
Il a médusé l'Europe par sa brutalité idéologique, fait la leçon au Premier ministre britannique et vendredi, il a lancé l'assaut contre Volodymyr Zelensky: JD Vance, ex-critique de Donald Trump, est devenu le plus enthousiaste fantassin de "l'Amérique d'abord" du président américain.
L'ancien militaire et auteur à succès, âgé de 40 ans, a fait une ascension politique accélérée en se faisant le porte-voix de l'Amérique déclassée. C'est maintenant en promoteur de la rupture diplomatique de Donald Trump qu'il se fait remarquer.
Historiquement, à de rares exceptions près, le vice-président des États-Unis joue un rôle effacé, sa fonction étant surtout de pouvoir remplacer immédiatement le chef d'Etat en cas de décès.
Vendredi, il a largement partagé la vedette avec Donald Trump. Depuis longtemps sceptique, si ce n'est hostile, quand il s'agit du soutien à l'Ukraine, le natif de l'Ohio (nord) a fait monter d'un coup le ton pendant l'incroyable rencontre du républicain de 78 ans et du président ukrainien dans le Bureau ovale.
Assis aux côtés du chef de la diplomatie Marco Rubio, mutique, il a reproché à Volodymyr Zelensky de "manquer de respect" et l'a sommé de "dire merci" aux États-Unis.
Jeudi, il avait déjà fait la leçon au même endroit au Premier ministre britannique Keir Starmer, l'accusant d'attaquer la liberté d'expression au Royaume-Uni.
Tremplin
Avant de devenir vice-président, JD Vance avait déjà clairement exprimé ses vues en matière de politique étrangère, en disant que le Royaume-Uni, sous la direction du Parti travailliste, pourrait être considéré comme le "premier pays islamiste doté de l'arme nucléaire".
Une fois investi, et se posant en adjoint du "shérif" Donald Trump, il a pétrifié les Européens lors d'une conférence internationale à Munich (Allemagne) mi-février, en épousant les vues des partis populistes.
"A travers l'Europe, la liberté d'expression, je le crains, est en retrait", a-t-il déclaré.
Marié à une avocate dont les parents sont des immigrés indiens, le vice-président a aussi à cette occasion parlé d'immigration avec un ton rappelant celui des formations d'extrême droite européennes.
Cet argumentaire autour de la liberté d'expression est une marque de fabrique des partisans de Donald Trump, qui voient dans la lutte contre la désinformation -soutenue par les partis progressistes- un faux prétexte visant à étouffer les opinions conservatrices.
Même subalterne, la fonction de vice-président est vue aux Etats-Unis comme un tremplin naturel vers la magistrature suprême.
Donald Trump, à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat, a récemment été interrogé par le journaliste Bret Baier de Fox News pour savoir s'il soutenait d'ores et déjà une candidature de JD Vance.
"Non, mais il est très compétent", avait-il dit, jugeant qu'il était "trop tôt" pour se prononcer.
JD Vance, ancien sénateur au visage rond, mèche impeccable et barbe soignée, a complètement tourné le dos à ses critiques passées du milliardaire républicain.
Catholique
Ce catholique fervent n'a pas hésité à critiquer ouvertement la Conférence des évêques catholiques américains, lorsqu'elle a dénoncé l'intention affichée par l'administration Trump d'arrêter des migrants sans papiers jusque dans des écoles et des lieux de culte.
L'on est bien loin du JD Vance qui avait qualifié Donald Trump d'"idiot" et de "nocif", s'inquiétant même qu'il soit "l'Hitler de l'Amérique".
Le vice-président a grandi dans une famille monoparentale modeste de la "Rust Belt", région du nord-est des Etats-Unis profondément marquée par le déclin industriel, puis entre chez les Marines.
Il a étudié ensuite le droit dans l'une des universités les plus prestigieuses du pays avant de faire carrière dans la Silicon Valley.
Mais c'est un livre, "Hillbilly Elégie", publié en 2016 qui l'a fait connaître. Dans ce récit autobiographique devenu un best-seller adapté au cinéma, JD Vance raconte son enfance chaotique dans une Amérique blanche meurtrie par le chômage et les addictions, et fait entendre la voix d'une population ouvrière pleine de rancunes.
Son livre a attiré notamment l'attention du fils aîné de l'ex-président, Donald Trump Jr, dont il est devenu un proche ami.
Avec AFP
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