
Des propos rassurants au sujet des négociations avec le Fonds monétaire international ont été exprimés par le ministre des Finances, Yassine Jaber, après la réunion élargie qui s'est tenue au ministère des Finances avec la mission du FMI. M. Jaber a affirmé que la suppression des dépôts ou la ponction d'une partie d'entre eux est une décision souveraine et nationale, et que le concept en soi est erroné. L’enjeu aujourd’hui est de mettre en place une étude sur la restitution de ces dépôts, et non sur leur suppression. Il s’agit de la ligne directrice, conformément au discours d’investiture du président de la République, le général Joseph Aoun, et aux déclarations répétées du chef du Parlement, Nabih Berry, sur la sacralité des dépôts, qui ne peuvent être touchés.
Tout le monde reconnaît qu'il est impossible de restituer tous les dépôts du jour au lendemain, aucun système bancaire au monde ne pouvant rembourser simultanément l’argent de tous les déposants. Le FMI a exprimé son soutien à un plan qui viendrait en aide aux petits déposants – qui représentent 84% des clients bancaires – et qui prévoit le remboursement progressif de tous les dépôts, sans distinction entre déposants libanais, étrangers ou arabes. Tous doivent être traités sur un pied d’égalité, quelle que soit leur nationalité.
L'approche adoptée par le ministre des Finances, Yassine Jaber, dans les négociations avec le FMI diffère radicalement de celle des responsables de l'ancienne équipe. Ces derniers avaient tenté de convaincre le FMI de la nécessité de supprimer les dépôts, une proposition qui figurait dans le plan de l'ancien gouvernement. Le plan en question a été rejeté par le Conseil d'État, qui a suspendu un “projet” visant à annuler les engagements de la Banque du Liban envers les banques commerciales, soit environ 70 milliards de dollars, correspondant en réalité aux dépôts des épargnants.
Par la suite, le plan de Najib Mikati s’est effondré, entraînant la chute de l'accord préliminaire signé avec le FMI. Yassine Jaber a clairement déclaré: “Lorsque cette question a été soulevée en 2020 sous le gouvernement de Hassan Diab, puis sous celui de Najib Mikati, j'ai été parmi les premiers à m'y opposer et à prévenir contre les conséquences désastreuses d'une telle approche."
La réunion qui s'est tenue aujourd'hui au ministère des Finances a marqué la conclusion de la visite de la mission du FMI au Liban, dirigée par Ernesto Rigo. Cette mission a présenté son évaluation de la situation après s’être réunie avec les trois figures politiques libanaises et les ministres concernés, ainsi qu’avec les experts et les directeurs du ministère des Finances.
Contrairement aux attentes, une réunion prévue entre l'Association des banques et la mission du FMI a été reportée, à la demande du FMI, pour des raisons techniques. L'Association avait pourtant préparé des réponses aux questions envoyées au préalable par la mission, qui devaient être discutées lors de cette réunion.
Lors de la réunion au ministère des Finances, étaient présents aux côtés du ministre Jaber: le ministre de l'Économie, Amer Bsat, le gouverneur par intérim de la Banque du Liban, Wassim Mansouri, plusieurs responsables et conseillers, ainsi que le représentant du FMI au Liban, Frederico Lima, et l'équipe technique du Fonds.
Selon des sources du ministère des Finances, la priorité est d'élaborer un plan de restitution des dépôts, de restructuration du secteur bancaire et d'adoption par le gouvernement d'un programme de réformes globales incluant l'adoption des lois nécessaires, notamment la réforme du secret bancaire.
La mission du FMI a insisté sur l'importance d'adopter une loi sur la restructuration bancaire, de modifier la loi sur le secret bancaire et de procéder aux nominations nécessaires au sein des organes de régulation. Elle a accordé un délai au Liban pour finaliser une étude détaillée permettant de mieux évaluer l’ampleur du déficit financier et de répartir les pertes.
Parmi les priorités soulignées par le FMI figure également la nomination d'un nouveau gouverneur pour la Banque du Liban, conformément à des critères précis. Si cette nomination a lieu, une nouvelle mission du FMI pourrait bientôt se rendre au Liban. Dans le cas contraire, les discussions pourraient être reportées aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, prévues en avril à Washington.
Dans les semaines à venir, le gouvernement libanais devrait annoncer la composition de son équipe de négociation officielle, qui inclura le futur gouverneur de la Banque du Liban, dans le but de parvenir à un nouvel accord de principe avec le FMI, l'objectif étant d'établir un programme complet avant l’été si les discussions avancent dans la bonne direction.
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