
Le procureur général, Jamal Hajjar, a rendu, jeudi, une décision interdisant à l’ancien ministre de l’Économie, Amine Salam, de quitter le territoire. Dans la foulée, il a adressé une requête à la Direction générale de la sécurité publique pour faire appliquer cette interdiction, s’appuyant sur un rapport transmis par la Commission parlementaire de l’économie, de l’industrie, du commerce et de la planification.
Plainte et accusations graves
Jeudi matin, le député Farid Boustany, président de la Commission susmentionnée, a officiellement déposé une plainte auprès du parquet contre Amine Salam et plusieurs de ses proches collaborateurs dont ses conseillers Karim Salam et Fadi Tamim, ainsi qu’Elie Abboud, ce dernier en tant que signataire autorisé. Les accusations portées sont lourdes: détournement de fonds, extorsion, dilapidation des deniers publics et blanchiment d’argent.
Des mandats d’arrêt à prévoir?
D’après des sources judiciaires citées par le site d’information Al-Modon, le procureur Hajjar a décidé d’interdire tout déplacement aux personnes dont il est question dans le rapport, en attendant la notification de leurs dates d’audition. Elles seront convoquées dans les prochains jours au Palais de justice de Beyrouth pour répondre des faits qui leur sont reprochés.
Des sources proches du dossier indiquent, toujours selon Al-Modon, que le juge Hajjar examine actuellement les documents transmis par la commission parlementaire et prévoit d’interroger M. Salam et ses conseillers. Si les éléments recueillis confirment leur implication, des inculpations pourraient être prononcées, ouvrant la voie à d’éventuelles arrestations.
Un dossier accablant
L’article précise que cette affaire s’inscrit dans le cadre d’une enquête approfondie menée par la commission économique parlementaire. Un dossier préliminaire a été établi, recensant une série d’irrégularités présumées commises par Amine Salam durant son mandat au ministère de l’Économie. Parmi les sujets les plus sensibles figure sa gestion du secteur des assurances. Interpellé à ce sujet, l’ex-ministre avait été convoqué à une audition en février dernier, mais il s’était soustrait à l’obligation de comparaître, indique le texte. Face à ce refus, les membres de la commission ont décidé de transmettre l’affaire au parquet général et au parquet financier, entraînant ainsi l’ouverture de poursuites officielles, poursuit-il.
Antécédents et soupçons persistants
Les soupçons visant Amine Salam ne datent pas d’hier. Selon Al-Modon et dès 2023, son conseiller Fadi Tamim avait été accusé d’avoir extorqué des compagnies d’assurance, exigeant d’importantes sommes d’argent en échange du maintien de leurs agréments auprès du ministère. Il avait été arrêté après la transmission d’un rapport au parquet financier, qui avait immédiatement ouvert une enquête.
Les investigations avaient ensuite révélé un système de corruption plus vaste impliquant le frère d’Amine Salam. Ce dernier aurait imposé aux compagnies d’assurance de réaliser leurs études de solvabilité financière auprès d’une société appartenant à Tamim, en échange de paiements conséquents. Le tribunal pénal de Beyrouth, sous la présidence du juge Samir Akiki, avait conclu que Salam et Tamim avaient abusé de leur pouvoir pour soutirer des fonds au secteur des assurances.
Outre ces accusations, Amine Salam est également soupçonné d’avoir détourné des fonds publics, notamment en allouant plus de 50.000 dollars par mois au fonctionnement de son bureau et en concluant des contrats suspects.
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