Relance économique en Syrie: les États-Unis, l’UE et les pays arabes
©Ici Beyrouth

Une levée partielle des sanctions européennes est insuffisante.

La levée partielle des sanctions européennes contre la Syrie représente une avancée susceptible d'accélérer la relance économique. Cependant, cette mesure reste insuffisante face à l'urgence de la situation. La Syrie a un besoin crucial d'aide, et bien que certains pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), notamment le Qatar et l'Arabie saoudite, aient exprimé leur volonté de soutenir les nouvelles autorités syriennes, leur assistance demeure jusqu'à présent limitée. Selon certains observateurs, cette réticence s'expliquerait par la crainte des sanctions américaines.

Une pauvreté alarmante

Pendant ce temps, la population syrienne subit de plein fouet les conséquences de cette impasse. Le taux de pauvreté atteint des niveaux extrêmes, estimés à près de 90%, soit trois fois plus qu'avant la guerre. De plus, 75% des Syriens dépendent aujourd'hui de l'aide humanitaire, selon un rapport des Nations unies publié jeudi dernier.

L'urgence humanitaire est d'autant plus pressante que neuf Syriens sur dix vivent sous le seuil de pauvreté, un sur quatre est au chômage et le PIB du pays représente moins de la moitié de sa valeur de 2011. Par ailleurs, l'indice de développement humain – prenant en compte l'espérance de vie, l'éducation et le niveau de vie – a chuté à un niveau inférieur à celui de 1990, soit plus de trente années de développement effacées par la guerre.

Une position américaine incertaine

Jusqu'à présent, la position des États-Unis à l'égard des nouvelles autorités syriennes demeure floue. Selon plusieurs sources relayées par les médias, la politique de Washington pourrait se préciser d'ici deux semaines: soit elle restera stricte et maintiendra une approche rigoureuse, soit elle adoptera certaines facilités pour aider la Syrie à amorcer son redressement.

L'Union européenne, quant à elle, se montre favorable à une levée des sanctions et souhaite voir la Syrie sortir de sa crise. Cependant, le principal obstacle demeure du côté des États-Unis. Sans l'accord de Washington pour assouplir ou lever les sanctions, l'impact positif restera limité, notamment dans les secteurs bancaire et financier. L'absence d'accès aux systèmes bancaires internationaux, aux codes Swift et aux transferts financiers complique toute activité économique, les transactions passant inévitablement par les banques, les virements et diverses facilités financières.

Un assouplissement européen à confirmer

L'Union européenne a promis que, même si les États-Unis ne lèvent pas leurs sanctions, elle chercherait des moyens de faciliter les transactions et opérations économiques. Cependant, la mise en œuvre de cette promesse reste à débattre. Parallèlement, des pressions européennes, turques et arabes existeraient sur Washington afin d'obtenir une levée progressive des sanctions.

La suspension partielle des sanctions européennes dans les secteurs bancaire, énergétique et des transports constitue une étape importante. Elle témoigne d'une certaine dynamique et d'une compréhension des évolutions politiques, tout en reconnaissant “les bénéfices économiques d'un investissement en Syrie”. Le lancement de projets de réformes dans les infrastructures et l'énergie est imminent, et l'annonce de la participation de banques européennes pour faciliter ces projets est également attendue.

Toutefois, il est important de rappeler que les sanctions européennes pourraient être rétablies si les nouvelles autorités syriennes, issues de mouvements islamistes, ne respectent pas les droits humains ou les valeurs démocratiques. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a réaffirmé cette position en janvier dernier.

 

 

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