'ONU ont pointé le soutien "actif" des renseignements ougandais au M23, et des analystes estiment que Kampala cherche à étendre son influence dans la zone sous couvert de cette opération conjointe.

Depuis l'offensive du M23 sur Goma, Kampala a envoyé des centaines d'hommes et du matériel lourd, notamment des chars d'assaut, en renfort dans l'est de la RDC, selon des sources sécuritaires.

Les forces sud-africaines

Plusieurs milliers de soldats sud-africains sont déployés dans l'est de la RDC, où ils appuient l'armée congolaise. Alors que les contingents déployés à Goma y sont toujours coincés dans leurs bases, des renforts sont arrivés par avion ces derniers jours de Pretoria à l'aéroport de Lubumbashi, grande ville du sud-est de la RDC, selon une source sécuritaire.

 

Avec AFP

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