L'Ukraine travaille à de nouveaux pourparlers avec les Etats-Unis
Le chef de la CIA John Ratcliffe, John Ratcliffe, témoigne devant la commission du renseignement du Sénat lors d'une audience sur sa nomination en tant que directeur de la CIA, sur Capitol Hill à Washington, D.C., le 15 janvier 2025. ©Jemal Countess / AFP

L'Ukraine a indiqué mercredi travailler à de nouveaux pourparlers avec les Etats-Unis après l'annonce par Washington de la "mise en pause" du partage de renseignement, qui suit le gel de son aide militaire, deux éléments clés pour faire face à l'invasion russe.

Kiev continue de faire face aux retombées de la réunion houleuse vendredi à la Maison Blanche entre les présidents Volodymyr Zelensky et Donald Trump, à un moment où Washington a relancé des contacts directs avec Moscou, faisant craindre un abandon de l'Ukraine.

Depuis, M. Zelensky a multiplié les gestes d'apaisement envers Washington tout en continuant ses échanges avec les Européens, appelés à combler le crucial soutien américain si la crise n'était pas résolue.

Dans ce contexte, le chef de la présidence ukrainienne Andriï Iermak a discuté au téléphone mercredi avec le conseiller de Donald Trump à la sécurité nationale, Mike Waltz.

Les deux hommes ont "discuté des nouvelles mesures à prendre pour parvenir à une paix juste et durable" en Ukraine et ont convenu que leurs équipes se rencontreraient dans un avenir proche "afin de poursuivre ce travail important", a indiqué M. Iermak sur Telegram.

"Les équipes ukrainiennes et américaines ont commencé à travailler à une prochaine réunion", a abondé le président Zelensky, disant espérer "voir les premiers résultats la semaine prochaine".

M. Zelensky doit participer jeudi à un sommet spécial des 27 pays membres de l'Union européenne à Bruxelles, alors que les Européens cherchent à esquisser une réponse commune aux rapprochements entre Washington et Moscou et à rassurer l'Ukraine, même si aucune nouvelle aide militaire n'est attendue lors de cette réunion extraordinaire.

Leadership américain

Malgré ces difficultés, Volodymyr Zelensky a estimé mercredi qu'une paix durable en Ukraine était "tout à fait réalisable" si l'Europe oeuvrait de concert avec les Etats-Unis.

Le chef de l'Etat ukrainien demande de solides garanties de sécurité à ses alliés occidentaux dans le cadre de potentiels pourparlers afin de s'assurer que l'armée russe n'envahisse pas à nouveau son pays après une hypothétique cessation des hostilités.

Washington, qui s'est fortement rapproché du Kremlin depuis une conversation téléphonique entre M. Trump et Vladimir Poutine le 12 février, a gelé lundi son aide militaire à l'Ukraine.

Ce gel concerne aussi le partage de renseignement, a fait savoir mercredi le chef de la CIA John Ratcliffe, un élément pourtant essentiel aux soldats ukrainiens sur le champ de bataille.

"Nous suspendons et passons en revue tous les aspects" des relations avec l'Ukraine, a déclaré le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Mike Waltz.

Volodymyr Zelensky, cible de critiques de l'administration américaine qui l'accuse de refuser de négocier la paix avec la Russie et de manquer de gratitude, essaye malgré tout de renouer le dialogue.

"Nous voulons tous un avenir sûr pour notre peuple. Pas un cessez-le-feu provisoire mais la fin de la guerre une fois pour toutes. Avec nos efforts coordonnés et le leadership des Etats-Unis, c'est tout à fait réalisable", a-t-il écrit mercredi sur les réseaux sociaux.

Ce message faisait suite à un entretien téléphonique avec le chancelier allemand Olaf Scholz, qui, selon Berlin, a salué la volonté de M. Zelensky d'entamer des négociations le plus tôt possible.

"Positif", dit le Kremlin

Mardi, le président ukrainien a proposé une trêve avec la Russie dans les airs et en mer pour entamer des discussions sur une "paix durable" sous "le leadership" de Donald Trump.

Il s'est aussi dit disposé à signer un accord-cadre sur l'exploitation des ressources naturelles en Ukraine avec les Etats-Unis, ce que le président américain réclame.

Ce dernier a pour sa part semblé rouvrir la porte au dialogue le même jour dans un discours devant le Congrès, se satisfaisant d'avoir reçu l'assurance de Volodymyr Zelensky qu'il était prêt à discuter d'une "paix durable" avec la Russie.

"Cette approche est globalement positive mais il y a des nuances", a réagi mercredi le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov, interrogé sur ces propos de Donald Trump.

Face au désengagement américain, les Européens tentent de réagir. L'Ukraine a déclaré mardi "discuter" avec eux pour remplacer l'aide américaine, tandis que l'UE a dévoilé un plan "pour réarmer l'Europe" qui va permettre de lui fournir une aide militaire "immédiate".

La présidence française a toutefois souligné mercredi qu'aucun nouveau déplacement d'Emmanuel Macron à Washington n'était "envisagé à ce stade", démentant des propos de la porte-parole du gouvernement qui avait dit qu'une telle visite en compagnie de M. Zelensky et du Premier ministre britannique Keir Starmer était "envisagée".

Malgré l'importante activité diplomatique autour de potentielles négociations, rien ne s'est concrétisé pour l'heure.

Avec AFP

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