L'Autorité palestinienne condamne les pourparlers entre Washington et le Hamas
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. ©AFP

L'Autorité palestinienne (AP) a fermement condamné la déclaration du Hamas, selon laquelle l'organisation aurait ouvert un canal de communication avec l'administration américaine, a rapporté mercredi le quotidien israélien Haaretz. Selon ce dernier, cette déclaration souligne la profondeur de la crise entre l'Autorité palestinienne et le Hamas, exacerbée par la déception de l'Autorité par l'attitude du conseiller libanais de Donald Trump, Massaad Boulos, qui a adopté sans réserve le discours du gouvernement israélien en omettant de mentionner la position palestinienne.

Dans une déclaration publiée lundi par le porte-parole Nabil Abou Roudeiné, l'AP n'a pas cité explicitement les États-Unis, mais a dénoncé la volonté du Hamas de diviser la position nationale palestinienne en établissant des canaux de communication avec “des entités étrangères” et en négociant avec elles sans mandat national. L'AP a insisté sur le fait que cette approche contredit les directives légales palestiniennes qui interdisent aux factions palestiniennes ou à toute représentation officielle en dehors de l'Autorité de traiter avec des acteurs étatiques étrangers.

L'AP a également appelé le Hamas à mettre fin à la division et à lui remettre le contrôle de Gaza, en se fondant sur le principe d'une seule loi, d'une seule arme et d'une seule représentation politique légitime. M. Abou Roudeiné a précisé que la révélation des liens du Hamas avec des entités étrangères à la veille du Sommet arabe au Caire, où un consensus arabe a soutenu la position de l'AP, visait à contourner les résolutions du Sommet. Il estime que cela fragilise la position palestinienne, en particulier le plan égypto-palestinien pour la réhabilitation de Gaza.

De plus, un haut responsable palestinien à Ramallah a exprimé des doutes quant à la mise en œuvre du plan égypto-arabe dans un avenir proche. Selon lui, toute initiative visant à apporter de l’aide à Gaza ou à prolonger le cessez-le-feu renforcerait le contrôle du Hamas sur le terrain. Ainsi, même si le Hamas acceptait de modifier son contrôle sur Gaza, il exigerait une influence sur le processus.

L'AP est également déçue par Massaad Boulos, l'homme d'affaires libanais censé être le canal de communication entre Abbas et la Maison-Blanche. Dans une vidéo diffusée cette semaine par Yossi Dagan, président du Conseil régional de Samarie, M. Boulos a exprimé son soutien aux efforts de paix, adoptant le discours du gouvernement israélien et exprimant son appréciation pour les colons, sans mentionner la position palestinienne. Cette vidéo a été perçue par certains diplomates palestiniens comme un signe inquiétant de l’érosion de la position de l’AP dans les discussions avec les États-Unis.

À Ramallah, la tension monte également au sujet des récentes nominations faites par le président Abbas au sein du secteur de la défense et de la direction du Fatah. M. Abbas a promu des officiers issus de sa garde présidentielle à des postes de responsabilité. Ses décisions sont perçues par certains comme une tentative de renforcer son emprise sur le pouvoir et de consolider le contrôle de son entourage, plutôt que comme une réforme véritablement nécessaire.

Commentaires
  • Aucun commentaire