Syrie : 55 ans pour retrouver le niveau économique d’avant-guerre, selon l’ONU
Des déplacés syriens vivant dans des camps de fortune. ©Al Markazia

Au rythme de croissance actuel, la Syrie, où 14 années de guerre ont effacé des décennies de développement, ne retrouvera pas son niveau économique de 2010 avant 2080, selon une estimation de l'ONU qui appelle jeudi à investir pour accélérer la reprise.

"Au-delà d'une aide humanitaire immédiate, le relèvement de la Syrie nécessite des investissements à long terme pour le développement, pour construire une stabilité économique et sociale pour sa population", a commenté dans un communiqué Achim Steiner, patron du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Il a notamment insisté sur l'importance de "restaurer la productivité pour les emplois et la réduction de la pauvreté, revitaliser l'agriculture pour la sécurité alimentaire et reconstruire les infrastructures pour les services essentiels comme la santé, l'éducation et l'énergie".

Dans le cadre d'une série d'évaluations du pays après la chute du régime de Bachar el-Assad en décembre, le PNUD a présenté jeudi trois scénarios sur l'avenir socio-économique du pays.

Au rythme de croissance actuel (1,3% par an environ entre 2018 et 2024), "l'économie syrienne ne retrouvera pas son PIB d'avant la guerre avant 2080", selon ses projections "saisissantes" qui soulignent l'urgence d'accélérer la croissance.

Urgence d'autant plus grande qu'aujourd'hui, à l'issue de 14 années de guerre, 9 Syriens sur 10 vivent dans la pauvreté, un sur 4 est au chômage et le PIB est moins de la moitié de sa valeur de 2011, selon le rapport.

Et l'indice de développement humain, qui prend en compte espérance de vie, éducation, et niveau de vie, a chuté à un niveau inférieur à celui de 1990 (première mesure dans le pays), soit plus de trente années de développement effacées par la guerre.

Dans ce contexte, le PNUD s'est penché sur le rythme de croissance nécessaire pour retrouver le PIB d'avant-guerre ou, encore plus ambitieux, pour atteindre le niveau de PIB que le pays aurait pu espérer si la guerre n'avait pas eu lieu.

Dans le scénario plus "réaliste" de seulement retrouver le PIB de 2010, une croissance annuelle de 7,6% pendant 10 ans serait nécessaire, soit 6 fois le rythme actuel, ou 5% pendant 15 ans, ou encore 3,7% pendant 20 ans, selon ces projections.

Mais pour atteindre le PIB que la Syrie aurait pu avoir si la guerre n'avait jamais eu lieu, la croissance devrait atteindre 21,6% par an pendant 10 ans, 13,9% pendant 15 ans ou 10,3% pendant 20 ans.

Seule une "stratégie complète" incluant notamment une réforme de la gouvernance et la reconstruction des infrastructures permettra  à la Syrie de "reprendre le contrôle de son avenir" et de "réduire sa dépendance à l'aide extérieure", a commenté Abdallah Al Dardari, directeur du PNUD pour les pays arabes.

Avec AFP

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