
Volodymyr Zelensky a appelé jeudi les Européens à rester fermes face à Vladimir Poutine, avant que les États-Unis n'ouvrent des pourparlers concomitants lundi en Arabie saoudite avec Moscou et Kiev en vue d'une trêve limitée.
"Je le comprends ainsi : il y aura une rencontre entre l'Ukraine et les États-Unis, et puis, nos partenaires américains nous ont dit qu'il y aurait une navette diplomatique et une rencontre États-Unis et Russie", a déclaré le président Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse à Oslo, en Norvège.
Plus tôt, Moscou avait de son côté annoncé des discussions russo-américaines en Arabie saoudite lundi.
En parallèle, le Premier ministre britannique Keir Starmer a assuré jeudi que les plans pour défendre un éventuel cessez-le-feu en Ukraine "prenaient forme", à l'issue d'une réunion à Londres entre les chefs d'état-major de "plus de 25 pays".
Le président américain Donald Trump veut arracher une trêve générale de trente jours comme préalable à des pourparlers pour mettre fin à la guerre qui se poursuit depuis l'invasion il y a trois ans de l'Ukraine par la Russie.
Sous pression de Washington, Kiev a dit être favorable à un tel cessez-le-feu, mais Vladimir Poutine a signifié au président américain qu'il n'était disposé qu'à un moratoire d'un mois sur les attaques contre les installations énergétiques.
"Rien n'a changé."
Et, en dépit de ces promesses, "rien n'a changé", a lancé jeudi M. Zelensky dans un message vidéo diffusé à Bruxelles devant les dirigeants des 27, réunis en sommet.
La nuit dernière, la Russie a lancé une "attaque massive de drones, 171 au total", et leur objectif était "nos infrastructures", a affirmé le président ukrainien, au lendemain de son entretien téléphonique avec le président Donald Trump.
Vladimir Poutine doit mettre fin à ses exigences "inutiles", qui ne font que prolonger la guerre, a-t-il encore déclaré. Moscou a réclamé l'arrêt total du soutien militaire occidental à l'Ukraine, et rejeté l'idée d'une présence de troupes étrangères en Ukraine dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu.
Face à cette intransigeance russe, le président ukrainien a aussi réclamé devant ses alliés européens le maintien des sanctions contre Moscou, "jusqu'au début du retrait russe de notre territoire". Il est "essentiel que votre soutien à l'Ukraine ne diminue pas, mais au contraire qu'il se poursuive et s'accroisse. C'est particulièrement vrai pour la défense aérienne".
Il les a également appelés jeudi à approuver un plan présenté par la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas visant à fournir à Kiev quelque deux millions d'obus, grâce à une aide financière de cinq milliards d'euros. Ils se sont dits prêts à contribuer, mais sans s'engager à ce stade sur un montant précis.
Pas de discussion sur les centrales
Donald Trump a de son côté promis son aide pour trouver, en Europe, des systèmes supplémentaires de défense anti-aérienne. Kiev les réclame depuis des mois pour protéger des bombardements russes ses villes et ses infrastructures.
Le président américain a également suggéré que les États-Unis prennent "possession" des centrales nucléaires ukrainiennes, afin d'en assurer la sécurité.
"Nous n'en discuterons pas. Nous avons quinze réacteurs nucléaires en service aujourd'hui. Tout cela appartient à notre État", a toutefois rétorqué M. Zelensky à Oslo, au risque de froisser à nouveau Donald Trump.
Le ton s'était pourtant nettement adouci par rapport à la franche hostilité avec laquelle le président ukrainien avait été accueilli récemment à la Maison Blanche.
Le président américain a eu mercredi une conversation téléphonique "fantastique" avec son homologue ukrainien, a affirmé la porte-parole de l'exécutif américain, Karoline Leavitt. M. Zelensky a parlé pour sa part sur X d'un échange "positif, très substantiel et franc".
Garanties de sécurité
À Londres, Keir Starmer, qui s'efforce avec le président français Emmanuel Macron de constituer une "coalition de pays volontaires", a conclu une nouvelle réunion de chefs d'état-major, après une première rencontre à Paris.
Les deux hommes tentent de mettre en place cette coalition depuis que Donald Trump a ouvert des discussions directes avec la Russie le mois dernier dans le but de mettre fin à trois ans de guerre.
Les dirigeants britannique et français réclament des garanties de sécurité avec un soutien américain, qui permettraient de dissuader Vladimir Poutine de violer un éventuel cessez-le-feu. Tout accord de paix en Ukraine devra être "défendu" face à la Russie, a insisté jeudi M. Starmer.
Selon Londres, plus de trente pays sont prêts à contribuer à cette "coalition de pays volontaires" d'une façon ou d'une autre. Cette participation pourrait consister pour certains pays à apporter un soutien logistique et technique pour une future force de maintien de la paix ou encore à accueillir du personnel sur leur sol.
Par Olivier BAUBE, AFP
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