
Le Hamas a relâché samedi six otages israéliens à Gaza pour le septième échange contre des prisonniers palestiniens dans le cadre de la trêve en vigueur depuis le 19 janvier dans le territoire palestinien dévasté par 15 mois de guerre.
Comme lors des précédentes libérations, des combattants armés et cagoulés du mouvement islamiste palestinien ont exhibé cinq otages sur des podiums, devant de grandes affiches rendant hommage aux combattants du Hamas tués, avant de les remettre au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Le CICR les a ensuite transférés en voitures à l'armée israélienne pour leur retour en Israël, où ils ont été hospitalisés.
Séparément, l'armée a annoncé la remise au CICR, à l'écart des caméras, du sixième otage, Hicham al-Sayed, 37 ans, un Bédouin israélien captif à Gaza depuis près de dix ans.
Au total, quatre des six otages libérés samedi avaient été enlevés lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d'Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Selon le Club des prisonniers palestiniens, 602 détenus palestiniens seront libérés en contrepartie samedi, dont 108 doivent être expulsés des territoires palestiniens.
Ce septième échange a débuté après la confirmation de la mort de Shiri Bibas, enlevée elle aussi avec ses deux fils Ariel et Kfir le 7 octobre 2023.
- Lance-roquettes -
Sous la pluie, des combattants en treillis se sont d'abord déployés à Rafah, dans le sud, pour les deux premières libérations, certains portant des armes automatiques, d'autres des lance-roquettes. Des drapeaux du Hamas flottaient sur des bâtiments détruits où des Gazaouis ont pris place.
Le visage tendu, Tal Shoham, un Israélo-Italo-Autrichien de 40 ans enlevé le 7-Octobre, a été contraint de prononcer quelques mots au micro, finalement en panne.
A ses côtés se tenait l'air hagard Avera Mengistu, 38 ans, otage depuis plus de dix ans à Gaza, après avoir été filmé escaladant la barrière la séparant Israël en 2014.
Le même scénario s'est répété ensuite à Nousseirat (centre), pour la libération de Eliya Cohen, Omer Shem Tov et Omer Wenkert, âgés de 22 à 27 ans, enlevés au festival de musique Nova dans le sud d'Israël, près de Gaza.
Après 505 jours de captivité, ils sont apparus souriants, leur escorte leur faisant longuement saluer la foule.
Ces mises en scène ont été dénoncées à plusieurs reprises par Israël, l'ONU et la Croix-Rouge.
"La résistance est inébranlable", s'est réjouie à Rafah la Palestinienne Fidaa Awda. "Nous ne voulons pas être déplacés, c'est notre terre", a renchéri une autre, Oum Nader Abou Charekh.
Liesse et sanglots à Tel-Aviv
La famille d'Avera Mengistu a salué sa libération après "dix ans et cinq mois d'une souffrance inimaginable", et celle de Tal Shoham a fait part de son "immense soulagement", et de ses "pensées" pour les autres proches d'otages.
A Tel-Aviv, des centaines d'Israéliens ont suivi en direct sur la "place des otages" la retransmission de ces libérations, entre sanglots et explosions de joie.
Peu avant, la famille de Shiri Bibas avait confirmé sa mort, après l'identification de son corps, remis vendredi par le Hamas.
Le mouvement islamiste avait admis avoir commis une "erreur" en ne restituant pas la veille, comme prévu, la dépouille de cette femme, avec celles de ses deux enfants.
Agés de 4 ans et huit mois et demi lors de leur capture, Ariel et Kfir Bibas ont été tués "par des terroristes à mains nues" à Gaza, a affirmé l'armée. Le Hamas a lui affirmé que Shiri Bibas, âgée de 32 ans lors de sa capture, et ses enfants avaient été tués en novembre 2023 dans un bombardement israélien.
La famille Bibas a affirmé samedi n'avoir reçu "aucun détail" des autorités israéliennes sur les circonstances de leur décès, et demandé que soit évitée "toute publication de détails" à ce sujet. "Il s'est agi d'un meurtre, sans plus de considérations".
Négociations retardées
Avec ces nouvelles libérations, sur les 251 otages enlevés le 7-Octobre, 62 restent retenus à Gaza parmi lesquels 35 morts selon l'armée.
Depuis le 19 janvier, 29 otages israéliens -dont quatre décédés- ont été remis à Israël, en échange de plus de 1.100 détenus palestiniens.
Selon le Hamas, seuls quatre otages morts devront encore être rendus à Israël avant la fin, le 1er mars, de la première phase de l'accord. Celle-ci prévoit la libération au total de 33 otages - dont huit morts - contre 1.900 détenus palestiniens.
Le mouvement s'est dit prêt à libérer "en une seule fois" tous les otages qu'il détient encore durant la deuxième phase de l'accord, censée mettre fin définitivement à la guerre.
Les négociations indirectes sur cette deuxième étape ont jusque là été retardées par les tensions entre les deux camps.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.215 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.
L'offensive israélienne de représailles a fait au moins 48.319 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle a provoqué un désastre humanitaire dans le territoire assiégé.
Avec AFP
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