Trump tend la main à l'Iran tout en brandissant la menace militaire
Le président américain Donald Trump s'exprime après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison-Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025. ©Mandel Ngan / AFP / ALTERNATE CROP

Dans un développement spectaculaire, Donald Trump a déclaré avoir écrit à l'Iran pour proposer des négociations visant à prévenir le développement par Téhéran d'armes nucléaires, brandissant la menace d'une intervention militaire.

"Je leur ai écrit une lettre en disant que j'espère que vous allez négocier, parce que si on doit attaquer militairement, ce sera une chose terrible pour eux", a affirmé le président américain dans un extrait d'interview sur la chaîne Fox Business, diffusé vendredi.

"Vous ne pouvez pas les laisser avoir l'arme nucléaire", a-t-il ajouté, en précisant avoir écrit jeudi au guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

La mission iranienne à l'ONU a cependant dit ne pas avoir eu connaissance d'une lettre de Donald Trump.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le locataire de la Maison Blanche se dit favorable à des négociations avec l'Iran pour encadrer son programme nucléaire.

Mais il a également renforcé les sanctions contre Téhéran visant spécifiquement les ventes de pétrole iranien. Il a aussi remis en place la politique dite des "pressions maximales" mise en œuvre lors de son premier mandat (2017-2021), afin d'affaiblir le pays économiquement et de l'isoler sur la scène internationale.

Le geste d'ouverture de Trump pourrait être mal reçu en Israël, qui a mené l'année dernière des frappes à l'intérieur de l'Iran.

Dans une interview à l'AFP réalisée avant le message de Donald Trump, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a affirmé que l'Iran ne reprendrait pas les négociations avec Washington sur son programme nucléaire tant que le président Trump appliquerait sa politique de "pression maximale".

"Nous n'entamerons aucune négociation directe avec les États-Unis tant qu'ils continueront leur politique de pression maximale et leurs menaces", a affirmé Abbas Araghchi en marge d'une réunion de l'Organisation de la coopération islamique à Jeddah.

Il a aussi assuré que le programme nucléaire iranien "ne peut pas être détruit" par une attaque militaire et averti qu'une attaque israélienne contre l'Iran déclencherait un "embrasement généralisé" au Moyen-Orient.

Accélération

En 2018, lors du premier mandat de Trump, les États-Unis s'étaient retirés de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu trois ans plus tôt, et qui encadrait les ambitions nucléaires de Téhéran en échange d'un allègement des sanctions à son encontre.

En représailles, Téhéran était revenu sur ses engagements et avait fait progresser son programme nucléaire.

Selon un rapport confidentiel de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) consulté par l'AFP, l'Iran a augmenté de manière "très préoccupante" ses réserves d'uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire.

L'Iran affirme que son programme nucléaire n'existe qu'à des fins civiles, notamment pour l'énergie, et dément vouloir se doter de l'arme nucléaire.

Dans l'entretien sur Fox Business, Donald Trump assure qu'il existe deux façons de mettre un terme au développement par l'Iran de l'arme nucléaire, "militairement ou par un accord".

"Je préférerais conclure un accord, car je ne veux pas faire de mal à l'Iran", a-t-il dit.

Le président américain a aussi affirmé le 5 février être en faveur d'un "accord de paix" avec l'Iran, ennemi juré des États-Unis depuis la Révolution islamique de 1979. Mais l'Iran ne peut "pas avoir l'arme nucléaire", avait-il insisté.

Elon Musk, le milliardaire confident de M. Trump, aurait rencontré l'ambassadeur d'Iran aux Nations unies peu après l'élection de Donald Trump afin de faire passer le message qu'il souhaite apaiser les choses.

Mais Steve Witkoff, l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, a dit jeudi n'avoir pas connaissance de contacts directs avec l'Iran.

Le bras tendu à l'Iran survient à un moment où Téhéran apparaît très affaibli, ayant subi plusieurs revers dans la région depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Israël a dévasté les défenses aériennes iraniennes et éliminé les dirigeants de deux de ses alliés, le Hamas et le Hezbollah libanais. Et son principal allié régional, Bachar el-Assad, a été évincé du pouvoir en Syrie en décembre par des combattants islamistes sunnites.

Léon Bruneau et Rania Sanjar, avec AFP

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