L'université Columbia se plie aux exigences de Trump, de peur de perdre ses financements
©JASON REDMOND/AFP

L'université new-yorkaise Columbia a accepté vendredi d'engager les réformes drastiques demandées par l'administration de Donald Trump, qui a menacé dans le cas contraire de frapper au portefeuille l'institution dont il dénonce le laxisme face aux manifestations propalestiniennes.

Il s'agit d'une concession majeure pour la prestigieuse université, depuis plusieurs semaines sous le feu du président américain qui l'accuse d'avoir laissé prospérer des manifestations relevant pour lui de l'"antisémitisme" sur le campus, devenu depuis plus d'un an et demi l'épicentre du mouvement de contestation étudiant contre la guerre menée par Israël à Gaza.

L'accord est détaillé dans une lettre envoyée vendredi à l'administration du président républicain, qui avait donné une semaine à Columbia pour accepter ces réformes, si elle voulait ouvrir des négociations en vue d'obtenir à nouveau les 400 millions de dollars de subventions fédérales coupées par Washington.

L'université, qui n'évoque jamais la question financière dans sa lettre, se dit prête à revoir totalement sa gestion des mouvements de protestation étudiants, à formaliser une définition de l'antisémitisme ou encore à réformer les départements d'études sur le Moyen-Orient, l'Asie du Sud et l'Afrique, que le gouvernement souhaitait placer sous "tutelle académique".

Columbia a également écrit qu'elle allait se doter d'un nouveau service d'ordre, en embauchant "36 agents spéciaux" en cours de formation qui auront pour prérogative d'"arrêter" des personnes ou de les expulser du campus quand cela sera jugé "approprié".

Le port du masque sera banni, sauf exceptions liées à des raisons sanitaires notamment, ajoute l'université, invoquant des questions de sécurité, alors que Donald Trump reproche à Columbia de ne pas avoir assez protégé ses étudiants juifs.

La réforme qui inquiétait le plus le corps professoral depuis la missive gouvernementale, notamment en matière d'indépendance académique, est celle des départements d'étude ciblés.

Sur ce sujet, Columbia va nommer un vice-recteur en charge de superviser les départements sur le Moyen-Orient, l'Asie du Sud et l'Afrique. Il sera chargé de mener une "évaluation approfondie du portefeuille de programmes", en "commençant immédiatement avec le Moyen-Orient". En particulier, insiste Columbia, l'évaluation portera sur le Centre d'études palestiniennes et l'Institut d'études israéliennes et juives.

L'objet des réformes annoncées est que "chaque étudiant, professeur et membre du personnel se sente bienvenu et en sécurité sur notre campus", a justifié dans un communiqué la présidente par intérim de Columbia, Katrina Armstrong.

"Nous sommes guidés par nos valeurs, plaçant la liberté académique, la liberté d'expression, la recherche ouverte et le respect de tous au premier plan de chacune de nos décisions", a-t-elle écrit.

Le gouvernement américain n'a pas réagi publiquement en début de soirée vendredi, notamment pour dire si les termes sont suffisants pour lever les sanctions financières, mais c'est la première fois en plusieurs semaines de bras de fer que Columbia semble s'aligner sur la ligne de Donald Trump.

Sa prise de position était scrutée par l'enseignement supérieur aux Etats-Unis, où les principales universités comme Harvard ou Stanford ont également été menacées par Donald Trump de subir les mêmes coupes claires et représailles si elles ne se conformaient pas à ses directives.

"Columbia se retrouve dans une position impossible et on peut être sûrs que les soixante autres établissements du supérieur qui ont été ciblés pour un manquement supposé (...) portent une attention particulière à (sa) réponse", observait en début de semaine auprès de l'AFP la présidente de l'Association américaine des universités, Lynn Pasquerella.

La pression s'était accentuée sur Columbia ces derniers jours, depuis que la police fédérale de l'immigration a arrêté début mars et placé en détention en vue de son expulsion une figure des manifestations propalestiniennes sur le campus, Mahmoud Khalil.

L'affaire fait toujours l'objet d'une bataille judiciaire mais l'arrestation du jeune homme, pourtant titulaire d'une carte verte de résident permanent et qui était devenu un porte-parole du mouvement étudiant à Columbia, a choqué aux Etats-Unis, notamment parmi les défenseurs de la liberté d'expression.

Avec AFP

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